Gouvernement: Panique dans le sérail
Yaoundé, 03 Décembre 2012
© Yves Marc Kamdoum | La Météo
La tenue du récent conseil des ministres au centre de toutes les attentions dans les chaumières; l'imminence d'un remaniement ministériel, éventuellement précédé d'une réorganisation gouvernementale, donne des sueurs froides à l'ensemble de l'équipe Yang et assimilés.
Paul Biya mardi dernier, lors du conseil ministériel tenu au Palais de l'Unité, à Ama Tutu Muna, ministre des Arts et de la Culture. Par cette sortie, le président de la République prenait à contre-pied tous ceux qui le disent distant des réalités gouvernementales et de la gestion de certaines affaires. Au-delà d'une remarque bite à un ministre récalcitrant, le chef de l'Etat adressait une mise en garde à sa collaboratrice afin qu'elle respecte les décisions de justice rendues souverainement. En rappel, Paul Biya faisait ainsi allusion à l'interminable bras de fer sur la gestion du droit d'auteur qui oppose la Société civile de l'art musical (Socam) à la Cameroon music corporation (Cmc). Et dont la Cour suprême avait en dernier ressort tranché en faveur de la Cmc.
Mais, cette anecdote ne constituait pas le cœur de la rencontre que Paul Biya a eue avec son cabinet. En effet, le 14 décembre 2011, au cours du premier conseil ministériel de l'ère des grandes réalisations, Paul Biya avait prescrit l'élaboration des feuilles de route à ses ministres, cinq jours seulement après qu'il les a portés au pinacle. C'était l'occasion de faire connaissance avec ce cabinet nouvellement mis en service et à qui il avait promis une évaluation semestrielle de ces documents qui allaient servir de boussole à son action, après qu'il eut annoncé tout au long de la campagne électorale présidentielle, que le Cameroun serait, dès le mois de janvier de l'année 2012, transformé en un vaste chantier.
Les ministres devaient donc, chacun en ce qui le concerne, concevoir, élaborer et rédiger après coordination avec les équipes de la Primature, la feuille de route qui allait donner de la visibilité au travail du gouvernement, dans tous les secteurs d'activités. Mais près d'un an plus tard, l'équipe Yang Il (à laquelle rien ou presque n'aura réussi pendant un an), qui préfère parler d'une évaluation des feuilles de route à mi-parcours comme si l'année comptait 24 mois, n'est pas parvenue à remplir son propre cahier des charges.
Gouvernement: Fébrilité
A quelques heures de l'adoption du premier budget-programme, les hommes de Philémon Yang et assimilés ont à l'observation, désormais dans l'attente de la bourrasque qui emportera ceux dont l'inertie et l'incompétence auront été depuis le 09 décembre 2011, au menu de leurs actions.
A quelques heures de l'adoption du premier budget-programme, les hommes de Philémon Yang et assimilés ont à l'observation, désormais dans l'attente de la bourrasque qui emportera ceux dont l'inertie et l'incompétence auront été depuis le 09 décembre 2011, au menu de leurs actions.
Plusieurs facteurs concourent à cette analyse. D'abord la durée du conseil des ministres de mercredi dernier. Si le chef de l'Etat a pris l'habitude de réunir les membres de son cabinet généralement après qu'il les a désignés, l'on a l'impression, après la tenue du conclave de mardi dernier, qui ressemble à bien des égards à celui du 07 décembre 1997, notamment par sa durée, qu'on assiste à la mise en place de l'échiquier qui va conduire de façon significative, les grandes réalisations, largement hypothéquées par le manque de maturation des projets et la légèreté de certains acteurs gouvernementaux. Si ce conseil des ministres constituait l'instance d'évaluation des feuilles de route, la déclaration brouillée du Premier ministre (lui-même dans le viseur du tsunami), au micro de la Crtv, dissimule mal un échec cuisant, à quelques exceptions, de l'ensemble de son équipe. En 1997, Paul Biya avait pris trois minutes pour dire au revoir à ses ministres qui, au perron du palais de l'Unité, étaient tous désemparés, tant le timing était assommant. Quinze ans plus tard, l'euphémisme de Philémon Yang sur les conseils apportés par le chef de l'Etat à cette équipe malgré l'insatisfaction -constatée en haut lieu, tente de rassurer les uns et les autres. Mais au fond, l'échec de l'équipe du 09 décembre 2011, est cuisant. Aucun projet n'a véritablement décollé, après la pose de la première pierre à Memve'ele, le Camerounais n'en sait-plus grand-chose, à Lom Pangar, des éclats de voix sur les indemnisations continuent d'handicaper fa communication des projets structurants, la solidarité gouvernementale mise à mal, etc.
C'est ainsi que, pour accélérer la mise en place de ce nouveau gouvernement, le chef de l'Etat aurait, dit-on, prescrit la clôture du passage des membres du gouvernement demain mardi, au soir, devant les députés à l'Assemblée pour défendre les enveloppes budgétaires de leur département ministériel. Cette éventuelle réduction tiendrait par exemple en une vingtaine de ministères pour plus d'efficacité et de dynamisme dans le travail gouvernemental, de célérité dans la conduite des grands projets structurants, générateurs de croissance et d'emploi. L'on parle ainsi du jumelage de plusieurs ministères, de la dissolution de certains, ou encore de la réduction du nombre de ministres délégués.
Dans bien des milieux de la capitale, des noms que nous nous abstenons de divulguer pour le moment, question de ne point nuire aux uns et aux autres, circulent avec insistance. Autre enjeu de cette éventuelle réorganisation, le démantèlement des réseaux «marafistes» fortement installés dans l'appareil gouvernemental l’on sait par exemple que dans l'équipe Yang actuelle, certain ministre dit haut et fort, devoir son poste au gouvernement à Marafa Hamidou Yaya, à qui il doit une allégeance sans borne. Ce ministre, et bien d'autres, fut d'ailleurs désignés par le chef de l'Etat en personne, selon des sources bien introduites à Etoudi, comme étant «l'artificier des mutins». Comme lui, le chef de l'Etat veut se départir des réseaux de cet ancien collaborateur aujourd'hui incarcéré à la prison secondaire de Yaoundé, et qui constituent un caillou dans sa chaussure. Surtout après les prétendues révélations de la presse sur le vrai faux scandale financier qui mettrait en cause son fils Franck Biya, au sujet du paiement surfacturé des obligations du trésor à taux zéro (Otz) à hauteur de 100 milliards de FCFA. D'après plusieurs observateurs, ces révélations sont l'œuvre d'ennemis tapis dans l'ombre qui, plutôt que d'attaquer le régime sur des résultats et des faits tangibles, scient les maillons faibles d'un système, pour mettre à mal le chef de l'Etat.
Dans le sérail, ce jour est jour de vérité pour bon nombre des membres de l'équipe Yang, ce sera le quartier pour la majorité, dans le meilleur des cas, et/ou l'ouverture d'informations judiciaires pour ceux qui sont suspectés d'indélicatesse, dans le pire des cas. La panique continue.
© Yves Marc Kamdoum | La Météo
La tenue du récent conseil des ministres au centre de toutes les attentions dans les chaumières; l'imminence d'un remaniement ministériel, éventuellement précédé d'une réorganisation gouvernementale, donne des sueurs froides à l'ensemble de l'équipe Yang et assimilés.
Paul Biya mardi dernier, lors du conseil ministériel tenu au Palais de l'Unité, à Ama Tutu Muna, ministre des Arts et de la Culture. Par cette sortie, le président de la République prenait à contre-pied tous ceux qui le disent distant des réalités gouvernementales et de la gestion de certaines affaires. Au-delà d'une remarque bite à un ministre récalcitrant, le chef de l'Etat adressait une mise en garde à sa collaboratrice afin qu'elle respecte les décisions de justice rendues souverainement. En rappel, Paul Biya faisait ainsi allusion à l'interminable bras de fer sur la gestion du droit d'auteur qui oppose la Société civile de l'art musical (Socam) à la Cameroon music corporation (Cmc). Et dont la Cour suprême avait en dernier ressort tranché en faveur de la Cmc.
Mais, cette anecdote ne constituait pas le cœur de la rencontre que Paul Biya a eue avec son cabinet. En effet, le 14 décembre 2011, au cours du premier conseil ministériel de l'ère des grandes réalisations, Paul Biya avait prescrit l'élaboration des feuilles de route à ses ministres, cinq jours seulement après qu'il les a portés au pinacle. C'était l'occasion de faire connaissance avec ce cabinet nouvellement mis en service et à qui il avait promis une évaluation semestrielle de ces documents qui allaient servir de boussole à son action, après qu'il eut annoncé tout au long de la campagne électorale présidentielle, que le Cameroun serait, dès le mois de janvier de l'année 2012, transformé en un vaste chantier.
Les ministres devaient donc, chacun en ce qui le concerne, concevoir, élaborer et rédiger après coordination avec les équipes de la Primature, la feuille de route qui allait donner de la visibilité au travail du gouvernement, dans tous les secteurs d'activités. Mais près d'un an plus tard, l'équipe Yang Il (à laquelle rien ou presque n'aura réussi pendant un an), qui préfère parler d'une évaluation des feuilles de route à mi-parcours comme si l'année comptait 24 mois, n'est pas parvenue à remplir son propre cahier des charges.
Gouvernement: Fébrilité
A quelques heures de l'adoption du premier budget-programme, les hommes de Philémon Yang et assimilés ont à l'observation, désormais dans l'attente de la bourrasque qui emportera ceux dont l'inertie et l'incompétence auront été depuis le 09 décembre 2011, au menu de leurs actions.
A quelques heures de l'adoption du premier budget-programme, les hommes de Philémon Yang et assimilés ont à l'observation, désormais dans l'attente de la bourrasque qui emportera ceux dont l'inertie et l'incompétence auront été depuis le 09 décembre 2011, au menu de leurs actions.
Plusieurs facteurs concourent à cette analyse. D'abord la durée du conseil des ministres de mercredi dernier. Si le chef de l'Etat a pris l'habitude de réunir les membres de son cabinet généralement après qu'il les a désignés, l'on a l'impression, après la tenue du conclave de mardi dernier, qui ressemble à bien des égards à celui du 07 décembre 1997, notamment par sa durée, qu'on assiste à la mise en place de l'échiquier qui va conduire de façon significative, les grandes réalisations, largement hypothéquées par le manque de maturation des projets et la légèreté de certains acteurs gouvernementaux. Si ce conseil des ministres constituait l'instance d'évaluation des feuilles de route, la déclaration brouillée du Premier ministre (lui-même dans le viseur du tsunami), au micro de la Crtv, dissimule mal un échec cuisant, à quelques exceptions, de l'ensemble de son équipe. En 1997, Paul Biya avait pris trois minutes pour dire au revoir à ses ministres qui, au perron du palais de l'Unité, étaient tous désemparés, tant le timing était assommant. Quinze ans plus tard, l'euphémisme de Philémon Yang sur les conseils apportés par le chef de l'Etat à cette équipe malgré l'insatisfaction -constatée en haut lieu, tente de rassurer les uns et les autres. Mais au fond, l'échec de l'équipe du 09 décembre 2011, est cuisant. Aucun projet n'a véritablement décollé, après la pose de la première pierre à Memve'ele, le Camerounais n'en sait-plus grand-chose, à Lom Pangar, des éclats de voix sur les indemnisations continuent d'handicaper fa communication des projets structurants, la solidarité gouvernementale mise à mal, etc.
C'est ainsi que, pour accélérer la mise en place de ce nouveau gouvernement, le chef de l'Etat aurait, dit-on, prescrit la clôture du passage des membres du gouvernement demain mardi, au soir, devant les députés à l'Assemblée pour défendre les enveloppes budgétaires de leur département ministériel. Cette éventuelle réduction tiendrait par exemple en une vingtaine de ministères pour plus d'efficacité et de dynamisme dans le travail gouvernemental, de célérité dans la conduite des grands projets structurants, générateurs de croissance et d'emploi. L'on parle ainsi du jumelage de plusieurs ministères, de la dissolution de certains, ou encore de la réduction du nombre de ministres délégués.
Dans bien des milieux de la capitale, des noms que nous nous abstenons de divulguer pour le moment, question de ne point nuire aux uns et aux autres, circulent avec insistance. Autre enjeu de cette éventuelle réorganisation, le démantèlement des réseaux «marafistes» fortement installés dans l'appareil gouvernemental l’on sait par exemple que dans l'équipe Yang actuelle, certain ministre dit haut et fort, devoir son poste au gouvernement à Marafa Hamidou Yaya, à qui il doit une allégeance sans borne. Ce ministre, et bien d'autres, fut d'ailleurs désignés par le chef de l'Etat en personne, selon des sources bien introduites à Etoudi, comme étant «l'artificier des mutins». Comme lui, le chef de l'Etat veut se départir des réseaux de cet ancien collaborateur aujourd'hui incarcéré à la prison secondaire de Yaoundé, et qui constituent un caillou dans sa chaussure. Surtout après les prétendues révélations de la presse sur le vrai faux scandale financier qui mettrait en cause son fils Franck Biya, au sujet du paiement surfacturé des obligations du trésor à taux zéro (Otz) à hauteur de 100 milliards de FCFA. D'après plusieurs observateurs, ces révélations sont l'œuvre d'ennemis tapis dans l'ombre qui, plutôt que d'attaquer le régime sur des résultats et des faits tangibles, scient les maillons faibles d'un système, pour mettre à mal le chef de l'Etat.
Dans le sérail, ce jour est jour de vérité pour bon nombre des membres de l'équipe Yang, ce sera le quartier pour la majorité, dans le meilleur des cas, et/ou l'ouverture d'informations judiciaires pour ceux qui sont suspectés d'indélicatesse, dans le pire des cas. La panique continue.