Histoire de Jean Fochivé le sinistre
Source: Camerounlink 12 12 2019
Jean Fochivé a beaucoup aidé Koagne Donatien. C’est de là que viendra sa chute. Koagne Donatien avait pris le contrôle sur lui.
Seule la prononciation de son nom faisait perdre le sommeil à plus d’un. C’est l’histoire du policier le plus craint de l’histoire du Cameroun. Il avait les yeux et les oreilles partout.
Jean Fochivé est un haut fonctionnaire et homme d’état camerounais. Né en 1931 et mort en avril 1997.
Jean Fochivé Féwou, né Aboubakarim Fochivé Fokou est originaire du Noun, à l’Ouest du Cameroun. Il est né en 1931.
Il est connu pour avoir été le premier policier du Cameroun. Il a aussi dirigé les services du renseignement camerounais; le CENER. Il entre dans la fonction publique camerounaise alors qu’il a à peine 20 ans. À partir de décembre 1961 jusqu’en 1971, Fochivé a été chef de département au Service d’Études et de la Documentation (SEDOC), chargé de la sécurité présidentielle. En tant que directeur de la sécurité présidentielle, il était à la tête de la garde républicaine avec poste de commandement militaire à la présidence. En 1971, Fochivé a été relevé de ses fonctions de directeur de la sécurité présidentielle, mais a maintenu sa position de directeur du SEDOC, qui deviendra Direction Générale d’Études et de la Documentation (DIRDOC).
Il y a servi jusqu’en 1983 et avec l’arrivée de Paul Biya, il a été nommé ambassadeur en Chine. Il sera mis à l’écart pendant 5 ans.
En avril 1989, le président Paul Biya l’a renommé au poste de Chef du service du renseignement au Centre National des Études et des Recherches (CENER) (devenu Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) après 1984). Fochivé devint plus tard Délégué général pour la sécurité nationale, où il est resté jusqu’en 1996.
Chef de la police politique camerounaise depuis le lendemain de l’indépendance, il était craint des Camerounais pour la réputation d’avoir réprimé les maquis des Grassfields et sa lutte acharnée contre l’UPC dans les années 1960. En période de crise sociale, les 2 présidents Ahidjo et Biya ont toujours fait appel à ses services pour ramener l’ordre et la sécurité avec un certain succès.
Affublé des sobriquets les plus prejoratifs, il sera désigné comme le commanditaire des opérations telles que : l’incendie du marché Congo à Douala, la tragédie du train de la mort, l’arrestation de monseigneur Ndongmo et la condamnation à mort de Ernest Ouandié.
Accusé d’entretenir des relations avec des escrocs camerounais à l’étranger, il perd la confiance de Paul Biya qui le démet de ses fonctions en 1996. Il décède à Yaoundé en avril 1997.
René Owona dit barbe dur fut le dernier à voir Jean Fochivé vivant. Après un rendez-vous avec Fochivé dans sa résidence à la vallée de la mort, Fochivé fut subitement pris d’une crise cardiaque à la sortie de son hôte et rendit l’âme.
L’écrivain Frédéric Fenkam, en même temps qu’il remet en doute la version concluant à une mort naturelle de Jean Fochivé des suites d’une « crise cardiaque », évoque quelques pistes qui laissent soupçonner un assassinat politique.
A l’en croire,le père Foch détenait des informations précieuses sur des évènements troubles survenus à Bamenda où plusieurs attaques avaient été commises les 28 mars 1997 sur des objectifs civils et militaires. Alors que ces agressions étaient attribuées à des sécessionnistes anglophones, l’ex-DG du CENER aurait obtenu des renseignements incriminant des personnalités proches du régime de Yaoundé. Il avait alors entrepris d’en informer le Chef de l’Etat par l’entregent de son entourage. Ce qui pourrait justifier sa fameuse rencontre avec René Owona, Conseiller Spécial de Paul Biya. Pour l’auteur de Les révélations de Jean Fochivé, il ne fait aucun doute que la mort de JF soit liée au fait qu’il ait démasqué les commanditaires des incidents de Bamenda. Ces conspirateurs, tapis dans l’ombre et soucieux de se protéger, auraient alors piloté la liquidation du vieux barbouze.
Le vendredi 25 avril 1997, lorsque le corbillard transportant la dépouille mortelle de Fochivé en provenance de Yaoundé se dirige vers Foumban ; on observa des scènes surréalistes. A partir de Foumbot, on vit la foule fuir à l’approche du cortège funèbre pour aller se cacher dans les maisons et s’embrigader. Il se disait alors que l’esprit de Fochivé ne voulait pas partir seul ; il voulait emmener plusieurs personnes avec lui. C’est ainsi qu’à l’approche du cortège les riverains se terrèrent dans les maisons et les plantations. A l’arrivée de la dépouille au carrefour Foumban, l’un des grands murs de la clôture qui entourait le palais royal s’effondra de manière inexplicable. Pour les notables bamoun, qui devisaient avec le Sultan à ce moment-là, cet
t événement bizarre ne pouvait être fortuit. D’autant que le mur s’est effondré du côté où se trouvait le salon d’accueil du Sultan dans lequel le roi et ses notables attendaient la dépouille du « père Foch ».
Le samedi 26 avril, la dépouille de Fochivé est présentée dans la cour familiale comme le veut la coutume. Il y a là une foule nombreuse ; constituée de villageois, policiers, membres de la famille, autorités traditionnelles, autorités administratives : Ahmadou Mustapha ( ministre de l’urbanisme et de l’habitat), Gilbert Andzé Tsoungui ( ministre de l’administration territoriale), Augustin Kontchou Koumegni ( ministre de la communication), Francis Kwain ( ministre délégué aux Relations extérieures), Simon Achidi Achu( ancien premier ministre), Tchouta Moussa ( DG de l’office national des ports du Cameroun), Niat Njifendji ( DG de la SONEL), Joseph Kadji , Fotso Victor etc…
Au moment où le frère de Fochivé se lève pour prendre la parole et entamer la série de discours prévues par le programme des obsèques, il se produit un événement mystérieux. On entend un immense vacarme assourdissant, on aurait dit le ronflement d’un avion invisible.
Le vacarme devient progressivement intense, insoutenable et semble se rapprocher de la foule. C’est la débandade générale. La foule se lève et se disperse en hurlant. Certains policiers se sont enfuis en laissant leurs armes sur place. On assiste à des bousculades. Dans ce, tumulte on dénombre plusieurs blessés.
Ce vacarme bizarre va se diriger vers le domicile de Moise Mouiche, successeur de Fochivé à la tête de la police et va terroriser la famille et les voisins pendant de longues minutes, ne s’arrêtant qu’après une énergique intervention des vieux sages bamoun. De quoi s’agissait-il ? les vieux sages bamoun qui ont assisté à la scène affirmaient que c’était le « totem » de Jean Fochivé qui venait régler ses comptes avec le sultan Bamoun (d’où l’effondrement inattendu de la clôture) et avec son ancien collègue et rival Moise Mouiche. Du temps d’Ahidjo, il avait d’ailleurs fallu organiser une réunion au sommet pour mettre de l’ordre et ramener le calme entre les deux hommes.
Le calme revenu, la cérémonie a pu se poursuivre et Fochivé a été enterré. Dès qu’il fut porté en terre, une immense pluie accompagnée d’un vent violent s’abattit sur la ville.
Dr Arol KETCH
Source : Autres