Hausse des prix des bières: Bras de fer entre le gouvernement et la Guinness
YAOUNDÉ - 10 Avril 2012
© Adrienne Engono | Mutations
Cette entreprise brassicole a augmenté sa grille tarifaire de 10%. Un communiqué du ministère du Commerce lui demande d’y surseoir.
© Adrienne Engono | Mutations
Cette entreprise brassicole a augmenté sa grille tarifaire de 10%. Un communiqué du ministère du Commerce lui demande d’y surseoir.
Le secrétaire général du ministère du
Commerce, Kaman Oumar, a saisi la société Guinness hier lundi. Dans
cette correspondance, l’administration en charge des prix demande à la
société brassicole de surseoir à l’augmentation des prix de ses
produits. De cette lettre, il ressort que Guinness n’a pas respecté les
conclusions de la réunion du 28 mars 2012 au cours de laquelle avait
été examinée sa proposition de réviser la grille de prix de ses
produits. A l’issue de cette rencontre, apprend-on, aucun consensus
n’avait pas été trouvé entre les deux parties.
Seulement, Guinness est passée à l’action le 1er avril dernier: 10% de hausse sur chaque produit. Ainsi, au lieu de 800 Fcfa, il faut désormais débourser 850 Fcfa pour une bouteille de Guinness de 65cl et 600 Fcfa au lieu de 500 Fcfa pour une bouteille de Gold Harp de 65 cl. Dans le même temps, les produits tels que Malta Quench, Malta Guiness, Smirnoff Ice, Satzembrau, Pilsner Pride et Gordon Spark connaissent chacun une hausse de prix de 50 Fcfa. Sur la grille tarifaire que la Guinness a fait parvenir à ses partenaires, les propriétaires des débits de boissons, Joseph Togo, le directeur des ventes de la société brassicole, explique ainsi la décision: «Afin de nous ajuster à l’inflation endémique qui s’applique sur un grand nombre de nos matières premières sur le marché international, il nous est apparu nécessaire de procéder à une révision de la grille des prix des produits Guinness sur l’ensemble du territoire camerounais». UN argument balayé par le ministère du Commerce. En effet, dans la correspondance adressée hier au Dg de Guiness Cameroon, le secrétaire général de ce ministère soutient que la hausse des prix des intrants présentés comme justificatif par la Guinness «est sujette à caution». Car, précise-t-il, «les prix des carburants et du sucre soumis à l’homologation préalable par l’administration sont restés constants au cours des trois dernières années». Rebelote Ce nouveau bras de fer entre Guinness Cameroon et le gouvernement camerounais rappelle celui de 2009. En effet, cette année-là, la filiale camerounaise du groupe Diageo avait envisagé d’augmenter les prix de ses produits dès le mois de juin. Des concertations entre les responsables de Guinness et du ministère du Commerce avaient débouché sur une suspension de l’intention de Guinness. Mais l’entreprise était revenue à la charge à partir du 16 novembre 2009 en révisant à la hausse les prix de ses produits. Ce qui avait provoqué le courroux du ministre du Commerce qui avait alors saisi par correspondance datée du 19 novembre 2009, la direction générale de Guinness Cameroon, en ces termes: «A l’appui de votre décision, vous invoquez le fait qu’après plusieurs mois d’échanges et d’explication avec les autorités, vous avez constaté qu’il n’y avait aucun blocage de principe au changement de prix envisagé. Vous me permettez de m’inscrire en faux contre cette dernière affirmation, tant il est vrai qu’à l’occasion des derniers échanges entre votre société et l’administration, celle-ci vous a clairement signifié l’inopportunité des hausses de pris envisagées, au regard notamment du contexte économique et socio-politique de l’heure (…) Par votre décision unilatérale (…) vous foulez au pied, une fois de plus, les textes régissant l’activité commerciale au Cameroun (…) rendant obligatoire le dépôt préalable des barèmes des prix de certains produits de grande consommation». Argumentaire à la suite duquel Luc Magloire Mbarga Atangana avait alors déclaré «nuls et de nul effet», les nouveaux prix alors fixés par Guinness Cameroun, «parce que non communiqués à l’administration dans les formes et les délais prescrits par la réglementation en vigueur». Cette fois-ci, les mêmes causes vont-elles produire les mêmes effets? |
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