Insécurité frontalière : Mission difficile pour Mebe Ngo’o

Cameroun - Insécurité frontalière : Mission difficile pour Mebe Ngo’oLe Mindef tente d’apporter des solutions efficaces aux problèmes qui se posent à la frontière entre le Cameroun et la République centrafricaine, où un policier camerounais a été enlevé.

Les termes du communiqué, laconique, annonçant la visite du ministre de la Défense à l’Est parle de «mission d’évaluation de la situation aux frontières avec la RCA». Comme en 2001, lorsqu’une dépêche de l’Agence France presse (AFP) du 08 mars de cette année-là faisait déjà état d’«une mission de l'Onu envoyée le 07 mars 2001 à l'Est du Cameroun pour évaluer la situation de la région frontalière avec la Centrafrique où sont apparues récemment de vives tensions entre les forces armées des deux pays».

Selon la même source, «cette mission, composée de deux officiers supérieurs français et béninois, doit étudier les fondements de cette querelle territoriale qui ne devrait pas se transformer en affrontement ouvert. » Plus de 10 ans après, ce que l’Onu redoutait est finalement arrivé. Une crainte partagée par Kombo Gbéri, l’un des vice-présidents à l’Assemblée nationale et ancien maire RDPC de Garoua-Boulaï, qui dénonçait déjà en 2000 «les multiples incursions des forces armées centrafricaines dans notre ville qui font planer le syndrome de Bakassi sur Garoua-Boulaï». Même son de cloche du côté des services de sécurité aux frontières qui se plaignaient de ce  que «malgré les multiples signaux de détresse en direction du haut-commandement, rien n’a été fait.»

Dans un entretien avec Cameroon-Tribune le 07 mars 2001, Tanyi-Tiku Baye Arikai Martin, le gouverneur de ce qui était alors province de l’Est, déclarait que «c'est très compliqué. Le problème ne date pas d'aujourd'hui. En 1961, le Cameroun a installé un poste de Douanes et les Centrafricains ont prétendu que ce poste matérialisait la limite entre les territoires des deux Etats. Or, leur propre poste douanier se trouve à six kilomètres de la frontière, dans un village appelé Beloko (village natal de  Charles Massi, ancien maire de Bangui disparu et dont le fils, Eric Massi, est l’un des porte-paroles de la Séléka tombeuse de François Bozizé, NDLR).

[…] C’est à partir du passage à tabac de trois journalistes de RFI par la police centrafricaine que nous avons réalisé qu'il y avait problème. Pour permettre à la route Bertoua-Garoua- Boulaï de continuer jusqu'à la frontière, nous avons démonté notre poste douanier. C’est alors que pour les Centrafricains, le Cameroun avait décidé de déplacer la frontière.» Depuis lors, le drapeau centrafricain flotte sur le territoire camerounais au niveau de Garoua-Boulaï. Plus grave, de nombreux heurts entre forces armées des deux pays ont souvent été relayés par la presse sans que cela n’émeuve personne.

A Garoua-Boulaï, un sous-préfet a été publiquement tabassé, une grenade dégoupillée en plein marché par un militaire centrafricain en colère contre un moto-taximan camerounais, des Centrafricains attaquent les services de sécurité camerounais, le drapeau camerounais et l’effigie du président Biya brûlés, deux morts dont un fonctionnaire des impôts et un jeune riverain, quatre Camerounais pris en otage. A Gari-Gombo, la frontière est fermée depuis près de quatre ans. De nombreuse femmes sont violées par des Centrafricains, de jeunes Camerounais sont régulièrement tabassés par les éléments des forces armées centrafricaines (Faca). Toutes ces exactions, connues de tous, ont été ignorées. Jusqu’à l’attaque et la presqu’annexion d’il y a trois semaines de la ville de Kentzou par des éléments rebelles tchadiens venus récupérer leurs quatre collègues interpellés quelques jours plus tôt par les forces de défense camerounaises.

Au passage, la branche Abdoulaye Miskin, responsable de cette attaque, prend en otage le gardien de la paix principal Gérard Djazet Dountio. Le retard à l’allumage, deux semaines après les évènements tragiques de Kentzou qui entoure cette descente de M. Mebe Ngo’o, fonde la thèse de son échec. Car, les dossiers qui l’attendent, lui et sa suite, ne peuvent être «évalués» en un tour de main.

© L'Actu : Ange Johan Nkouol


08/04/2013
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