Halte aux ingérences de la « prétendue Communauté Internationale »
Daniel ANTONINI
PS
En
Biélorussie, le président Loukachenko vient d'être réélu président avec
plus de 70% des voix. Immédiatement, les forces de droite, brandissant
le sinistre drapeau de l'impérialisme européen, descendent dans la rue
pour contester l'élection.
Le crime de Loukachenko est en effet
impardonnable : comme nous l'apprend l'inénarrable Pujadas, toujours aux
avant-postes du conformisme européiste et de l'anticommunisme le plus
grossier, Loukachenko est un ancien membre du PCUS, il n'a pas fait
déboulonner les statues de Lénine, l'économie est toujours collectivisée
et planifiée, l'industrie biélorusse n'a pas disparu, la Biélorussie
refuse d'adhérer à l'UE et à l'OTAN, elle entretient des rapports
fraternels avec la Russie et, chose rarissime dans la belle Europe
actuelle, « les salaires et les retraites sont toujours payés
rubis sur l'ongle ce qui garantit à cet ancien directeur de kolkhoze une
grande popularité chez les petites gens » (phrase entendue ce
soir même, sur un ton de reproche, au 20 h de France II) !). Ce qui bien
entendu est très mal quand on voit l'U.E., poussée par le FMI du « socialiste » Strauss-Kahn et par l'Internationale « socialiste » de Papandréou, imposer partout de gravissimes politiques d'austérité.
Immédiatement,
on voit donc toute la vraie droite et toute la fausse gauche
européistes et ANNEXIONNISTES sommer la Biélorussie de traiter avec
douceur les opposants, comme si les jeunes qui ont manifesté contre
Sarkozy au soir du 6 mai 2007 n'avaient pas été massivement matraqués et
condamnés de manière expéditive par la justice de classe !
Comme
si plusieurs milliers de salariés et de jeunes actifs dans les blocages
n'avaient pas été malmenés ou réquisitionnés par l'appareil répressif
d'Hortefeux lors du mouvement pour sauver les retraites ! Comme si la
répression antisyndicale ne frappait pas durement tous ceux qui
contestent l'ordre néolibéral qui est en train de plonger dans la
régression sociale et dans l'humiliation nationale des pays entiers, de
l'Irlande au Portugal, de l'Islande à la Grèce en passant par l'Espagne
et par la Roumanie ! Comme si dans TOUS les ex-pays socialistes de
l'Est, les sondages ne montraient pas de manière massive que les
peuples, expérience faite, regrettent massivement les acquis bien réels
des régimes socialistes et ne condamnent pas massivement l'intégration
européenne capitaliste et atlantique, synonyme de misère pour les
masses, de perte de l'indépendance nationale, d'américanisation forcenée
de la culture et de dictature du FMI et de l'OMC !
La réalité, c'est que dans l'Europe actuelle, tout ce qui va dans le sens de l'exploitation capitaliste est célébré comme une « avancée démocratique » même s'il s'agit des pires régressions sociales et démocratiques.
Notre
propos n'est nullement de dire que tout est pour le mieux dans le
meilleur des mondes dans la Biélorussie de Loukachenko : mais tout
simplement, il revient aux Biélorusses de faire la loi dans leur pays
sans que la dictature européenne et ses parrains américains viennent
dicter leur loi aux Biélorusses. Puissions-nous également, dans notre
propre pays vassalisé, décider de notre avenir économique et social,
préserver notre langue de l'invasion du tout-anglais, rétablir notre
souveraineté monétaire, politique, diplomatique, etc., sans recevoir
sans cesse les diktats de Bruxelles et de Berlin, relayés sur notre sol
par un pouvoir qui préfère les marchés internationaux à son propre pays.
La
situation en Côte-d'Ivoire est évidemment très différente de celle de
la Biélorussie. Néanmoins, c'est encore la question du droit des peuples
à disposer d'eux-mêmes qui constitue la dimension centrale de la
situation politique tendue de ce pays d'Afrique.
Mais quel que
soit le jugement qu'on peut porter sur Gbagbo, membre de
l'Internationale socialiste, et sur Ouattara, homme-lige du FMI et de la
« Communauté internationale », -c'est-à-dire en
réalité de l'impérialisme euro-atlantique-, il revient aux Ivoiriens et à
eux seuls, avec l'aide au besoin des peuples africains frères, de
rétablir la concorde civique menacée. Sarkozy, l'homme du « discours de Dakar » qui a insulté « l'homme africain » et l'accusant de ne « pas être entré dans l'histoire »,
est le dernier à pouvoir faire preuve d'arrogance au sujet de l'avenir
de la Côte-d'Ivoire. Chacun sait que derrière le régime UMP, ce sont les
sociétés transnationales de la « Françafrique », qui se mue de plus en plus en « Franceuropafric »
qui parle, somme, commande ! Les propos tenus par Sarkozy ne peuvent
que pousser à l'affrontement et à la guerre civile en Côte-d'Ivoire tout
en attisant le ressentiment contre notre pays et contre les
travailleurs français qui vivent en Afrique.
Il
revient aux Ivoiriens, il revient aux Africains et à eux seuls, de
régler le problème ivoirien en ouvrant des perspectives démocratiques,
nationales et sociales à ce pays que le régime néocolonialiste de
Houphouët-Boigny a laissé dans un état critique. Quant à l'Europe
et aux USA, attendre d'eux qu'ils règlent les problèmes d'autrui alors
qu'ils sont la principale cause d'oppression, d'injustice et de misère
dans le monde, ce serait aussi intelligent que d'attendre d'Al Capone
qu'il se transforme en Père-Noël.
Plus que jamais, l'impérialisme
est l'ennemi majeur des peuples, de la paix. Plus que jamais, défendons
le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et souvenons-nous du mot de
Jean Jaurès : « la souveraineté politique du peuple est le socle de
l'émancipation sociale ».
Daniel ANTONINI
Pôle de Renaissance Communiste en France Initiative communiste