Le mot d’ordre de grève du 28 juillet 2014 est toujours maintenu. Dans le Collectif trois confédérations ont déjà fait défection. Une lézarde qui pourrait conduire allégrement à un effet de pétard mouillé.
APRÈS LA TENUE de la XVIIè session de la Commission nationale consultative du travail qui s’est tenue les 16 et 17 juillet 2014 dans la salle de conférences du Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale (Mintss) et qui a abouti la revalorisation de manière consensuelle du Smig à 36 270 Fcfa, soit une augmentation de 29%, le Collectif des confédérations syndicales a maintenu le mot d’ordre de grève générale du 28 juillet 2014 comme il ressort de la correspondance adressée le 18 juillet 2014 au Premier ministre, Chef du gouvernement, Philemon Yang. Seulement sur les 12 confédérations signataires du mot d’ordre du 2 juillet 2014 adressé au Président de la République, Paul Biya, seul 9 ont signé cette pétition adressée au Premier ministre. Trois confédérations syndicales ont chemin faisant fait défection. Il s’agit de :
- l’UGTC d’Isaac Bissala,
- la CGSTC de Flaubert Moussole,
- et la CSIC de Gilbert Dzana Ozongo.
On apprend même que le montant du Smig que le Collectif voulait à 62
000 Fcfa au moins n’aurait pas dû être fixé à 36 250 Fcfa par mois si
les trois Confédération syndicales dont deux (CGSTC et CSIC) sans une
réelle base syndicale ne s’étaient pas alignés aux côtés du
gouvernement. Toutefois, le Collectif fonde le maintient du mot d’ordre
de grève par la poursuite des autres revendications sociales portées à
l’intention du gouvernement comme siné qua non à la résolution des
problèmes liés à la hausse des prix des carburants et du gaz domestique
sans aucune concertation sociale.
Le reste du Collectif dénonce et condamne la discrimination du Chef de l’Etat dans sa politique de revalorisation récente de 5% des salaires des agents civils et militaires de l’Etat, du fait qu’elle a laissé pour compte les travailleurs du secteur privé. A cet effet, exige pour un début d’apaisement des masses laborieuses et un retour progressif et certain à la confiance vis-à-vis du gouvernement :
- La suppression de la taxe spéciale sur le carburant ;
- Le rétablissement des salaires des fonctionnaires, des agents publics et assimilés d’avant septembre 1993 ;
- Le relèvement de toutes les grilles de salaires du secteur privé de 20% ;
- L’aboutissement immédiat de la réforme de la sécurité sociale engagée depuis 1998, notamment ;
- L’harmonisation de l’âge de départ à la retraite des fonctionnaires à 60 ans ;
- L’âge de la retraite à 65 ans pour le secteur privé ;
- Le relèvement des taux des cotisations sociales pour les risques professionnels ;
- Le relèvement du taux mensueldes allocations familiales à 6 000 Fcfa par enfant ;
- La protection sociale pour les travailleurs du secteur de l’économie informelle ;
- L’exonération de l’IRPP sur l’indemnité de fin de carrière, les impôts sur les avances sur salaires, les allocations pour congés, les primes pour formation professionnelle et les assurances sociales ;
- L’allègement fiscal aux entreprises ;
- la revalorisation du Smig à plus de 62 000 Fcfa par mois ;
- L’application des conventions collectives.
Des revendications pour lesquels les trois confédérations syndicales qui viennent de faire défections disent donner le gouvernement jusqu’en septembre voire décembre 2014 avant d’apprécier. Une défection qui laisse tout de même suspicieuses sur leurs motivations réelles. Certains vont même jusqu’à susurrer qu’ils sont passés à la caisse, comme il y a quelques semaines plus tôt les syndicats du secteur des transports. La Csac pour sa part tout en reconnaissant les quelques avancées consensuelles obtenues lors des différentes rencontres tripartites qui s’en sont suivies jusqu’ici, fait observer la mauvaise foi de l’administration du travail sur la décision de cette augmentation du prix des hydrocarbures qui tue tout espoir d’un Cameroun émergent en 2035.
Toutefois, le gros du Collectif des confédérations syndicales, tout en se réjouissant de l’Arrêté N° 067/CAB/PM du 14 juillet 2014 portant création, organisation et fonctionnement du Comité de concertation et de suivi du dialogue social, suite à l’une des revendications du Collectif des Confédérations syndicales des travailleurs du Cameroun formulée le 02 juillet 2014, exprime sa déception de voir ce Comité placé sous l’autorité du ministre du Travail et de la Sécurité Sociale en lieu et place du Premier ministre comme souhaité. Et le Collectif dit craindre que ledit Comité ne serve plus de semis et de vivier d’activation et d’adoption des solutions consensuelles à rendre exécutoires du fait de la mauvaise foi de l’administration du travail au Cameroun.