Des sources concordantes, jointes au téléphone lundi matin par APA, ont refusé de confirmer la libération d’otages enlevés la veille dans la localité de Kolofata (Extrême-Nord du Cameroun), au cours d’une attaque attribuée à la secte islamiste nigériane Boko Haram.
«Les autorités locales de la région refusent de confirmer ou d'infirmer cette information, dans un climat de suspicion généralisée et de confusion», a indiqué un député de la zone sous le sceau de l'anonymat.
Cet élu fait ainsi état de «tractations qui vont dans tous les sens, d'ordres et de contre-ordres» que passent en permanence les responsables de l'administration publique, les élites politiques et l'état-major de sécurité installé depuis deux mois dans le septentrion avec force hommes et logistique.
On rappelle que, dimanche au petit matin, un groupe d'assaillants puissamment armés a pilonné à la roquette la résidence du vice-Premier ministre en charge des Relations avec les Assemblées, Amadou Ali, tuant une quinzaine de personnes non sans avoir enlevé son épouse, le sultan, le maire de Kolofata et quelques membres de leurs familles.
Le scepticisme est d'autant plus renforcé que certains s'étonnent de la rapidité avec laquelle la dizaine d'otages aurait été libérée alors que, dans ses méthodes, Boko Haram procède préalablement à la revendication de ses actes avant de poser ses conditions dans le cas de prises d'otages.
«De deux choses l'une : soit les assaillants ne connaissaient pas leurs otages et s'en sont rendus compte à la base devant leurs chefs, qui ont reconnu leur sultan et la femme d'un dignitaire ; soit les personnalités concernées font partie des leurs, et on a assisté à un montage digne des films d'espionnage français pour brouiller les pistes.
Dans l'un et l'autre cas, la conclusion serait la même », analyse pour sa part un spécialiste local des questions militaires.
Toujours est-il que, dimanche soir, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, a lors d'un point de presse fait état d'«une agression brutale et d'une violence inqualifiable, de la part de l'organisation terroriste Boko Haram».
«A l'heure actuelle, nous ne disposons pas de toutes les données nous permettant de fournir une information plus complète sur les circonstances et le bilan exacts de cette attaque. Nous sommes néanmoins à même d'indiquer que nos forces de défense et de sécurité ont vigoureusement riposté contre cette agression barbare, et contraint l'ennemi à battre en retraite.»
M. Tchiroma a ensuite invité les populations, ainsi que toute autre personne vivant sur le territoire national, qui détiendrait une information de quelle que nature que ce soit, susceptible d'aider les forces de défense et de sécurité à barrer la voie à ces agresseurs, d'utiliser tous les moyens de communication à leur portée, qu'il s'agisse d'appels téléphoniques, d'envois de SMS, de courriers électroniques, du bouche à oreille ou de la dénonciation directe, pour mettre de telles informations à la disposition des autorités administratives, ou des forces de défense et de sécurité.