Honte à nous camerounais, si nous les avons oubliés.

  Richard Djimeli, Un autre jeune  étudiant camerounais  vient d’être enlevé dans sa chambre dans la nuit du 23 au 24 mars 2013 Bonamoussadi à Douala par la milice de Biya, parce qu’il a osé dans un court métrage dénoncer la dérive du pouvoir et la longévité à  la tête du pays  d’un tyran qui a ruiné son pays et conduit le peuple à  la misère. On retrouvera un jour son corps ou pas du tout. On n’a jamais retrouvé ceux des 9 de Bepanda à Douala, enfants  de moins de 18 ans enlevés une nuit sans aucun mandat de Justice dans les  domiciles de leurs parents et conduits dans une unité de gendarmerie et dont on est sans nouvelles depuis 2001.  L’enlèvement de  cet étudiant rappelle les années 1990, lorsque les étudiants furent torturés, opprimés, pourchassés, liquidés,  injustement exclus des universités du pays et contraints à l'exil  par des milices de Biya parce qu’ils  ont revendiqué des conditions d’enseignement  adéquates.

Qu’est ce qu’il faut encore aux camerounais pour crier leur ras le bol face à un régime liberticide et assassin.  Ont-ils déjà oublié les 400 enfants abattus  par balles réelles en février 2008  comme des chiens par les éléments du Bir, alors qu’ils protestaient contre la cherté de la vie et un projet visant à supprimer la limitation du nombre des mandats présidentiels permettant ainsi  à Biya de s’éterniser au pouvoir. Ils demandaient aussi plus de justice sociale dans la redistribution des richesses  du pays confisquées par  le  Président  et sa mafia au détriment d’une multitude plongée dans une misère sans fin.  Ont-ils oublié ceux qui ont échappé  de justesse aux tueries et qui pourrissent dans les prisons infectes de Biya, se nourrissant de souris.  

Avons-nous oublié Bibi Gota  et les  autres aussi  assassinés dans les cellules de Biya et tous  ces paisibles citoyens qui sont abattus tous les jours dans les rues de nos villes par les éléments du BIR de sa protection personnelle en toute impunité. Avons-nous oublié ces exactions sur ces milliers de camerounais qui ont dû prendre la route de l’exil  pour sauver leur vie et  l'étudiant Kamga-Djengoué Collins brûlé vif dans sa chambre à Yaoundé par  les services de répression.  Avons-nous oublié   ces camerounais  exécutés a Mbalmayo sans le moindre jugement après la tentative du Putsch du 06 Avril 1984 et dont les corps avaient  été dissouts  dans de l'acide  et refusés à leurs familles et les autres très nombreux, morts en détention pour mauvais traitement  et manque de soins, juste parce qu’ils voulaient  en découdre  avant qu’il ne soit trop tard avec le pillage des ressources du pays par une bande de voyous très excités qui venaient avec Biya de prendre la direction du pays.

Les avons-nous oubliés ? Combien de morts et de sacrifiés nous faut-il encore pour nous réveiller et dire non, trop c’est trop, le Cameroun appartient à son peuple et non à un individu  qui ne cesse d’assassiner nos enfants, de nous  persécuter et de  piller nos richesses

Il a fallu juste qu’un policier gifle un vendeur de fruits pour que les tunisiens suivis par les peuples de la sous- région arabe descendent dans la rue pour envoyer en exil  des tyrans  qui, comme Biya avaient pris leurs pays en otage, les ont ruinés  et  persécuté leurs peuples pendant des décennies. Nous connaissons tous cette histoire du Printemps arabe qui a envoyé à la mort le libyen  Kadhafi et plusieurs de ses  enfants, en prison l’égyptien Hosni Moubarak et ses enfants et  expédié en exil  puis condamné à plusieurs d’années de prison le tunisien Zine El Abidine Ben Ali et sa famille. Et les pays sont revenus aux peuples.

Sommes-nous tous devenus des complices et des collabos de Biya, menés comme nous sommes  du bout de nos nez par ces leaders ripoux des formations politiques  qui, pour quelques places au Sénat ou pour leurs intérêts personnels voudraient nous faire oublier  l’enfer que nous vivons? Sénat oui,  mais qu’apporte-il  au peuple ? 40 milliards de FCFA par pour l’entretien de ces individus que le peuple n’a pas choisi et qui n’ont aucune légitimité et dont près du tiers est nommé par Biya. Soit 400 milliards en 10 ans sur le dos d’un peuple essoufflé par tant d’années de souffrances, de misère  et d’incohérences, un peuple d’un pays des plus  pauvres et des plus endettés de la planète malgré l’importante richesse que Dieu lui a donnée. Il n’y a qu’au Cameroun où des sénateurs ne sont pas choisis par le peuple mais nommés par un individu.

 400 milliards, de quoi équiper nos hôpitaux devenus des mouroirs, reconstruire nos écoles et universités qui, depuis les 31 ans de Biya dispensent un enseignement au rabais, dépassé et inadapté au marché du travail, donner de l’électricité et de l’eau à cette grande frange de la population qui n’y a pas accès et qui boivent la merde des rigoles et autres latrines dans nos villes et villages, à  l’origine du  choléra et autres maladies préhistoriques  qui ont définitivement élu  domicile dans notre beau pays  et  envolent dans la tombe des milliers de personnes chaque année , créer des emplois à  ces plus de 70% des diplômés de l'enseignement supérieur  au chômage et dont beaucoup vont à la retraite sans avoir jamais eu la grâce d’exercer un travail de leur vie et reconstruire nos routes qui tuent   des centaines de nos concitoyens chaque année par manque d’entretien.

Un sénat qui est plus une autre diversion  de Biya Mbi Nvondo Paul Barthélémie dans un pays qui n’en a vraiment pas besoin au moment où les autres pays d’Afrique  qui en ont fait une expérience négative et mesuré le lourd poids sur le peuple l’ont carrément supprimé. Si ce n’est que pour assurer une transition paisible et sans que le pays sombre dans le chaos, la Cour  Suprême  ne le ferait pas comme dans plusieurs autres pays du monde. Une  structure  de trop, idiote et stupide et tout le monde est entrain de courir à gauche et à droite ne parlant plus que de sénat comme s’il venait  changer les conditions de vie du peuple. Juste ce que voulait Biya pour nous faire oublier sa forfaiture, nos morts, son  fiasco et ses 31 ans d’assassinats et de répression  sanglante du peuple. Un  Sénat inutile et budgétivore qui,  comme dit le Dr Shanda  Tonme dans un récent article, ne correspond à aucune exigence de solution des problèmes urgents du pays et qui va aggraver la corruption et le pillage des deniers publics.

      Honte à nous si nous  avons oublié, trahissant ainsi les aspirations du peuple tous ces morts  qui  ont donné leurs vies  pour nous, pour un Cameroun plus humain  et plus juste. Quand ces 400 enfants descendaient dans la rue les mains vides face  aux chars de Biya, ils savaient qu’ils allaient  à la mort mais ils n’ont pas hésité  un seul instant de donner leurs vies pour nous. Qu’elle charité de leur part et qu’elle ingratitude de la nôtre. Pourquoi avoir décidément accepté d’aller aux élections sénatoriales dont nous avons dit tant de mal et menacé de descendre dans la rue avec des machettes alors que rien des conditions que nous dénoncions n’a changé. Enfin tout ce qui a changé c’est que Biya nous a délié la bourse et a promis des postes au Sénat pour assurer notre retraite sur le dos du peuple  et nous avons, comme par un bâton magique tout oublié.

 Montaigne ne s’était pas trompé quand il avait dit que l’homme est ‘’ondoyant et divers’’. C’est vrai pour Fru Ndi et les autres bouffons de l’opposition qui, contre toute attente ont lâché tous ceux qui sont morts ou qui se battent encore tous les jours pour que les camerounais connaissent finalement des jours meilleurs. C’est un drame, une trahison, une insulte pour nous qui avions encore de l’espoir.

 Serge Olivier Atangi,



02/04/2013
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