Inscriptions biométriques sur les listes électorales: Voici pourquoi Elecam n'atteindra pas le cap des 1 millions d'inscrits
Yaoundé, 29 Janvier 2013
© LCN | L'Epervier
Voici bientôt quatre mois que les électeurs défilent devant les kits électoraux pour s'inscrire sur les listes électorales à l'ère de la biométrie. Le sujet soulève encore des vagues au sein de l'opinion et même de la classe politique. Les chiffres actuels n'annoncent pas les lendemains qui chantent. On parle en ce moment d'environ trois millions d'inscrits. Un chiffre largement en deçà de celui attendu au regard de la barre fixée. D'où la grande interrogation qui taraude les esprits à savoir Elections Cameroon pourra-t-il atteindre le chiffre des 7 millions d'électeurs attendus au terme de cette opération? Difficile pour l'instant de répondre par l'affirmative au regard du rythme des inscriptions qui se font en compte goûte. La grande campagne actuellement menée par les responsables d'Elecam, à coup d'affiches dans les lieux publics (sous-préfectures, mairies, marchés, etc.) et des communiqués radios, télévisés et même dans la presse écrite reste pour l'instant, un coup d'épée dans l'eau. Rien ne change.
Et pourtant le lancement de cette opération le 09 octobre 2012 avait suscité de réels espoirs si bien qu'on avait cru que l'objectif fixé pouvait être atteint facilement. Il y avait des raisons d'y croire jusqu'à ce qu'on soit rattrapé par la triste réalité du temps qui est implacable. Ce n'est plus la grande sérénité et le peuple n'y croit plus véritablement. La question qu'on est en passe de se poser au regard de la situation qui fait sortir de leurs tombes les démons de 2002 sous l'ère Onel où les élections législatives et municipales avaient été reportées par le simple fait que les responsables étaient des vendeurs d'illusions qui naviguaient entre improvisations et approximations est la suivante: Qu'est ce qui peut justifier cet état de chose, malgré les assurances et les moyens conséquents qui avaient été accordés à ces responsables? Comment en est-on arrivé là? Plusieurs facteurs semblent en effet justifier cette situation.
LA VÉRACITÉ DES FAITS
D'abord, les agents d'Elecam peinent à rallier les localités enclavées. Dans les régions du Septentrion ou du soleil levant, l'on peut observer que ce sont des voitures des particuliers ou des mairies parfois gérées par les militants du parti au pouvoir qui assurent le transport des membres d'Elecam.
Ensuite; la période actuelle est propice aux travaux champêtres. Les populations sont plus concentrées à se battre pour leur survie, que d'accorder leur temps «aux équipes d'Elecam qui leur prennent du temps pour rien». Une situation qui nuit réellement au bon fonctionnement des inscriptions sur les listes électorales dans ces zones.
Enfin, le dernier aspect et celui qui semble être en grande partie responsable de cette situation est le matériel. Les kits électoraux estimés à 1200 seraient insuffisants pour l'ensemble des 360 communes du Cameroun. Egalement ledit matériel tomberait constamment en panne soit pour leur non-conformité aux conditions climatiques ou encore pour des raisons de méconnaissances de ces matériels par les agents d'Elecam. Du côté d'Elecam un doigt accusateur est pointé sur l'apathie des partis politiques dits de l'opposition et des acteurs de la société civile. De nombreux partis politiques qui semblent aujourd'hui s'impliquer dans cette opération s'étaient érigés en chantres du chaos lors de son lancement.
Ces derniers appelaient leurs électeurs à ne pas s'inscrire sur les listes électorales. De sources concordantes, ces leaders se comporteraient aujourd'hui comme «des chauves-souris» qu’en journée appellent les populations à aller se faire inscrire et une fois la nuit tombée, ils rassemblent leurs équipes qui font du porte à porte pour dire aux populations de ne pas tenir compte de ce qui a été annoncé en journée que «cela n'était qu'un trompe œil pour ne pas être mal vu».
Mais à y observer de près, et en plus des faits relevés plus haut, on constate que les responsables d'Elecam ont négligé certaines réalités. Dans les grandes villes, les habitants s'intéressent très peu à la chose politique, car ces derniers ont généralement des préoccupations autres, contrairement à ce qui se passe dans les zones reculées. Il n'y a qu'à observer les mobilisations sans précédent enregistrées lors des campagnes électorales pour s'en convaincre. Et la part belle a été accordée aux villes au moment du lancement de cette opération. Une bonne quantité de kits est déployée dans les centres urbains. Conséquence, aujourd'hui 70% des populations des zones reculées ne sont pas inscrites. Et si rien n'est fait entre temps, le taux n'atteindra pas 50%. Autre fait tout aussi important, ce sont les élites qui se chargeaient dans le passé d'inscrire les populations sur les listes. Ces dernières collectaient des cartes nationales d'identité qu'ils déposaient dans les bureaux d'inscription. Les populations n'avaient pas besoin d'être présentes. Mais avec la biométrie ce n'est plus le cas. La présence physique du propriétaire de la CNI est nécessaire; toute chose qui donne l'impression que les populations boudent le processus d’inscription. Les techniques mises sur pied par le RDPC pour mobiliser les électeurs en vue de renverser la tendance n'apportent pas de solutions durables. Il est reproché à ces équipes d'être constituées des personnalités impopulaires dans leurs villages respectifs. Le résultat ne peut être que celui déploré par les populations: Les inscriptions piétinent.
La mise à l'écart des autorités administratives
Les observateurs de la scène politique mentionnent, la mise à l'écart des Chefs traditionnels et Sous-Préfets qui jouaient un rôle important dans la mobilisation des populations comme fait à l'origine du fiasco. En confiant la totalité des pouvoirs aux responsables d'Elecam, ces autorités qui ne peuvent désormais qu'apporter leur concours ne se sentent plus dans l'obligation de jouer pleinement leurs rôles. Dans un tel contexte comment demander à un Chef qui ne gagne rien dans une opération de se battre corps et âmes pour sensibiliser les populations. Ceci est d'autant plus grave que ces derniers auraient eu vent de ce que d'importants moyens financiers ont été mobilisés dans le cadre de cette opération. Même la gratuité de l'établissement de la carte nationale d'identité décrété par le Président de la République ne semble aucunement faire booster les inscriptions. La plupart des cartes établies sont en souffrance dans les commissariats de police. Une autre campagne est actuellement en cours pour la distribution forcée des CNI. Preuve suffisante que les carottes sont cuites.
Pour éviter les démons de 2002...Les pistes de sorties.
Il faut assurément revoir à la hausse le budget d'Elecam, en le faisant passer du simple au double. En dehors du fait qu'il faudra acquérir des moyens de locomotions pour faciliter les déplacements vers les zones enclavées. Les groupes électrogènes seront aussi nécessaires pour l'accélération de l'opération. L'augmentation des effectifs est également un impératif et même du nombre de kits électoraux appelé à passer de 1200 à 3000. C'est le prix à payer pour éviter que le calendrier électoral ne connaisse des chamboulements dus à la prorogation de la date de clôture des inscriptions sur les listes électorales.
© LCN | L'Epervier
A
28 jours de la fin des opérations d'inscriptions sur les listes
électorales, les chiffres font planer le doute de la non atteinte de
l'objectif fixé à 7 millions d'électeurs.
Voici bientôt quatre mois que les électeurs défilent devant les kits électoraux pour s'inscrire sur les listes électorales à l'ère de la biométrie. Le sujet soulève encore des vagues au sein de l'opinion et même de la classe politique. Les chiffres actuels n'annoncent pas les lendemains qui chantent. On parle en ce moment d'environ trois millions d'inscrits. Un chiffre largement en deçà de celui attendu au regard de la barre fixée. D'où la grande interrogation qui taraude les esprits à savoir Elections Cameroon pourra-t-il atteindre le chiffre des 7 millions d'électeurs attendus au terme de cette opération? Difficile pour l'instant de répondre par l'affirmative au regard du rythme des inscriptions qui se font en compte goûte. La grande campagne actuellement menée par les responsables d'Elecam, à coup d'affiches dans les lieux publics (sous-préfectures, mairies, marchés, etc.) et des communiqués radios, télévisés et même dans la presse écrite reste pour l'instant, un coup d'épée dans l'eau. Rien ne change.
Et pourtant le lancement de cette opération le 09 octobre 2012 avait suscité de réels espoirs si bien qu'on avait cru que l'objectif fixé pouvait être atteint facilement. Il y avait des raisons d'y croire jusqu'à ce qu'on soit rattrapé par la triste réalité du temps qui est implacable. Ce n'est plus la grande sérénité et le peuple n'y croit plus véritablement. La question qu'on est en passe de se poser au regard de la situation qui fait sortir de leurs tombes les démons de 2002 sous l'ère Onel où les élections législatives et municipales avaient été reportées par le simple fait que les responsables étaient des vendeurs d'illusions qui naviguaient entre improvisations et approximations est la suivante: Qu'est ce qui peut justifier cet état de chose, malgré les assurances et les moyens conséquents qui avaient été accordés à ces responsables? Comment en est-on arrivé là? Plusieurs facteurs semblent en effet justifier cette situation.
LA VÉRACITÉ DES FAITS
D'abord, les agents d'Elecam peinent à rallier les localités enclavées. Dans les régions du Septentrion ou du soleil levant, l'on peut observer que ce sont des voitures des particuliers ou des mairies parfois gérées par les militants du parti au pouvoir qui assurent le transport des membres d'Elecam.
Ensuite; la période actuelle est propice aux travaux champêtres. Les populations sont plus concentrées à se battre pour leur survie, que d'accorder leur temps «aux équipes d'Elecam qui leur prennent du temps pour rien». Une situation qui nuit réellement au bon fonctionnement des inscriptions sur les listes électorales dans ces zones.
Enfin, le dernier aspect et celui qui semble être en grande partie responsable de cette situation est le matériel. Les kits électoraux estimés à 1200 seraient insuffisants pour l'ensemble des 360 communes du Cameroun. Egalement ledit matériel tomberait constamment en panne soit pour leur non-conformité aux conditions climatiques ou encore pour des raisons de méconnaissances de ces matériels par les agents d'Elecam. Du côté d'Elecam un doigt accusateur est pointé sur l'apathie des partis politiques dits de l'opposition et des acteurs de la société civile. De nombreux partis politiques qui semblent aujourd'hui s'impliquer dans cette opération s'étaient érigés en chantres du chaos lors de son lancement.
Ces derniers appelaient leurs électeurs à ne pas s'inscrire sur les listes électorales. De sources concordantes, ces leaders se comporteraient aujourd'hui comme «des chauves-souris» qu’en journée appellent les populations à aller se faire inscrire et une fois la nuit tombée, ils rassemblent leurs équipes qui font du porte à porte pour dire aux populations de ne pas tenir compte de ce qui a été annoncé en journée que «cela n'était qu'un trompe œil pour ne pas être mal vu».
Mais à y observer de près, et en plus des faits relevés plus haut, on constate que les responsables d'Elecam ont négligé certaines réalités. Dans les grandes villes, les habitants s'intéressent très peu à la chose politique, car ces derniers ont généralement des préoccupations autres, contrairement à ce qui se passe dans les zones reculées. Il n'y a qu'à observer les mobilisations sans précédent enregistrées lors des campagnes électorales pour s'en convaincre. Et la part belle a été accordée aux villes au moment du lancement de cette opération. Une bonne quantité de kits est déployée dans les centres urbains. Conséquence, aujourd'hui 70% des populations des zones reculées ne sont pas inscrites. Et si rien n'est fait entre temps, le taux n'atteindra pas 50%. Autre fait tout aussi important, ce sont les élites qui se chargeaient dans le passé d'inscrire les populations sur les listes. Ces dernières collectaient des cartes nationales d'identité qu'ils déposaient dans les bureaux d'inscription. Les populations n'avaient pas besoin d'être présentes. Mais avec la biométrie ce n'est plus le cas. La présence physique du propriétaire de la CNI est nécessaire; toute chose qui donne l'impression que les populations boudent le processus d’inscription. Les techniques mises sur pied par le RDPC pour mobiliser les électeurs en vue de renverser la tendance n'apportent pas de solutions durables. Il est reproché à ces équipes d'être constituées des personnalités impopulaires dans leurs villages respectifs. Le résultat ne peut être que celui déploré par les populations: Les inscriptions piétinent.
La mise à l'écart des autorités administratives
Les observateurs de la scène politique mentionnent, la mise à l'écart des Chefs traditionnels et Sous-Préfets qui jouaient un rôle important dans la mobilisation des populations comme fait à l'origine du fiasco. En confiant la totalité des pouvoirs aux responsables d'Elecam, ces autorités qui ne peuvent désormais qu'apporter leur concours ne se sentent plus dans l'obligation de jouer pleinement leurs rôles. Dans un tel contexte comment demander à un Chef qui ne gagne rien dans une opération de se battre corps et âmes pour sensibiliser les populations. Ceci est d'autant plus grave que ces derniers auraient eu vent de ce que d'importants moyens financiers ont été mobilisés dans le cadre de cette opération. Même la gratuité de l'établissement de la carte nationale d'identité décrété par le Président de la République ne semble aucunement faire booster les inscriptions. La plupart des cartes établies sont en souffrance dans les commissariats de police. Une autre campagne est actuellement en cours pour la distribution forcée des CNI. Preuve suffisante que les carottes sont cuites.
Pour éviter les démons de 2002...Les pistes de sorties.
Il faut assurément revoir à la hausse le budget d'Elecam, en le faisant passer du simple au double. En dehors du fait qu'il faudra acquérir des moyens de locomotions pour faciliter les déplacements vers les zones enclavées. Les groupes électrogènes seront aussi nécessaires pour l'accélération de l'opération. L'augmentation des effectifs est également un impératif et même du nombre de kits électoraux appelé à passer de 1200 à 3000. C'est le prix à payer pour éviter que le calendrier électoral ne connaisse des chamboulements dus à la prorogation de la date de clôture des inscriptions sur les listes électorales.