Incendie à la prison de New-Bell: Les Procès de l’opération Épervier perturbés

DOUALA - 05 Septembre 2012
© Hervé Villard Njiélé. | La Nouvelle Expression

En plus des audiences qui n’ont pas eu lieu à cause de cette incendie, Ngamo Hamani a eu de la peine à présenter sa défense lors de la énième audience de son procès qui s’est ouverte hier au Tribunal de grande instance de Bonanjo

L’incendie qu’il y a eu à la prison Centrale de New-Bell de Douala très tôt ce lundi 3 septembre 2012 aux environs de 3h, n’a pas encore fini d’égrainer le chapelet de ses conséquences. En plus des nombreux dégâts matériels causés dans ce pénitencier, les effets de ce sinistre affectent aussi les procès de l’opération épervier qui sont pendant devant les tribunaux de la capitale économique du Cameroun.

Depuis cet incident qui fait couler beaucoup d’encres et de salives et pour lequel une valse des autorités de la république a été observée à la prison Centrale de New-Bell, les procès de l’opération épervier sont de plus en plus perturbés. En plus du fait que certains de ces procès n’ont pas eu lieu, les accusés dont les pièces et documents de la procédure ont disparu suite à l’incendie peine à soutenir leur défense devant le tribunal.

Parmi les audiences qui ne se sont pas tenues à cause de cet incendie, on peut citer l’affaire Scdp et ministère des Finances contre Nguini Effa et compagnie. Programmée à l’annexe du Tribunal de grande instance du Wouri ce 3 septembre 2012, elle a du être reportée. Car, l’accusé Nguini Effa n’a pas pu se rendre au tribunal. Victime comme nombre de ces congénères de la spéciale 18 et 20 de cet incendie, il a lui aussi presque tout perdu. C’est pourquoi il n’est pas allé au tribunal «Il n’avait plus que le pyjama. Pendant l’incendie, les prisonniers ont tout volé. On a tout pillé dans notre cellule. Il n’est d’ailleurs pas la seule victime. Nous avons tous perdu des objets importants», témoigne un prisonnier logé à la spéciale 18, rencontré hier.

D’après un proche du collège d’avocats qui assure sa défense, l’ex Dg de la Scdp a été traumatisé par l’incendie. Et, n’était pas à même de se défendre. «C’est pourquoi, l’affaire est renvoyée au 5 septembre 2012», justifie-t-il. Avant d’ajouter que «la majorité des affaires qui étaient enrôlées dans les tribunaux de la ville hier ont été renvoyées.»

Dans la suite des défections, Zacchaeus Mungwe Forjindam lui aussi n’était pas devant la barre ce 3 septembre 2012. Pourtant, la troisième affaire dans laquelle il est impliqué était programmée ce jour là. Dame Massot, son coaccusé, était seule devant la barre. «Que Voulez-vous que je vous dise. M. Forjindam a tout perdu dans l’incendie qu’il y a eu à la prison. Ses habits, ses effets personnels, ses documents. C’est pourquoi, il n’était pas présent à la barre», déclare Me Baombé, l’un des avocats qui assurent sa défense. D’après Me Dieudonné Happi, «dame Massot s’est présentée à la barre hier parce que l’incendie était plutôt dans le quartier des hommes», pense-t-il.

S’agissant des victimes de l’opération épervier qui ont eu de la peine à se défendre à cause de l’incendie qui s’est déclaré à New-Bell, Ngamo Hamani est la parfaite illustration. Celui qui a criblé le tribunal de preuves lors de l’examination in chief, a eu de la peine à répondre aux questions du procureur lors de la cross examination qui a débuté ce 4 septembre 2012. C’est parce qu’il maitrise son sujet que l’ex Dg de la Camair s’est d’ailleurs présenté au tribunal. «J’ai tout perdu dans cet incendie. Mes documents personnels, mes notes d’audience, mes vêtements aussi. Les habits que je porte là, c’est un enfant que j’encadre qui a protégé ça pendant l’incendie. La chaussure que je porte, on me l’a apportée ce matin. C’est vrai qu’on a tout perdu. Mais, on est en vie. C’est l’essentiel. Je ne peux pas demander que l’on renvoie l’audience. Ça doit se tenir. Je vais seulement faire des photocopies des pièces à nouveau. Je n’ai pas le choix», déclare Ngamo Hamani dépité.

Pendant l’audience qui s’est tenue au Tribunal de grande instance hier, l’ex Dg de la Camair était obligé, à chaque fois qu’une question lui était posée, de recourir aux pièces que disposait le tribunal. Ce qui freinait l’audience. A force de faire recourt à ces pièces, le tribunal a rappelé à la défense de Ngamo Hamani qu’il devrait avoir des copies des dites pièces. «Ce n’est pas le tribunal qui a mis le feu à la prison de New-Bell. Vous devriez avoir ces pièces Mes», a déclaré le juge pendant l’audience.

Conscient du fait que l’incendie a consumé toutes les pièces importantes pour leur défense, l’un des prisonniers de la spéciale 18 pense qu’il sera difficile pour eux d’assurer leur défense: «on pourra aisément nous condamner maintenant puisque nous n’avons plus rien pour nous défendre», a-t-il déclaré au passage.




05/09/2012
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