Guerre de clans au sommet de l’Etat : Evincer Ferdinand Ngoh Ngoh pour prendre Paul Biya en otage

Cameroun - Guerre de clans au sommet de l’Etat : Evincer Ferdinand Ngoh Ngoh pour prendre Paul Biya en otageDe puissants clans se battent en ce moment pour effacer Ferdinand Ngoh Ngoh du secrétariat général de la présidence de la République. Enjeu de la guerre : prendre Paul Biya en otage pour mieux organiser sa succession.

On lui prête ces derniers temps des pouvoirs incommensurables et surtout une influence négative sur le chef de l’Etat. Pourtant, Ferdinand Ngoh Ngoh apparaît comme un Sgpr tout ce qu’il y a de normal dans notre pays. On devrait même dire un Sg des plus discrets. Très précisément comme son patron Paul Biya qui, entre 1968 et 1975, a su évoluer à l’ombre de celui qui l’avait nommé et lui avait confié des tâches précises. De même que personne ne peut sérieusement soutenir que l’actuel chef de l’Etat avait, en son temps, outrepassé les limites de ses prérogatives, de même, il est difficile de reprocher à Ferdinand Ngoh Ngoh de faire de l’ombre à Paul Biya. Ses détracteurs le savent, mais cherchent à faire feu de tout bois pour l’évincer. A la vérité, le problème se pose plus par rapport au poste qu’au titulaire du poste.

Même si l’actuel titulaire avait été étiqueté «intrus» à sa nomination, il n’en demeure pas moins que le prestige du poste, ici et ailleurs, l’influence réelle et réglementaire de son titulaire en font un instrument incontournable de gestion du pouvoir. Entre les mains de tueurs et d’ambitieux politiques, il devient rapidement un régicide. En cette période délicate de notre pays, certains regrettent de ne pas y être et font feu de tout bois pour y accéder. D’envier le poste de Ferdinand Ngoh Ngoh peut être un péché humain compréhensible, mais de l’accuser d’avoir une emprise sur le président est difficilement acceptable.

On en a connu de puissants et même de surpuissants : «tout-puissant », «vice-dieu», «président bis », etc. Ils avaient la haute main sur tous les dossiers, ceux relevant de leur compétence comme ceux relevant des autres sphères de la présidence. A temps et à contretemps, ils avaient leur mot à dire. Ils diligentaient les affaires de la République comme s’il n’y avait pas de président dans le pays. Un temps, ils étaient l’alpha et l’oméga. Ils décidaient de quelle entreprise d’Etat il fallait privatiser et de qui devait la racheter ; ils décidaient, dans le secret de leur cabinet, de qui était adjudicataire de quelle opération de privatisation. C’était l’époque où Paul Biya avait décidé de décentraliser le pouvoir, d’en confier des parcelles à des collaborateurs qu’il jugeait compétents et loyaux. La suite, on la connaît. Trois d’entre eux se retrouvent aujourd’hui derrière les barreaux. Pour des affaires diverses, mais surtout pour un manque de loyauté et un accès de défiance qui se digère difficilement à ce niveau du pouvoir. Certains font valoir doucereusement leurs droits à la by Savings Wave">retraite, sans inquiétude aucune.

D’où vient-il que subitement Ferdinand Ngoh Ngoh se retrouve au centre de toutes sortes d’intrigues, tantôt accusé d’induire le chef de l’Etat en erreur, tantôt d’exercer sur lui une influence négative quant à la gestion des affaires du pays ? En comparaison avec les autres titulaires du poste, l’actuel Sgpr fait incontestablement partie de ceux qui obéissent au doigt et à l’oeil au président de la République. En tout cas, il n’est pas établi qu’il est déjà sorti de ses prérogatives. Lesquelles prérogatives lui donnent néanmoins un large spectre dans la conduite des affaires de la nation, mais toujours, et rien que sous la houlette du chef de l’Etat. Ici et là, on lui attribue des actes prétendument susceptibles d’induire le président en erreur, sans pour autant établir clairement qu’il a délibérément et malicieusement cherché à neutraliser son patron.

Ses attributions sont suffisamment explicites là-dessus : «Le secrétaire général assiste le président de la République dans l’accomplissement de sa mission. A ce titre: il reçoit du président de la République toutes directives relatives à la définition de la politique de la nation. Il suit l’exécution des décisions prises par le président de la République, il coordonne l’action des administrations rattachées à la présidence de la République ainsi que précisées aux articles 5 et 37 du présent décret, il instruit les dossiers que lui confie le président de la République et suit l’exécution des instructions données, il soumet à la signature du président de la République les projets d’actes de toute nature émanant, soit des services du Premier ministre, soit des administrations rattachées à la présidence de la République, il assure la mise en forme, en liaison avec le secrétaire général des services du Premier ministre ou des ministres concernés, des projets de loi à soumettre à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Il assure la préparation des correspondances présidentielles relatives au dépôt des projets de loi sur les bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat, du Conseil économique et social en ce qui concerne les demandes d’avis ou d’étude sur des projets de textes à caractère économique et social, ainsi que du Contrôle supérieur de l’Etat. Il veille à la réalisation des programmes d’action approuvés par le président de la République et impartis aux chefs de départements ministériels et aux services relevant de la présidence de la République. Il prépare les conseils ministériels, en liaison avec le secrétaire général des services du Premier ministre, les conseils restreints, les conseils et commissions présidés par le président de la République. Il assure l’enregistrement des actes réglementaires signés et des lois promulguées par le président de la République, ainsi que leur publication au Journal officiel ; il assure la tenue et la conservation des archives législatives et réglementaires.

Il exerce le rôle de conseil juridique de la présidence de la République et des administrations rattachées. Dans l’exercice de ses attributions, le secrétaire général reçoit une délégation de signature.» Quand on y regarde de très près, le Secrétaire général de la présidence de la République est un personnage clé de l’Etat. Au Cameroun ou ailleurs, il peut, à toute heure, être un grain de sable dans l’engrenage du pouvoir. Certains n’ont pas hésité à franchir le pas. D’autres ont su faire équipe. D’autres encore se bousculent au portillon afin de tout saborder. A ce jour, personne n’a démontré que Ferdinand Ngoh Ngoh a tenté de nuire à son patron.

© Les Nouvelles du Pays : Etienne PENDA


13/07/2013
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