Guinée Equatoriale : Pourquoi Obiang Nguema a raison :: EQUATORIAL GUINEA
Intellectuels, hommes politiques et commentateurs de toute sorte écument dans les médias pour dire tout le mal qu’ils pensent du Président Equato-guinéen dont le crime est de refuser la libre circulation des citoyens dans la zone Cemac. Il a pourtant raison de ne pas accepter que le « satanisme » installé au Cameroun par le « Renouveau » s’exporte vers son pays.
On est tellement habitué à voir Paul Biya brader les intérêts de son pays que cela fait bizarre pour de nombreux camerounais de voir un Chef d’Etat prendre le contre pied d’un tel laxisme.
L’intégration ne se fait pas par des incantations.
Nous avons été surpris par la réaction quasi-unanime de la classe «
politico-médiatique» contre la décision du Président Obiang Nguema de
refuser d’appliquer les accords de libre circulation de personnes en
zone Cemac. Qu’une telle décision est créée autant de pertes de salive
montre à tout le moins, la décrépitude dans laquelle s’enfonce ce pays
depuis le 06 novembre 1982. A l’époque où ce pays était « dirigé », qui
aurait mis en avant une telle décision ? Que représentait aux yeux des
camerounais ce pays dont la population est inférieure à celle du
département du Noun ?
Il est certes désormais très riche en pétrole ; mais nous sommes à peu
près sûrs qu’à l’époque où Ahmadou Ahidjo faisait du Cameroun un pays
craint et respecté, jamais un Président Equato-guinéen n’aurait pu nous
traiter avec autant de condescendance.
Mais qu’on se comprenne bien. Nous ne sommes pas des supporters d’Obiang Nguema qui a fait de son pays, un véritable Etat policier. Mais nous n’hurlons pas avec les loups qui estiment qu’il n’est qu’un « dictateur » et notre Président un «parfait démocrate ». N’y a-t-il pas de différence entre un « dictateur éclairé » et un « dictateur par inadvertance » ? Plutôt une dans le cas présent si l’on s’en tient au fait que le premier a mis son pays réellement sur la voie du développement en y installant un semblant d’organisation, tandis que dans le pays du second, tout va à vau-l’eau.
Une intégration ne se décrète pas. Elle n’est pas le fruit du hasard. Il faut un minimum de convergence pour que cela soit une chance pour les populations. Une intégration faite à la légère peut avoir des conséquences dramatiques comme en Afrique de l’Ouest où la porosité séculaire des frontières entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire a soulevé et soulève, un énorme problème identitaire. De même que dans l’Union Européenne où de grosses différences de pratique de gouvernance et de niveau de développement ont entrainé un rejet total du modèle imposé par les populations. Entre les Usa et le Mexique, les problèmes sont du même ordre.
L’ordre et l’organisation face à la cacophonie
Comment dans ces conditions ne pas comprendre les inquiétudes des 500
000 Equato-guinéens qui essayent de construire un pays moderne et
discipliné face à l’invasion des 20 000 000 de camerounais dont le
désordre, la gabegie, l’injustice, la corruption…ont été pratiquement «
greffés » dans les « gênes » à partir le 06 novembre 1982 ? Critiquer
sévèrement notre voisin serait faire fi de tous les désagréments que
leur ont causé les camerounais ces dix dernières années. Tous les
observateurs savent que ce pays a eut du mal à payer les salaires
mensuels des fonctionnaires il ya quelques années parce qu’un « feyman »
camerounais avait réussi l’exploit de rouler le trésorier payeur et
disparaitre avec la totalité de la somme prévue à cet effet. Les
exemples comme celui là sont multiples. Si on y ajoute l’absence
chronique de notre pays sur la scène régionale qui se matérialise par un
dédain de notre Chef de l’Etat pour des rencontres avec ses homologues
de la sous-région, les choses semblent suffisamment claires. Si nous
sommes infréquentables au point où même la Guinée nous ferme ses portes,
il serait plus intelligent de s’imposer une introspection afin de
dégager objectivement les responsabilités.
Etonnant d’ailleurs que les mêmes qui se plaignent du fait que les camerounais sont « chassés » de Guinée Equatoriale ne s’émeuvent guère lorsque dans leur propre pays, un gouvernement dominé par une tribu bien connue applique une politique d’exclusion sur sa propre population à partir d’une base purement ethnique.
Qu’allons nous apporter à la Guinée Equatoriale en terme de
valeur-ajoutée ? Une justice corrompue qui ne pourra rien faire de juste
en cas de conflit entre citoyens des deux pays. Des services publics où
tout se monnaye au vue et au su de tous. Un pays où on n’a peur
d’aucune autorité en dehors du Président de la république, Chef de
l’Etat, Président du « grand parti national », lui-même « résident
suisse ». Un pays où la formation ne « forme » personne, les évaluations
se faisant sur la base de quotas iniques en faveur uniquement des
ressortissants de l’ancienne province du Centre sud. Un pays riche avec
des habitants pauvres qui, n’arrivent même plus à ouvrir les yeux afin
d’assister au spectacle qu’offre une classe politique dépensant pour des
fumisteries, l’argent qui appartient à toute la communauté nationale.
Obiang Nguema, l’anti-Biya
On peut dire ce que l’on veut du Président de la République de Guinée Equatoriale. Gloser sur l’Etat policier qu’il a mis en place. Pérorer sur les libertés fondamentales qu’il comprime à leurs plus simples expressions. Discourir sur ses attitudes de « nouveau riche ». Personne ne peut cependant dire que ses concitoyens ne profitent pas de la manne pétrolière quand bien même sa famille se taillerait la part du Lion.
A ceux qui vont nous accuser d’être mauvais citoyen, nous ferons nôtre cette réplique bien connue chez les Espagnols où en réponse à cette question : « Pourquoi êtes-vous mauvais citoyen ? » ; un ressortissant ibérique avait répondu : « je serais un bon citoyen s’il y avait un bon Roi ».
Le Cameroun a incontestablement un mauvais « Roi ». Un « Roi » qui a dilapidé tout le crédit international que le Président Ahmadou Ahidjo et toute son équipe avaient mis des années à asseoir. A ce moment, nous pensons à l’écrivain iconoclaste français Baudelaire qui dans les années 1800 avait eu cette formule lapidaire : « Saint-Pierre a renié Jésus ; il a bien fait ». Nous avons presqu’envie de conclure : « Obiang a renié Biya ; Il a bien fait ». Quelque chose nous dit que notre conclusion est plus juste que celle de Baudelaire.