A l’heure où le Cameroun se met en route pour l’émergence en 2035, tout porte à croire que les hôpitaux d’Etat ont du mal à s’arrimer à l’excellence. Corruption, arnaque, amateurisme, népotisme, laxisme, insalubrité... sont entre autres, les maux qui gangrènent ces milieux.
Lonfo Bertrand, domicilié au quartier Nkolbisson à Yaoundé, a trouvé la mort le 1er septembre dernier. Le jeune conducteur de moto a été fauché par un camion de transport du sable alors qu’il se rendait au lieu dit Mokolo Elobi. Victime d’une commotion cérébrale, l’accidenté a rapidement été conduit au Centre hospitalier et universitaire(Chu) de Yaoundé. Surplace, il a été accueilli par dame Ngono, infirmière, qui laissera entendre qu’il manque de place et de scanner pour examiner l’état du patient dont le temps était pourtant compté. Face à l’urgence, il est embarqué pour l’Hôpital central, où il ne sera non plus favorablement accueilli, faute de scanner, tombé en panne. L’espoir aidant, la famille du blessé va aussitôt se diriger vers l’Hôpital général de Yaoundé.
Là-bas, le seul technicien à même de manipuler le scanner, également en panne, était en grève pour salaire impayé. Dépassés par les évènements, les membres de la famille n’ont plus d’autres choix que de s’en remettre au ciel, le malade ayant été abandonné sans soins. Mue par cette situation alarmante, une infirmière tente de voler à son secours en lui administrant une perfusion, question d’atténuer la douleur. Mais, rien n’y fait. A Minuit 30 minutes, le jeune homme passe de vie à trépas, loin du regard de l’infirmière, profondément endormie. Elle ne sera réveillée que par les cris de la famille éplorée.
CRISE
Autre lieu autre cas, c’est l’Hôpital de district de Biyem Assi, où un nourrisson de 9 mois a failli rendre l’âme lundi dernier. Tout commence aux environs d’une heure du matin, lorsque le père de l’enfant arrive à l’hôpital tenant en mains son rejeton convulsant. Conduit aux urgences, il n’y a personne pour s’occuper d’eux. Il faudra les cris de détresse de la maman pour que surgisse enfin une infirmière qui dormait à poings fermés dans un coin. Elle s’exécute néanmoins non sans quereller. Le bébé est conduit chez le médecin avant d’être pris en charge dans une salle insalubre qui n’avait rien d’un cadre de santé publique.
Ici au bloc pédiatre où le nourrisson est rendu, le major de l’hôpital, comme la plupart de ses collègues, dit à qui veut l’entendre que le trafic des médicaments est son affaire. A condition de « bien parler ». Ce cas est d’ailleurs loin d’être isolé. Dans bien d’hôpitaux publics, de nombreux maux n’ont cessé d’être décriés. A l’heure où le Cameroun s’engage dans la voie de l’émergence en 2035, force est de relever que de telles dérives n’ont pas de place dans la société.