HAUTE CORRUPTION ET ARNAQUE : JUGES ET GENDARMES PRIS EN FLAGRANT DÉLIT :: CAMEROON

Cameroun - Haute corruption et arnaque : Juges et gendarmes pris en flagrant délitLeurs tactiques consisteraient à exiger aux braqueurs et accidentés de la route des sommes mirobolantes s’ils désirent voir leurs cas traité avec diligence.

Comment Transparency International avait-il réussi à reconnaitre que le Cameroun était à une certaine époque, même si les choses n’ont pas beaucoup évolué, que ce pays était parmi les plus corrompus au monde au point de le classer premier pendant deux années consécutives ? Chercher à répondre à cette question revient tout simplement à observer ce qui se passe au quotidien dans la vie de nombreux camerounais pour se rendre à l’évidence de l’impact de ce fléau dans leur vie. La corruption reste finalement et fatalement une identité remarquable du Cameroun.

Malgré les pressions internationales et de nombreux plans ou lois de lutte contre la corruption, la pratique n’a pas bougé d’un iota dans la vie de tous les jours au Cameroun, puisque, depuis 2004, des statistiques prouvent à suffire que plus de 50 % des ménages camerounais ont reconnu avoir versé au moins un pot-de-vin, peu importe le nom qu’on lui donne : gombo, bière, taxi, carburant, tchoko, Makalapati, motivation. Sur toutes les sphères de l'État, les fonctionnaires seraient corrompus. Dans certains cas, les agents publics, pour obtenir leur poste ou être mutés, doivent être «parrainés » ou «aidés». Cette "motivation" peut servir à obtenir un passe-droit.

Mais, en général, elle sert à décrocher un simple droit. D'après Transparency International, chaque ménage camerounais aurait dépensé environ 102 500 Fcfa (156 euros) en moyenne et cela représenterait du tiers au cinquième des revenus des ménages les moins aisés. La même source précise que les institutions suivantes seraient les plus corrompues : 31 % système judiciaire, 14 % la police et la gendarmerie, la douane, les impôts, la forêt et la faune et bien plus d’autres administrations. Au moment où Transparency International établissait ce classement, ils étaient nombreux à considérer ce fait comme une vérité, mais ils étaient encore plus  nombreux à jeter aux gémonies cette Ong, surtout les corps et les structures cloués au pilori. Mais les faits sont têtus et implacables. Les deux  corps que sont le système judiciaire, la police et gendarmerie occupent le haut du pavé.

BUCAVOYAGES

Ces deux corps se complaisent dans cette situation au point que dans le département de la Sanaga maritime, région du Littoral, ils auraient franchi le rubicon de la bêtise. Pour peu que vous soyez victime d’un accident de circulation et que, comme on dit du chat, vous ayez sept vies et tentiez de solliciter l’expertise d’un élément de ce corps, vous ne vous rendrez compte que trop tard lorsqu’on vous aura extorqué de l’argent et même beaucoup d’argent. Si vous avez des doutes, prenez attache avec des responsables de Bucavoyages ou de M. Mbenti, chauffeur du bus baptisé «Bucavoyages» qui, il y a peu, aurait été à l’origine d’une espèce de carambolage ayant mis en scène un camion remorque et le bus « Lions Indomptables » appartenant à la Fecafoot et un autre bus appartenant à l’agence «la Kribienne» dont le conducteur trouvera la mort.

Une fois que le constat ait été fait par les éléments de la brigade routière d’Edéa, le commandant Djoko qui dit à qui veut l’entendre qu’il est le protégé du général Mambou Defo, aurait fait tomber le masque. Il aurait exigé de M. Mbenti, chauffeur de Bucavoyages la rondelette somme de 500 000 FCFA. Ce que malheureusement n’avait pas ce chauffeur. Et comme on pouvait l’imaginer, il aurait été déféré. Ayant été briefé par le commandant Djoko, le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Edéa, se serait alors chargé d’enfoncer et d’accabler davantage M. Mbenti, chauffeur mis en cause par le biais des allusions alambiquées qui auraient fini par briser sa résistance.

Ce dernier consentira de débourser 250. 000 FCFA, histoire de « payer » sa liberté. Mais le malheureux Mbenti ne sera pas au bout de ses peines. Car, le commandant Djoko, adjudant chef de son état, aurait retenu le permis de conduire de la victime jusqu’à ce qu’il aurait aussi consenti de lui verser sa part de «gombo» soit 250. 000 Fcfa comme initialement prévu au départ.

 

LIBERTÉ

S’il vous arrive d’être pris pour quelque motif que ce soit dans le territoire de la Sanaga Maritime, pour peu que vous «parlez bien», vous recouvrez immédiatement votre liberté. Le tandem Djoko, le procureur de la République fonctionnerait à merveille. La mesquinerie est si forte que même les accidentés de l’axe-lourd Douala - Yaoundé passent aux cribles de ces deux personnalités. C’est en raison de cela que le commandant Djoko, comme pour faire croire à l’opinion qu’il travaille avec dévouement, est toujours sur le terrain dès qu’un accident est signalé. N’allez surtout pas croire que c’est spécialement pour la bonne cause. L’argent n’a pas d’odeur et puis, qui osera résister face à un commandant de brigade ou face à un procureur de la République dès lors que la prison vous guette ? Les autorités compétentes sont vivement interpellées.

Surtout le procureur général près la Cour d’appel du Littoral, pour cette pratique qui gagne en ampleur dans cette partie du pays, comme si c’était un no man’s land. Au-delà de ces gestes vils et isolés, il existe pourtant certains magistrats, des officiers de nos forces de défense et de police, des jurées, des hommes et des femmes dont la probité morale ne souffre d’aucune contestation. Étonnamment, ce sont ces espèces en voie de disparition qui essuient des quolibets, pour ne s’être pas sali les mains.

© Le Soir : Severin Bouébè


27/08/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres