Insécurité: Le DGSN complice passif de l’insécurité ambiante au quartier Elig-Edzoa à Yaoundé ?
YAOUNDE - 27 AVRIL 2015
© Patrick DONGO | Cameroon-Info.Net
Ce n’est un secret pour personne. A pied ou motorisé, il est difficile de parcourir le boulevard qui traverse le quartier Elig-Edzoa en toute sécurité du fait des jeunes aux aguets, prêts à soulager les automobilistes et parfois les piétons imprudents de leurs biens.
Ces jeunes ont développé au fil du temps une intelligence mal utilisée, pour spolier les usagers de la route auxquels s’ajoutent quelques fois les habitants du coin.
Profitant très souvent des longues files dans les deux sens du fait des embouteillages, ces maraudeurs à la vue perçante repèrent les véhicules dont les portières ne sont pas bloquées de l’intérieur, et se passent le mot. Ils n’hésitent pas à mettre la technologie à profit, en envoyant des SMS pour signaler un véhicule contenant des effets sur la banquette à l’arrière ou l’immatriculation d'un vehicule transportant un passager au porte-monnaie dodu, etc… Reste alors aux complices tout le long du boulevard, des deux côtés de la route, soit d’ouvrir la portière et de s’emparer des sacs ou mallettes pour les véhicules personnels, soit de donner une destination évidente pour les taxis. Des que le taxi s'arrete, ou alors profitant seulement de l’embouteillage, le voleur ouvre la portière sans crier gare et disparaît dans la nature en emportant le sac, la mallette ou l’objet des mains du passager le plus proche de lui, qui ne s’y attendait pas du tout.
Preuve peut être, que ces jeunes sont juste des délinquants affamés et rendus mauvais par la société qui n’a certainement pas bien joué sa partition à tous les niveaux, la plupart possède encore une conscience. Ainsi, après avoir dépouillé le contenu des sacs et mallettes loin dans le quartier, là où personne ne risque de les suivre, y compris les habitants du coin, ils remontent jusqu’au bitume d’où ils balancent ce qui ne leur est d’aucune utilité, en général la carte nationale d'identite (CNI), le passeport et autres papiers personnels par-dessus le mur d’enceinte de l’immeuble abritant le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunal (FEICOM) d’Elig-Edzoa dans l’arrondissement de Yaoundé Ier, département du Mfoundi dans la région du Centre.
Le choix de cet immeuble n’est pas anodin. C’est en effet le seul, à l’intérieur du quartier Elig-Edzoa, où des policiers assurent la sécurité en permanence. Ils comptent donc sur le sens du devoir de ces hommes en tenue pour afficher les pièces trouvées dans les sacs et mallettes, à défaut de les déposer dans des commissariats de la ville… et ça marche à tous les coups.
Bien sûr, il est important de préciser que tous les jeunes de quartier au cœur de Yaoundé ne sont pas né avec le virus du vol, de l’arnaque ou de l’agression dans les gênes, à supposer qu’un tel virus existe. Seulement, comme dans toute société, les efforts de la majorité sont chaque fois sapés par un groupuscule qui très souvent et dans le cas d’espèce, ne provient pas forcément du quartier dans lequel ils opèrent et dont ils ternissent la réputation.
Cette situation pourrait cependant, à défaut de disparaître totalement, diminuer considérablement, à condition que le Délégué Régional à la Sureté Nationale (Dgsn) Martin Mbarga Nguele consente enfin à faire affecter au 2ème poste de police mobile situé précisément au carrefour Shell Elig-Edzoa, des agents de police. Ce poste est construit, achevé et livré depuis bientôt 12 mois, et jamais on n’y a vu l’ombre d’un policier. Jusqu’ici, les équipes de policiers qui sont déposés à cet endroit certains jours par fourgonnette n’ont pour seuls bureaux ou aires de repos que les bancs collés au mur de la boutique hors service depuis des lustres de la station-service Oil Libya Cameroun.
Les caméras de surveillance sont fonctionnelles à cet endroit de la ville, d’après la Dgsn, Camtel et Interpol qui ont initié ce projet de vidéo surveillance dans la ville de Yaoundé. Mais ces gadgets semblent moins effrayer ou dissuader les voleurs et délinquants que la présence physique des forces de l’ordre sur le terrain.
Patrick Dongo