Hara-kiri à venir :: CAMEROON

 

Cameroun : Hara-kiri à venir::CameroonPLUS QUE JAMAIS, le remaniement ministériel devrait être à l’ordre du jour, dès le retour de Paul Biya qui certainement aura échappé aux pressions multiformes, au sortir de la prolongation de son séjour bruxellois, après le sommet Ue – Afrique. Mais au regard de l’échec lamentable imputable à bon nombre de ses collaborateurs, ledit remaniement pourrait avoir des allures d’un hara-kiri qui cache mal son nom. 

En fait, l’accumulation de frasques desdits collaborateurs du Chef de l’Etat devrait l’obliger à se départir de ces derniers, pour non seulement garder sauve sa main mise sur le pouvoir exécutif et taire les récriminations légitimes de ses partenaires au développement qui comprennent plutôt mal le sursis prolongé de certains desdits collaborateurs. Aussi en vient-on à croire qu’en marge du véritable tsunami gouvernemental qui s’annonce, Paul Biya devrait faire amende honorable, même s’il tiendrait à certains des partants inéluctables en raison de leur loyalisme (?). 

Et analyse faite, à moins pour lui d’obéir à une logique privilégiant la navigation à vue, l’heure est venue d’impulser la dynamique qui s’impose dans l’optique de se donner davantage de chances pour atteindre l’objectif d’émergence devant être échu en 2035. Sauf pour lui de ne pas s’y astreindre, alors il continuera à alimenter cette navigation à vue qui rend opaque la lisibilité de sa vision, singulièrement celle socioéconomique par ailleurs desservie par une absence totale de planification opérationnelle. A titre d’illustrations, la mise en oeuvre de nombreux chantiers qui devraient booster la croissance et à en assurer la durabilité requise aura été décalée sinon repoussée à maintes reprises. 

Toutes choses qui, à défaut de diluer la portée réelle desdits chantiers l’aura confinée plus à un rôle de faire-valoir. Pire encore, en choisissant délibérément de distribuer à tour de bras prébendes et autres artifices du même genre pour obtenir l’aval tacite de ceux qui se meuvent dans les rares institutions qu’on peut effectivement mettre en branle, on feint volontiers d’ignorer les forts relents de corruption qu’une telle option charrie. Bien évidemment, ceux qui y gagnent au change, sont ces collaborateurs qui ont fini par se convaincre du caractère indécrottable que semblait leur concéder leur longévité au sein du gouvernement et essentiellement articulée sur quelque clientélisme institutionnel de mauvais aloi. Or, dans un tel environnement plutôt vicié, il est difficile d’entrevoir quelque éclairci tenant de quelque propension à l’initiative au détriment de cette fonctionnarisation décriée et reconnue par le chef de l’Etat lui-même. 

Dès lors, il devient évident que répondant par ailleurs de cette inertie congénitale de ses collaborateurs, il devra conséquemment se faire hara-kiri au moment d’en évincer quelques uns. Et ce ne sera que logique, même s’il peut toujours compter sur sa capacité à braver lobbies et autres cercles ésotériques qui croient le tenir de quelque manière. Avec une telle réalité, on comprend aisément pourquoi l’expectative n’en est que plus grande au sein du sérail. Surtout qu’il est annoncé, à la suite du remaniement, une véritable épuration des gestionnaires indélicats encore aux affaires. Mais faisant malheureusement fi des récriminations et réserves afférentes à l’Opération Epervier qui sous tend cette épuration, l’on continue de la vêtir d’un voile discriminatoire qui en altère conséquemment l’objectivité première. 

Aussi urge-t-il pour Paul Biya de se positionner définitivement dans la mouvance qu’induit la pleine réalisation ses propres objectifs à savoir, le renforcement de la démocratie avec le bouclage de la mise en place des institutions républicaines au sens premier du terme et l’avènement à date de l’émergence. Toutes choses qui bien évidemment s’accommodent mal de considérations discriminatoires ou ce qui en tiendrait lieu. En somme, Paul Biya devra tenir plus que par le passé ses engagements en pourfendant conséquemment les tergiversations qui alimentent la formation d’un nouveau gouvernement longtemps attendu. 

 

Sinon,  il y a un fort risque qu’il retombe dans les mêmes travers qui ont fini de l’assimiler à un réactionnaire au lieu de l’acteur qu’il devrait être en tout temps. Car, sauf pour lui de nous faire penser qu’en évoquant cette inertie, il voulait davantage se mettre en marge des ratés qui pourraient lui être également attribués dans l’optique d’oeuvrer effectivement au mieux-être légitime des populations. Au final, connaissant l’attachement de l’homme à son pouvoir, il se refusera très certainement à l’éventualité d’un hara-kiri en réalisant comme à son habitude un savant dosage hétéroclite et tout aussi inefficace comme l’auront inéluctablement été les différentes équipes gouvernementales jusqu’ici. 

Car, plus que la performance attendue de ses collaborateurs, il semble plutôt privilégier leur loyalisme ou plus exactement l’aliénation de leur libre conscience. Une sorte d’asservissement qui leur garantit mieux que toute autre chose, longévité et impunité  quand bien même les populations attendent plutôt des solutions probantes à leurs préoccupations existentielles. 

Ainsi va le Cameroun, ballotté entre un hypothétique harakiri et l’impératif d’entamer une révolution, fut-elle de palais au travers du jeu de chaises musicales si cher à Paul Biya. 

 

© Aurore Plus : Michel Michaut Moussala


25/04/2014
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