Hommage ékang à Théophile Abéga - L’essani d’Abéga Mbida… Dr Abéga - par Vincent Sosthene FOUDA

11 DEC. 2012
© Prince FOUDA MENYU M’EWONDO | Correspondance

Quoi ? Que dit le tamtam ? Qu’annonce le roulement du tambour, au-delà du Mfoudi et de la Mefou les deux grandes rivières du village ! Abéga Mbida n’est plus, il a cassé sa pipe d’un coup sec, la gorge nouée par la douleur dans cet océan de larmes.

L’essani d’Abéga Mbida… Dr Abéga

Ekang bëse biso elang elang ééé!
Ééé éee!
Ekang bëse biso elang elang ééé!
Ééé ééé!
Beti benanga m’asug Ekang éée!
Eée éée ééé ééé
Melo’o m’abah,
Maba yi fo
Ekang bolo’o
Esagom
Madzo nna Ekang bolo’o
Esagom
Mëne Ekang mbolo
Esagom
Esangom mbo betoa
Yaaaaaaaaaa!

Quoi ? Que dit le tamtam ? Qu’annonce le roulement du tambour, au-delà du Mfoudi et de la Mefou les deux grandes rivières du village ! Abéga Mbida n’est plus, il a cassé sa pipe d’un coup sec, la gorge nouée par la douleur dans cet océan de larmes. Devant toi, l’extraordinaire sonde de nos traditions. Awu, que reste-t-il de la nuit quand meurt à petit feu la veillée des belles ? Le fils de Mbida Adolphe et d’Abomo Madeleine. Que reste-il ? Rien que le silence/Rien que gestes et tendresse/Rien que frissons/ Gestes et Frissons, tu nous en as tellement donnés sur les stades et dans les gradins. Et maintenant que reste-t-il ? Frissons et cendres, oui une poignée de terre, une poignée d’argile, une rasade d’eau pur et de lait, cette enivrante odeur de terre mouillé !

Beaucoup de choses se disent, c’est un homme politique qui est parti, mais ici au village, ce que nous dit le tamtam, le nkul-awu qui relate tes épopées, là derrière la case, loin dans la clairière nous retenons que c’est le professionnel du ballon rond, le chirurgien du football qui s’en est allé. Nous dansons l’Esani des Seigneurs de la Forêt et nous faisons traverser nos larmes au-delà des deux rivières pour parler au Cameroun, pour parler à l’Afrique, pour parler au monde car la radio, la presse et la télévision ont remplacé le tamtam d’autrefois.

Génie des stades moins qu’un dieu, parce que seul les dieux ne meurent pas ! Canon contre Hafia de Conakry, les femmes qui aujourd’hui parlent des affaires d’homme en mangeant la vipère ! Amaala disent que ce fut la plus belle légende de toi ! Oyenga ! Finalement les mortels disent que nous resterons toujours inconsoalbres face à un décès ! Les larmes ont beau couler, au rythme d’un torrent, elles ne rempliront jamais nos rivières asséchées !


Nya mebala nyé onga yebè ? Essani

=> http://www.youtube.com/watch?v=q9HtaLUxRNU


Aussi comme je suis de ces mortels, ma voix tonne autour de ces évocations, pour ranimer le souffle parti afin que les générations futures suivent le sillon, disent non à la lâcheté et que leurs paumes de mains s’ouvrent sans cesse pour atteindre le point d’ensemencement du dire et du faire.

Dr Abéga, nous t’avons tous vu te déporter balle au pied du milieu de terrain vers la surface adverse que nous avons pensé que tes pieds n’étaient point de glaise ! Rodant parmi les murs dits de réparation, incompréhensible pour les esprits de poésie, tu as immortalisé des passes, des dribles, des accélérations et des coups de reins, nous enfermant dans la gloire et l’extase d’un jeu devenu chez nous un patrimoine culturel. Que diable ! Aurais-tu donc disparu sans laisser d’héritier ? Devons-nous dire que la mort est une crise de relation ? Celle de toi avec le public, ton public ? Abéga c’est à ce public que tu as réservé ton dernier drible mais si je comprends le jeu tu viens de marquer contre ton camp puisque c’est une sourde clameur qui monte dans ton camp et au milieu de tes coéquipiers ! Ni Milla, ni Ebongué, ni Aoudou, ne courent se jeter sur toi pour célébrer ce but ! Non ! La mort est-elle donc si aveugle au point de tenir prisonnier une si belle légende ?

Oui mais un homme fut-il un dieu des stades mourant n’a que faire des pleurs et des gémissements ! Il n’a que faire de l’art quand bien même la cuvette de Nfandena est ballayée par un vent chaud de tendresse, de lait d’eau et d’eau de vie. Pour une fois, mais une fois seulement, le salut n’appartient pas aux artistes et aux icônes.


Nya mebala yi onga yebe ? Essani

Dr Abéga, je n’ai pas perdu foi pour si peu de chose ! Car voici le temps de l’ultime révélation, ce temps tant chanté par Tahar Ben Jelloun, « l’amitié est ce qui se souvient de l’amour », c’est en amoureux et en ami que je suis là l’un ne surpassant pas l’autre. C’est en frère et en rival aussi que je suis là car nos deux collines se sont toujours faites face ! J’attends ici, devant la tristesse qui me noue les entrailles. Mélancolique. Par le grand spectacle que nous a offert ton talent sans effacer ta personne, tu as allégé le poids et les ossatures sombres de nos vies. J’ai pris la parole en voisin de l’autre colline car dit-on la perdrix qui vient toujours se nicher au sommet du fromager à l’entrée de l’Aba’a Ekang, si elle n’est point neveu alors elle est oncle !


Je vous restitue la parole

Ekang bëse biso elang elang ééé!
Ééé éee!
Ekang bëse biso elang elang ééé!
Ééé ééé!
Beti benanga m’asug Ekang éée!
Eée éée ééé ééé
Melo’o m’abah,
Maba yi fo
Ekang bolo’o
Esagom
Madzo nna Ekang bolo’o
Esagom
Mëne Ekang mbolo
Esagom
Esangom mbo betoa
Yaaaaaaaaaa!

=> http://www.youtube.com/watch?v=q9HtaLUxRNU

Prince FOUDA MENYU M’EWONDO



13/12/2012
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