Alors qu’on croyait les vélléités contestataires conséquentes à la hausse des prix des produits hydrocarbures définitivement tues, les confédérations syndicales nationales ne semblent guère avoir adhéré à la mise en branle des premières mesures d’accompagnement du gouvernement.
Quand bien même les mesures d’accompagnement semblent avoir atténué les effets induits de la hausse des prix des produits hydrocarbures à la pompe, les partenaires du gouvernement et singulièrement les confédérations syndicales n’en sont pas satisfaits. A preuve, lesdites mesures limitatives à souhait l’auront été de manière unilatérale écartant ainsi toute possibilité de prise en compte effective des exigences desdits partenaires sociaux. Suffisant pour exacerber leur courroux et susciter la mutation du préavis de grève adressé au président de la république le 02 juillet dernier, en annonce de l’effectivité de celle-ci pour le 28 juillet 2014, avec l’implication de toutes les composantes socioéconomiques nationales. Autant la menace se veut réelle et à prendre au sérieux, autant elle est assortie de la signature de l’ensemble des organisations syndicales nationales de premier plan. Toutes choses qui indiquent clairement, qu’en apportant des solutions parcellaires confinées à la seule hausse des prix, le gouvernement ignorait à l’occasion les préoccupations ou mieux les aspirations légitimes des travailleurs camerounais. Préoccupations pourtant clairement exprimées par ces derniers sous la forme d’exigences minimales à satisfaire avant l’application effective de la hausse unilatérale décidée le 30 juin dernier et ayant aussitôt pris effet, question de mettre les populations devant le fait accompli. Et quand bien même on voulut leur faire croire qu’il suffisait de saupoudrer leurs revenus, il s’en est immédiatement suivi une dilution de ce saupoudrage, avec le relèvement de certaines dépenses telles celles inhérentes au coût du transport.
Bras-de-fer
En ignorant ainsi ses partenaires sociaux, l’Etat leur a inéluctablement concédé l’occasion d’engager contre lui un véritable bras de fer dans l’optique d’une renégociation des mesures d’accompagnement à adjoindre à toute hausse des prix des produits à la pompe comme précédemment convenu, au sortir des émeutes de la faim de fin février 2008 qui débouchèrent sur le gel desdits prix, six ans durant. Aussi lesdits partenaires en sont-ils à édicter des préalables nouveaux tenant d’entrée de jeu de la suspension de la hausse des prix des produits hydrocarbures à la pompe et de l’élaboration d’un nouveau cadre de négociations devant statuer sur les dispositions réglementaires devant régir la sécurité sociale et instaurant un code de travail révisé. En marge de ces préalables, de nouvelles exigences ont été formulées, notamment le relèvement du Smig, la réaffectation de la part de la subvention levée dans des projets de développement pour doper la création d’emplois nouveaux, l’exonération de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (Irpp) sur l’indemnité de fin de carrière, la négociation des salaires dans la fonction publique, le paiement des droits sociaux des ex-employés de l’Etat, l’application des conventions collectives, le déplafonnement des cotisations sociales, etc. A l’analyse, l’Etat ne saurait satisfaire toutes ces exigences pour lesquelles il lui faut disposer de disponibilités financières conséquentes qu’il na pas. Dès lors, on s’achemine vers un nouvel affrontement entre les deux partenaires, tant la non satisfaction desdites exigences justifiera au soir du 27 juillet prochain, la mise en branle d’une grève générale que redoute bien évidemment l’Etat.
Au total, en mettant littéralement la charrue avant les bœufs, l’Etat a inéluctablement créé les conditions d’une implosion sociale qu’il lui sera difficile de canaliser, si d’aventure les confédérations syndicales nationales obtenaient l’adhésion effective de leurs membres respectifs. Une paralysie dont le coût induit, constituera par ailleurs des pertes d’opportunités financières réelles pour l’Etat. Toutes choses qu’il aurait pourtant évitées pour peu qu’il se fut conformé à la concertation préalable avec ses partenaires sociaux.