Insécurité à l’Extrême-Nord: A qui profite la déstabilisation du Cameroun ?
DOUALA - 28 AOUT 2014
© Joseph OLINGA N. | Le Messager
Des attaques sporadiques avec prise d’otages, les groupes armés qui sévissent dans l’Extrême-Nord semblent en déphasage avec le mode opératoire de la secte Boko-Haram. Entre les «Boko-Haram», les terroristes, les bandits armés et les assaillants, les bénéficiaires des évènements qui se déroulent dans l’Extrême-nord semblent tapis dans l’ombre. Difficile d’identifier les seigneurs des saigneurs.
Le contraste est saisissant entre le discours des gouvernants et la réalité sur le terrain. Au moment même ou la région de l’Extrême-Nord se voit dotée d’un commandement militaire de proximité, d’hommes et de logistiques, la réalité sur le terrain est tout autre. Dans la journée du 26 août 2014, des groupes armées ont assiégé les localités camerounaises de d’Achigachia, Kerawa et Garkara. Continuité d’une bataille qui a opposé les soldats de l’armée camerounaise et des fantassins à l’identité peu connue dans la localité de Fotokol dans le département du Logone Chari. Un affrontement qui, soutiennent des sources militaires, a laissé plus de trente assaillants sur le carreau. Aussi, des descentes qui viennent rappeler les nombreuses incursions des groupes armés dans cette région du pays.
C’est que, une semaine seulement après l’érection de la quatrième région militaire dans la ville de Maroua, la situation dans les localités frontalières de la région de l’Extrême-Nord reste instable. La savane qui sert de frontière entre Cameroun et le Nigeria s’avère être un dédalle mortel. Dans les faits, personne ne semble à ce jour avoir trouvé l’issue de cette guerre qui condamne à mort tout citoyen vivant dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun. Au plus fort du discours officiel, difficile de dire avec exactitude l’identité réelle des «saigneurs» qui dictent leur loi dans la partie la plus au Nord du Cameroun. Boko-Haram, terroristes, bandits lourdement armés, assaillants ou «Boko-Haram» comme les nomme le président de la République?
«Complot politique»
Auteur à polémique pour certains et biographe sincère de l’homme Biya et du fonctionnement de son régime, la journaliste Fanny Pigeaud s’étonne du fait que les violences armées et autres attaques qui se développent dans l’Extrême-Nord sont systématiquement attribuées par le pouvoir aux islamistes de Boko-Haram. Une démarche que relativise l’ancien correspondant de l’Agence France presse (Afp) au Cameroun). Dans son article : «Cameroun : Paul Biya, après plus de trente ans de règne, est confronté à une rébellion armée.» La rédactrice du site d’information Mediapart, soutient que «Tout indique qu’il s’agit d’une rébellion.» La même source affirme que la situation sécuritaire qui prévaut dans l’Extrême-Nord est l’œuvre «D’anciens ministres et ex-dignitaires du régimes qui tenteraient d’en finir avec Paul Biya, 81 ans et 31 ans de règne.»
De quoi renoncer à la théorie du terrorisme soutenue par les pouvoirs publics ? Pour nombre d’observateurs, il ne fait pas de doute. L’heure semble à l’exploration du complot politique. Sultan de la localité de Kobro-Blangoua, Brahim Menoumour relativise lui aussi la thèse Boko-Haram. Face au silence et aux dissonances qui voilent la compréhension du phénomène qui prend de l’ampleur dans la région de l’Extrême-Nord, cette source dont la note d’information adressée au président de la République n’a pas prospéré affirme que toutes les attaques perpétuées dans les régions frontalières de l’Extrême-Nord ont pour point de chute le village Gambarou Ngala, au Nigeria. Sollicité par cette source, les principaux responsables de la sécurité nationale, des forces de défense et la sécurité présidentielle se sont montrées peu réceptives. Tout comme la présence de nombreux ressortissants (plus de 2 mille, Ndlr) selon des sources diverses sont perceptibles au sein des groupes qui sévissent dans la région de l’Extrême-Nord.
Batailles intestines
Englués dans des batailles obscures, les services dédiés à la sécurité et au renseignement stratégique ne brillent pas toujours par leur aptitude. Dans un contexte marqué par l’ignorance même du type d’adversaire auquel fait face le Cameroun, la multiplicité et les accointances tissées avec des lobbies politiciens et d’affaires ne militent pas toujours pour l’atténuation d’une psychose qui semble prendre le pas sur un discours officiel vraisemblablement rassurant. Dans le même temps, les luttes larvées pour la reprise du pouvoir apparaissent au grand jour. Entre révélations et dénonciations, dignitaires politiques et groupes ethno-tribaux finissent de convaincre de la précarité d’un climat social en surchauffe. Sans ambages, des acteurs politiques de la région de l’Extrême-Nord ne manquent pas d’indexer à mot couvert certains de leur convillageois. Un député à l’Assemblée nationale, sous cape, indique à cet effet que « Cette affaire a dépassée le cadre de l’Extrême-Nord. A y regarder de près, c’est une machine dans laquelle chacun a ses intérêts.» Une posture qui épouse celle du président de l’Assemblée nationale, qui lors de l’ouverture de la session parlementaire de juin 2014, dénonçait la présence «des Boko-Haram parmi nous». Des raisons pour l’internationaliste Shanda Tonme de soutenir que, «Si le Cameroun est, comme disent certains une poudrière, le Nord est déjà une grenade dégoupillée.» Exagérée ?
Dans un rapport publié au mois d’avril 2014, l’organisme australo-américain n’en fait pas l’économie. Atrocity forecasting project (Projet de prévision des atrocités) croit savoir que le climat sociopolitique au Cameroun nécessite une thérapie d’urgence. L’organisme financé par le Pentagone indique, fort à propos, avoir regroupé des données stratégiques au bénéfice des forces de renseignement et défense américain. Des raisons pour les principaux leaders de la secte Boko-Haram de décliner la proximité de leur organisation vis-à-vis des évènements que connait l’Extrême-Nord. Jama’Atu Ahlis Sunna explique à cet effet que «Les ennemis du régime de Yaoundé ont réussi à faire croire à Monsieur Biya que son ennemis est Boko-Haram. Par le biais d’une note de renseignement, ce leader de la secte Boko-Haram explique que, «la stratégie de ceux qui tirent les ficèles au Cameroun, sous le prétexte de Boko-Haram est d’exacerber les tensions sociales dans le Nord Cameroun.» L’objectif, explique la même source étant que les populations se révoltent. «Ces dernières ne sachant à quel saint se vouer demanderont la tête du président Paul Biya, son départ immédiat du pouvoir. Il sera alors accusé d’incompétence à continuer la gestion du gouvernement.»
Joseph OLINGA N.
«Boko-Haram»: nébuleuse ou cheval de Troie?
S’agit-il véritablement d’attaques perpétrées par la secte Boko-Haram ou d’excroissance armée structurées sur le model de l’organisation d’origine nigériane? Pour sûr, au commencement étaient des attaques armées et sporadiques soldées par des enlèvements et des prises de rançons. Des «opérations» par ailleurs revendiquées par leurs auteurs. Puis vînt l’écho des fortes sommes d’argent portées aux ravisseurs. De fil en aiguille, les attaques se sont orientées vers des structures de sécurité. Armes emportées et soldats tués furent à la mode. L’on parlait alors de «la nébuleuse Boko-Haram». L’obscure organisation fut d’ailleurs tancée de lâcheté. Elle qui profitait du manteau noir de la nuit «pour nous attaquer». Puis, lors d’un conclave de chefs convoqué dans la «métropole», le chef suprême des armées de chez nous frappa du point sur la table. La guerre était alors déclarée à cette brumeuse créature dont l’ombre se percevait sous le manteau de ces maquisards dont la nuisance sociale et sécuritaire reste si vivace dans l’esprit du chef.
A l’image des apprentis sorciers et de ces bandits de grand chemin qui ont sévit, il y a quelque temps, dans le grand Nord Cameroun, il fallait sortir le glaive. La nuit alternant continuellement au jour, l’on finit par dénicher la progéniture de cet enfant damné. C’est la troisième personnalité, dans l’ordonnancement du protocole d’Etat qui en fit la révélation. Les «Boko-Haram» étaient parmi nous. Sous la forme de ces virus dont la médicamentation s’avère être un serpent de mer pour les praticiens parmi les plus aguerris de l’art ou sous l’aspect de ces cancers au verdict implacable? Rien ne filtre sur leur nature actuelle. Une seule certitude : Il faut faire la guerre à ce «Boko-Haram».
J.O.N
© Joseph OLINGA N. | Le Messager
Des attaques sporadiques avec prise d’otages, les groupes armés qui sévissent dans l’Extrême-Nord semblent en déphasage avec le mode opératoire de la secte Boko-Haram. Entre les «Boko-Haram», les terroristes, les bandits armés et les assaillants, les bénéficiaires des évènements qui se déroulent dans l’Extrême-nord semblent tapis dans l’ombre. Difficile d’identifier les seigneurs des saigneurs.
Le contraste est saisissant entre le discours des gouvernants et la réalité sur le terrain. Au moment même ou la région de l’Extrême-Nord se voit dotée d’un commandement militaire de proximité, d’hommes et de logistiques, la réalité sur le terrain est tout autre. Dans la journée du 26 août 2014, des groupes armées ont assiégé les localités camerounaises de d’Achigachia, Kerawa et Garkara. Continuité d’une bataille qui a opposé les soldats de l’armée camerounaise et des fantassins à l’identité peu connue dans la localité de Fotokol dans le département du Logone Chari. Un affrontement qui, soutiennent des sources militaires, a laissé plus de trente assaillants sur le carreau. Aussi, des descentes qui viennent rappeler les nombreuses incursions des groupes armés dans cette région du pays.
C’est que, une semaine seulement après l’érection de la quatrième région militaire dans la ville de Maroua, la situation dans les localités frontalières de la région de l’Extrême-Nord reste instable. La savane qui sert de frontière entre Cameroun et le Nigeria s’avère être un dédalle mortel. Dans les faits, personne ne semble à ce jour avoir trouvé l’issue de cette guerre qui condamne à mort tout citoyen vivant dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun. Au plus fort du discours officiel, difficile de dire avec exactitude l’identité réelle des «saigneurs» qui dictent leur loi dans la partie la plus au Nord du Cameroun. Boko-Haram, terroristes, bandits lourdement armés, assaillants ou «Boko-Haram» comme les nomme le président de la République?
«Complot politique»
Auteur à polémique pour certains et biographe sincère de l’homme Biya et du fonctionnement de son régime, la journaliste Fanny Pigeaud s’étonne du fait que les violences armées et autres attaques qui se développent dans l’Extrême-Nord sont systématiquement attribuées par le pouvoir aux islamistes de Boko-Haram. Une démarche que relativise l’ancien correspondant de l’Agence France presse (Afp) au Cameroun). Dans son article : «Cameroun : Paul Biya, après plus de trente ans de règne, est confronté à une rébellion armée.» La rédactrice du site d’information Mediapart, soutient que «Tout indique qu’il s’agit d’une rébellion.» La même source affirme que la situation sécuritaire qui prévaut dans l’Extrême-Nord est l’œuvre «D’anciens ministres et ex-dignitaires du régimes qui tenteraient d’en finir avec Paul Biya, 81 ans et 31 ans de règne.»
De quoi renoncer à la théorie du terrorisme soutenue par les pouvoirs publics ? Pour nombre d’observateurs, il ne fait pas de doute. L’heure semble à l’exploration du complot politique. Sultan de la localité de Kobro-Blangoua, Brahim Menoumour relativise lui aussi la thèse Boko-Haram. Face au silence et aux dissonances qui voilent la compréhension du phénomène qui prend de l’ampleur dans la région de l’Extrême-Nord, cette source dont la note d’information adressée au président de la République n’a pas prospéré affirme que toutes les attaques perpétuées dans les régions frontalières de l’Extrême-Nord ont pour point de chute le village Gambarou Ngala, au Nigeria. Sollicité par cette source, les principaux responsables de la sécurité nationale, des forces de défense et la sécurité présidentielle se sont montrées peu réceptives. Tout comme la présence de nombreux ressortissants (plus de 2 mille, Ndlr) selon des sources diverses sont perceptibles au sein des groupes qui sévissent dans la région de l’Extrême-Nord.
Batailles intestines
Englués dans des batailles obscures, les services dédiés à la sécurité et au renseignement stratégique ne brillent pas toujours par leur aptitude. Dans un contexte marqué par l’ignorance même du type d’adversaire auquel fait face le Cameroun, la multiplicité et les accointances tissées avec des lobbies politiciens et d’affaires ne militent pas toujours pour l’atténuation d’une psychose qui semble prendre le pas sur un discours officiel vraisemblablement rassurant. Dans le même temps, les luttes larvées pour la reprise du pouvoir apparaissent au grand jour. Entre révélations et dénonciations, dignitaires politiques et groupes ethno-tribaux finissent de convaincre de la précarité d’un climat social en surchauffe. Sans ambages, des acteurs politiques de la région de l’Extrême-Nord ne manquent pas d’indexer à mot couvert certains de leur convillageois. Un député à l’Assemblée nationale, sous cape, indique à cet effet que « Cette affaire a dépassée le cadre de l’Extrême-Nord. A y regarder de près, c’est une machine dans laquelle chacun a ses intérêts.» Une posture qui épouse celle du président de l’Assemblée nationale, qui lors de l’ouverture de la session parlementaire de juin 2014, dénonçait la présence «des Boko-Haram parmi nous». Des raisons pour l’internationaliste Shanda Tonme de soutenir que, «Si le Cameroun est, comme disent certains une poudrière, le Nord est déjà une grenade dégoupillée.» Exagérée ?
Dans un rapport publié au mois d’avril 2014, l’organisme australo-américain n’en fait pas l’économie. Atrocity forecasting project (Projet de prévision des atrocités) croit savoir que le climat sociopolitique au Cameroun nécessite une thérapie d’urgence. L’organisme financé par le Pentagone indique, fort à propos, avoir regroupé des données stratégiques au bénéfice des forces de renseignement et défense américain. Des raisons pour les principaux leaders de la secte Boko-Haram de décliner la proximité de leur organisation vis-à-vis des évènements que connait l’Extrême-Nord. Jama’Atu Ahlis Sunna explique à cet effet que «Les ennemis du régime de Yaoundé ont réussi à faire croire à Monsieur Biya que son ennemis est Boko-Haram. Par le biais d’une note de renseignement, ce leader de la secte Boko-Haram explique que, «la stratégie de ceux qui tirent les ficèles au Cameroun, sous le prétexte de Boko-Haram est d’exacerber les tensions sociales dans le Nord Cameroun.» L’objectif, explique la même source étant que les populations se révoltent. «Ces dernières ne sachant à quel saint se vouer demanderont la tête du président Paul Biya, son départ immédiat du pouvoir. Il sera alors accusé d’incompétence à continuer la gestion du gouvernement.»
Joseph OLINGA N.
«Boko-Haram»: nébuleuse ou cheval de Troie?
S’agit-il véritablement d’attaques perpétrées par la secte Boko-Haram ou d’excroissance armée structurées sur le model de l’organisation d’origine nigériane? Pour sûr, au commencement étaient des attaques armées et sporadiques soldées par des enlèvements et des prises de rançons. Des «opérations» par ailleurs revendiquées par leurs auteurs. Puis vînt l’écho des fortes sommes d’argent portées aux ravisseurs. De fil en aiguille, les attaques se sont orientées vers des structures de sécurité. Armes emportées et soldats tués furent à la mode. L’on parlait alors de «la nébuleuse Boko-Haram». L’obscure organisation fut d’ailleurs tancée de lâcheté. Elle qui profitait du manteau noir de la nuit «pour nous attaquer». Puis, lors d’un conclave de chefs convoqué dans la «métropole», le chef suprême des armées de chez nous frappa du point sur la table. La guerre était alors déclarée à cette brumeuse créature dont l’ombre se percevait sous le manteau de ces maquisards dont la nuisance sociale et sécuritaire reste si vivace dans l’esprit du chef.
A l’image des apprentis sorciers et de ces bandits de grand chemin qui ont sévit, il y a quelque temps, dans le grand Nord Cameroun, il fallait sortir le glaive. La nuit alternant continuellement au jour, l’on finit par dénicher la progéniture de cet enfant damné. C’est la troisième personnalité, dans l’ordonnancement du protocole d’Etat qui en fit la révélation. Les «Boko-Haram» étaient parmi nous. Sous la forme de ces virus dont la médicamentation s’avère être un serpent de mer pour les praticiens parmi les plus aguerris de l’art ou sous l’aspect de ces cancers au verdict implacable? Rien ne filtre sur leur nature actuelle. Une seule certitude : Il faut faire la guerre à ce «Boko-Haram».
J.O.N