Homosexualité: «Nous n'en voulons pas en Afrique» - L'éclairage de Mgr Victor Tonye Bakot, archevêque de Yaoundé
Yaoundé, 28 Janvier 2013
© Yvette MBASSI BIKELLE, Elise ZIEMINE | Cameroon Tribune
L'éclairage de Mgr Victor Tonye Bakot, archevêque de Yaoundé.
Monseigneur,
l'Ong Amnesty International vient de rendre public un communiqué dans
lequel elle s'érige en avocat de l'homosexualité dans le pays. La
pratique est pourtant interdite par les lois camerounaises. Que vous
inspire cette autre sortie destinée à étiqueter le Cameroun comme pays
«homophobe»?
Pour ceux qui ne le savent pas, la pratique de l'homosexualité est interdite par le Code pénal camerounais. D'ailleurs, je fustige la tendance courante dans les pays occidentaux à vouloir imposer comme trait culturel le mariage homosexuel.
C'est ce que j'appelle l'impérialisme culturel. En effet, si les dirigeants politiques et les parlementaires de nos pays africains optent pour le mariage pour tous, et pour l'adoption d'enfants par les couples homosexuels, que deviendra la famille? Avons-nous vraiment besoin de cette pandémie chez nous? Nous sommes déjà exposés et de nombreux maux tels que des épidémies, les inondations, la sécheresse, la famine et autres. Des facteurs qui portent atteinte à notre démographie. Et si en plus nous disons non à la procréation, que deviendra le Cameroun en particulier et l'Afrique en général?
Quelle est la position de l'Eglise catholique qui est au Cameroun sur l'homosexualité?
L'Eglise catholique est contre la pratique homosexuelle. Car elle falsifie l'anthropologie humaine et banalise la sexualité, le mariage et la famille qui sont les fondements de la société africaine. Bien plus, l'homosexualité est une violation flagrante de l'héritage que nos ancêtres, fidèles à l'hétérosexualité et à la famille nous ont légué. Encore que, le débat sur ce sujet pose la question de la sexualité dans sa dignité, son sens, son langage et sa finalité. Et face aux revendications des droits multiformes des praticiens (le droit au mariage légal, à l'adoption et à la procréation médicalement assistée), revendications qui s'appuient sur plusieurs concepts dont le principal est l'idéologie du genre s'opposant à la conception classique des notions de procréation. Je pense pour ma part, et telle est la position de l'Eglise, que la sacralité de l'identité sexuelle de l'homme et de la femme, créés à l'image de Dieu, doit être fermement enseignée comme position officielle de l'Eglise.
Pourtant au sein même de cette église, des informations crédibles circulent sur un certain nombre de bergers adeptes de cette pratique. Peut-on être à la fois prêtre de Jésus-Christ et homosexuel?
Il y a incompatibilité entre la pratique homosexuelle et le fait d'être prêtre. C'est pourquoi Rome a instruit aux recteurs des séminaires d'éloigner dans les rangs ceux qui ont des tendances homosexuelles. Par conséquent, l'Eglise punit sévèrement toute tendance homosexuelle qui pourrait se retrouver dans les rangs des futurs candidats au sacerdoce. Quant aux prêtres qui seraient homosexuels, personnellement, je n'en connais pas. Si vous avez des exemples vous pouvez me les citer. Mais pour autant que je sois informé de tout ce qui se fait, je pense savoir qu'il n'y a pas de prêtres homosexuels.
Dès qu'elle s'exprime sur des questions d'éthique sexuelle, l'Eglise catholique est taxée de rétrograde et d'anti progressiste. Ces attaques récurrentes risquent-elles de l'amener à revoir ses positions sur le sujet un de ces jours?
L'Eglise est experte en humanité. Ce qui veut dire qu'en ce qui concerne la famille, elle a qualité pour enseigner d'autorité. Sur un autre plan, l'homme et la femme ont le droit naturel d'assumer la spécificité de leur nature. Et quand l'Eglise l'enseigne, elle affirme également que c'est un droit inviolable, invariable, irréductible et structurant un droit à considérer dans le cadre du couple, de la sexualité et de la famille comme la base de la paternité chez l'homme et de la maternité chez la femme. L'orientation libre de la sexualité brandie par les promoteurs de l'homosexualité est une négation de ce droit.
L'Eglise défend le droit naturel. Je ne pense pas que le faire c'est être rétrograde. Ce sont plutôt ceux qui enseignent le contraire qui le sont. En tout état de cause, il ne faut pas que les déviations que nous constatons sous d’autres cieux, deviennent une loi pour d’autres aires culturelles. Je refuse l'impérialisme qui consiste à imposer des façons de penser et de faire à d'autres. Chaque culture a sa spécificité; son originalité et sa raison d'être.
Monseigneur, donnez-nous quelques bonnes raisons de ne pas suivre les occidentaux sur ce chemin.
Les occidentaux ont leur culture et les Africains ont la leur. Puisqu'il faut respecter le parallélisme de forme et puisqu'il faut dialoguer, dialoguons en proposant par-exemple la polygamie aux occidentaux comme ils nous proposent l'homosexualité. Si tel n'est pas le cas, que chacun reste dans son aire culturelle. En plus, je ne voudrais pas qu'une façon de faire propre à une culture devienne quelque chose qu'on peut exporter et imposer. Je refuse cette colonisation qui n'est qu'une de plus, et une de trop. Dans notre pays, la vie est sacrée. Quand un homme et une femme se marient, bien que ce soit par amour, c'est aussi et surtout pour avoir des enfants. Quel est ce mariage entre les personnes du même sexe qui manifestement refusent la procréation. Et au nom de quoi veulent-ils adopter les enfants qu'ils ont refusés de faire. Il ne faut pas blaguer avec les choses sérieuses. L'homosexualité détruit la sacralité du mariage et de la famille. Nous n’en voulons pas en Afrique.
Avec toutes ces pressions, ne faut t-il pas craindre que l'Occident par un moyen ou par un autre finisse par déstructurer le mariage civil sous nos cieux?
Les Africains ne doivent pas être des consommateurs des produis finis venus d'ailleurs. L'Afrique a droit à sa pensée propre. L'Afrique a une philosophie, une anthropologie. On n'a pas besoin de philosophie ou de sociologie d'emprunt pour vivre en Afrique. Nous ne devons pas penser que ce qui vient d'ailleurs est nécessairement meilleur, Ce qui vient d'ailleurs peut être très mauvais et nous devons le rejeter. Nous sommes Africains et nous connaissons la sacralité du mariage, de la vie et de la famille. Continuons à adopter et à respecter ces valeurs. Elles ont fait leurs preuves dans nos pays. Nous y tenons et nous en sommes fiers.
© Yvette MBASSI BIKELLE, Elise ZIEMINE | Cameroon Tribune
L'éclairage de Mgr Victor Tonye Bakot, archevêque de Yaoundé.
Pour ceux qui ne le savent pas, la pratique de l'homosexualité est interdite par le Code pénal camerounais. D'ailleurs, je fustige la tendance courante dans les pays occidentaux à vouloir imposer comme trait culturel le mariage homosexuel.
C'est ce que j'appelle l'impérialisme culturel. En effet, si les dirigeants politiques et les parlementaires de nos pays africains optent pour le mariage pour tous, et pour l'adoption d'enfants par les couples homosexuels, que deviendra la famille? Avons-nous vraiment besoin de cette pandémie chez nous? Nous sommes déjà exposés et de nombreux maux tels que des épidémies, les inondations, la sécheresse, la famine et autres. Des facteurs qui portent atteinte à notre démographie. Et si en plus nous disons non à la procréation, que deviendra le Cameroun en particulier et l'Afrique en général?
Quelle est la position de l'Eglise catholique qui est au Cameroun sur l'homosexualité?
L'Eglise catholique est contre la pratique homosexuelle. Car elle falsifie l'anthropologie humaine et banalise la sexualité, le mariage et la famille qui sont les fondements de la société africaine. Bien plus, l'homosexualité est une violation flagrante de l'héritage que nos ancêtres, fidèles à l'hétérosexualité et à la famille nous ont légué. Encore que, le débat sur ce sujet pose la question de la sexualité dans sa dignité, son sens, son langage et sa finalité. Et face aux revendications des droits multiformes des praticiens (le droit au mariage légal, à l'adoption et à la procréation médicalement assistée), revendications qui s'appuient sur plusieurs concepts dont le principal est l'idéologie du genre s'opposant à la conception classique des notions de procréation. Je pense pour ma part, et telle est la position de l'Eglise, que la sacralité de l'identité sexuelle de l'homme et de la femme, créés à l'image de Dieu, doit être fermement enseignée comme position officielle de l'Eglise.
Pourtant au sein même de cette église, des informations crédibles circulent sur un certain nombre de bergers adeptes de cette pratique. Peut-on être à la fois prêtre de Jésus-Christ et homosexuel?
Il y a incompatibilité entre la pratique homosexuelle et le fait d'être prêtre. C'est pourquoi Rome a instruit aux recteurs des séminaires d'éloigner dans les rangs ceux qui ont des tendances homosexuelles. Par conséquent, l'Eglise punit sévèrement toute tendance homosexuelle qui pourrait se retrouver dans les rangs des futurs candidats au sacerdoce. Quant aux prêtres qui seraient homosexuels, personnellement, je n'en connais pas. Si vous avez des exemples vous pouvez me les citer. Mais pour autant que je sois informé de tout ce qui se fait, je pense savoir qu'il n'y a pas de prêtres homosexuels.
Dès qu'elle s'exprime sur des questions d'éthique sexuelle, l'Eglise catholique est taxée de rétrograde et d'anti progressiste. Ces attaques récurrentes risquent-elles de l'amener à revoir ses positions sur le sujet un de ces jours?
L'Eglise est experte en humanité. Ce qui veut dire qu'en ce qui concerne la famille, elle a qualité pour enseigner d'autorité. Sur un autre plan, l'homme et la femme ont le droit naturel d'assumer la spécificité de leur nature. Et quand l'Eglise l'enseigne, elle affirme également que c'est un droit inviolable, invariable, irréductible et structurant un droit à considérer dans le cadre du couple, de la sexualité et de la famille comme la base de la paternité chez l'homme et de la maternité chez la femme. L'orientation libre de la sexualité brandie par les promoteurs de l'homosexualité est une négation de ce droit.
L'Eglise défend le droit naturel. Je ne pense pas que le faire c'est être rétrograde. Ce sont plutôt ceux qui enseignent le contraire qui le sont. En tout état de cause, il ne faut pas que les déviations que nous constatons sous d’autres cieux, deviennent une loi pour d’autres aires culturelles. Je refuse l'impérialisme qui consiste à imposer des façons de penser et de faire à d'autres. Chaque culture a sa spécificité; son originalité et sa raison d'être.
Monseigneur, donnez-nous quelques bonnes raisons de ne pas suivre les occidentaux sur ce chemin.
Les occidentaux ont leur culture et les Africains ont la leur. Puisqu'il faut respecter le parallélisme de forme et puisqu'il faut dialoguer, dialoguons en proposant par-exemple la polygamie aux occidentaux comme ils nous proposent l'homosexualité. Si tel n'est pas le cas, que chacun reste dans son aire culturelle. En plus, je ne voudrais pas qu'une façon de faire propre à une culture devienne quelque chose qu'on peut exporter et imposer. Je refuse cette colonisation qui n'est qu'une de plus, et une de trop. Dans notre pays, la vie est sacrée. Quand un homme et une femme se marient, bien que ce soit par amour, c'est aussi et surtout pour avoir des enfants. Quel est ce mariage entre les personnes du même sexe qui manifestement refusent la procréation. Et au nom de quoi veulent-ils adopter les enfants qu'ils ont refusés de faire. Il ne faut pas blaguer avec les choses sérieuses. L'homosexualité détruit la sacralité du mariage et de la famille. Nous n’en voulons pas en Afrique.
Avec toutes ces pressions, ne faut t-il pas craindre que l'Occident par un moyen ou par un autre finisse par déstructurer le mariage civil sous nos cieux?
Les Africains ne doivent pas être des consommateurs des produis finis venus d'ailleurs. L'Afrique a droit à sa pensée propre. L'Afrique a une philosophie, une anthropologie. On n'a pas besoin de philosophie ou de sociologie d'emprunt pour vivre en Afrique. Nous ne devons pas penser que ce qui vient d'ailleurs est nécessairement meilleur, Ce qui vient d'ailleurs peut être très mauvais et nous devons le rejeter. Nous sommes Africains et nous connaissons la sacralité du mariage, de la vie et de la famille. Continuons à adopter et à respecter ces valeurs. Elles ont fait leurs preuves dans nos pays. Nous y tenons et nous en sommes fiers.