Ils ont contribué à porter haut les couleurs du Cameroun lors de la mémorable Coupe du monde 1990 en Italie. D’autres ont fait flotter le vert-rouge-jaune pendant des Coupes d’Afrique, au prix de leur sueur et de leur sang. Plus de vingt ans après, ils n’ont toujours reçu aucun copeck du ministère des sports et de l’éducation physique (Minsep).
Le mystère reste entier autour de leurs primes de match et de présence impayées jusqu’à ce jour.
C’est une histoire propre au Cameroun, pays de tous les scandales et de toutes les dérives sportives et même extra-sportives. Alors qu’on ploie encore sous le coup de la suspension de la Fifa, on en est encore à reparler de l’Italia world cup. Du moins la sélection nationale fanion de l’époque. Si Roger Milla, François Omam Biyik, Emmanuel Maboang, Thomas Nkono, Cyrille Makanaky et Cie ont hissé notre pays au firmament lors de cette compétition historique, les pouvoirs publics, eux, semblent visiblement contribuer à ternir l’image de marque du groupe que dirigeait le technicien russe Valeri Nepomniachi. La preuve, depuis la semaine dernière, l’on assiste à un ballet d’anciens joueurs et encadreurs de l’équipe nationale au ministère des sports et de l’éducation physique (Minsep). Michel Kaham, Jules Nyongha, Jean Manga Onguené et Dr Motaze tous anciens joueurs et encadreurs des Lions indomptables pendant la phase finale du Mondial Italie.
La raison ? «Nous avons été reçu à notre demande par monsieur le ministre des sports dans le but de rentrer en possession de nos dus relatifs à notre participation à la Coupe du monde 1990 en Italie. Ces primes sont liées au match, à la présence et au salaire pour moi qui venait du secteur privé mais, pour le reste il s’agit des primes de match et de présence », confie Michel Kaham, dans une interview accordée à nos confrères de la Nouvelle expression lundi 08 juillet dernier.
Et de préciser que « on n’a pas reçu nos primes pour une raison simple : après notre brillante victoire contre l’Argentine, le Chef de L’Etat Paul Biya nous a offert une prime spéciale de 30 millions de Fcfa. Le ministre des sports décida de faire la répartition suivante : un million à chaque Lion (joueur), cela fait 22 millions, et le reste 8 millions de Fcfa il se proposa de le diviser à parts égales entre le reste (20 personnes) de la délégation (composée des invités et accompagnateurs diverses) qu’il mélangeait avec l’encadrement technique au mépris de toutes les règles établies ». Le technicien et formateur des jeunes footballeurs de la Kadji sport academy (Ksa) souligne qu’ils y ont alors opposé un non catégorique et qu’au vu de l’ambiance persistante, « nous décidâmes d’informer la présidence de la République qui nous instruisit de ne point nous inquiéter pour nos primes et que celles ci nous seraient payées au Cameroun à notre retour. Ce que nous observâmes avec discipline et responsabilité », explique t-il. A le croire, le montant avoisinerait plusieurs dizaines de millions.
Ouverture d’une enquête ?
Joint au téléphone hier après-midi, Bouboul comme on le surnomme, confirme que le dossier est resté en statut-quo à l’image de la situation du football camerounais restée stagnante. «Je vais relancer le dossier à mon retour. C’est le fruit de mon travail et je dois rentrer dans mes droits. (…) Bref, lorsque je rentre je vous appelle», conclut l’ancien sociétaire du club portugais Victoria Guimaraes.
Au Minsep, on tente d’esquiver ce sujet qui s’apparente à une nouvelle crise qui « risquerait de faire tomber des têtes ». Une source à la direction des sports de haut niveau rassure cependant quant à la réouverture imminente de tous ces dossiers. Ce, soutient-il, avec le concours du Cabinet civil et de la Primature. « L’administration est continue et je pense que le ministre (Adoum Garoua Ndlr) va exiger au besoin, l’ouverture d’une enquête à ce sujet. Pour le moment, nous ne pouvons pas tout régler à la fois. Quoiqu’il en soit, la vérité et la transparence auront le dernier mot », lâche l’homme qui s’excuse de ne pouvoir en dire davantage sur la question. A contrario, d’autres sources concordantes croient savoir que la démarche de ces anciens Lions est vouée à l’échec puisque explique-t-ils, « des gens appartenant à des réseaux à la présidence, à la primature et au Minsep se sont partagés cet argent au point de ranger ce dossier dans le registre des affaires classées ». Seul l’avenir nous le dira.