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Sur la route qui mène à Mboro sur le site du futur port en eau de profonde de Kribi, ce n'est pas une surprise de rencontrer des Chinois effectuant des tâches de manœuvres. Car, c'est connu, lorsqu'une entreprise chinoise gagne un marché, ils apportent presque tout dans leur bagage, jusqu'à la main d'œuvre. Ils conduisent des engins, ils cassent des pierres... Sur l'itinéraire de 35 km qui séparent la ville de Kribi de Mboro, des Camerounais exercent aussi les mêmes tâches. A détail près.

Au cours d'un échange, le 13 avril 2012, avec le staff de Chec (China harbour engineering company) responsable de la réalisation du complexe industrialo-portuaire de Kribi, la surprise est de taille. Sur les 120 cadres employés au stade actuel du port, zéro Camerounais. Ces derniers se recrutent dans la classe ouvrière que constituent 200 personnels. «Nous n'avons pas reçu de demandes d'emploi d'ingénieurs camerounais.», explique M. Ye, le directeur adjoint de Chec. Mais il promet qu'à des phases avancées du chantier, il est prévu de recruter des cadres locaux.

Sur le terrain, les travaux se poursuivent sans «difficultés fondamentales», selon Chec. La digue, la partie névralgique au stade actuel du futur port est déjà construite à 17%. Soit une distance de 235 mètres sur les 1335 mètres prévus. La digue est constituée d'un amas de pierre d'une hauteur de 9,8 mètres, 10 mètres de large. Pour l'ériger, 40 000 m3 de roches ont ete utilisées. A la fin des travaux, cette digue va séparer la mer des quais permettant ainsi aux bateaux qui accostent d'être chargés ou déchargés dans un environnement stable. Coût de cette infrastructure: un peu plus de 100 milliards de FCFA. Le port en lui-même devant engloutir au total 240 milliards de FCFA hormis les 200 milliards devant servir pour la construction reliant la ville de Kribi à Mboro. Pour cette phase, les travaux sont financés à 85% par Eximbank Chine. 15% du financement incombe au Cameroun.

D'après Chec, les sondages terrestres, la préparation du chantier et la construction des bases vie sont terminés. La livraison du complexe industrialo-portuaire devrait intervenir le 10 juin 2014. Par la suite des terminaux spécialisés seront réalisés à partir de 2015 (aluminium, hydrocarbures, alumine, minéralier, gaz naturel liquéfié, etc.) Le port général de Kribi permettra l'accueil de grands navires de commerce d'une capacité allant jusqu'à 100 000 tonnes et d'un tirant d'eau de 15 à 16 mètres. Il sera complémentaire de celui de Douala, venant ainsi palier les insuffisances de ce dernier jusqu'ici limité aux navires de 15 000 tonnes et 6 à 7 mètres de tirant d'eau. L'appontement minéralier par lequel va transiter le trafic d'exportation du minerai de fer (35 millions de tonnes par an) pourra recevoir des navires minéraliers de 300 000 tonnes et 24 mètres de tirant d'eau.

Les travaux de construction du port en eau profonde de Kribi ont commencé le 27 décembre 2010 par le lancement des travaux de terrassements généraux pour la réalisation des plateformes devant accueillir les installations portuaires terrestres du port général à Mboro. 60 hectares de forêt ont ainsi été apprivoisés.

Le port en eau profonde de Kribi, en permettant l'exportation en grandes masses des produits issus de l'exploitation des gisements miniers du Cameroun (fer, bauxite, gaz naturel notamment) et l'importation des matières premières pour les industries locales, sera un véritable levier de l'industrialisation du Cameroun et de la compétitivité de ses produits. De grandes industries à l'instar des usines d'aluminium et de liquéfaction du gaz naturel, génératrices de métiers divers par les filières associées vont s'implanter dans la zone industrialo-portuaire. Cet ensemble va générer plus de 20 000 emplois directs et autant d'emplois indirects