Le Directeur général de l’office de radio télévision devait répondre d’un incident technique survenu lors de la diffusion du message du Chef de l’Etat aux jeunes.
«Rien de particulièrement inquiétant». Laconique, un proche d’Amadou Vamoulké se voulait rassurant, lundi 11 février, en mi journée. En vérité, il confirmait, à mots à peine couverts, l’audition du directeur général de Cameroon radio television, par des éléments de la Direction générale pour la recherche extérieure ( Dgre), dont La Nouvelle Expression n’a pu obtenir, ni l’identité, ni même les fonctions. Reste une probabilité très forte : la corrélation entre cette convocation du manager de le Crtv d’une part, et un incident survenu, sur les antennes du média à capitaux publics.
Et de fait, la diffusion de la traditionnelle
adresse du président de la République a été marquée, le 10 février, par
une subite disparition de l’image présidentielle des écrans de
télévision «pendant deux minutes». Bien que la Crtv se soit rattrapé
pour la seconde diffusion de 22 heures, il n’est pas sûr que cet
incident – rapidement circonscrit à sa dimension purement «technique»
par quelques sources autorisées - ait été du goût de tout le monde. En
particulier, les services de renseignement se sont faits fort d’y voir
plus clair.
Selon des avis informés, le ratage technique - technologique peut-être –
tenait à quelques paramètres combinés. L’un est référé à des
équipements récemment acquis, par le Directeur adjoint du Cabinet Civil,
Joseph Anderson LE. L’opération avait déjà, dès le début du feuilleton
dont elle se soutient, mis en évidence des soucis de plusieurs ordres, à
la faveur de la diffusion du message de fin d’année du chef de l’Etat.
Cela dit, des avis techniques, tout en se défendant d’exonérer M. LE, insistent sur les «erreurs de calcul d’un monteur». Selon ces sources, il a fallu résoudre deux problèmes pour ce discours : incruster le fond bleu ciel en lieu et place du fond vert originel, ainsi que le drapeau de la République d’une part ; s’assurer d’un «rendu» conséquent. Ce dernier point est réputé n’avoir pas bénéficié de toutes les attentions nécessaires, contrariant ainsi Amadou Vamoulké, Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication, et Joseph Anderson LE, qui avaient supervisé les opérations précédant la diffusion du message présidentiel.
Et si c’était une affaire de contexte ? Certains le soutiennent : «Il a fallu aller vite, étant donné que le calendrier de la Coupe d’Afrique des Nations, nous imposait un recadrage en terme de programmation (D’habitude, le message du Chef de l’Etat est diffusé à vingt heures. Pour l’occasion, il l’a bien a dans un premier temps, à 18h30. NDLR). Il est possible que le message n’ait pas bénéficié d’un traitement informatique idoine », confesse une source fiable. Qui ajoute que, un rien énigmatique : «si la hiérarchie avait suivi, peut-être aurions-nous évité ce qui est arrivé le 10 février».
La même hypothèse que les services de renseignement ? Rien n’est moins sûr. Une certitude : ce n’est pas la première fois qu’une prestation télévisée du président de la République est entachée d’une irrégularité technique. Il y a quelques mois, alors qu’il prononçait un discours de circonstance à la faveur de la cérémonie de pose de la première pierre du barrage de Lom Pangar, la transmission connut une mémorable interruption. Suite à cette «bourde», la présidence de la République avait voulu démêler l’écheveau de cet impair. Il se peut alors que le management de la Crtv qui avait été interpelé, dut mettre en cause une malencontreuse «manœuvre» d’un élément de la Garde républicaine. L’affaire fit long feu. Du moins ne prospéra-t-elle pas dans la chronique des feuilletons à scandales. Quid de cet autre dossier qui implique, en un sens, l’entourage immédiat du président de la République ?