Gouvernement: Les ministres interdits de sortir de Yaoundé

YAOUNDE - 28 Novembre 2011
© Cédric MBIDA | La Météo

Cette interdiction serait la volonté du chef de l'Etat. Depuis lors, c'est une véritable psychose qui s'est emparée des membres du gouvernement. Paul Biya devrait selon nos sources, remanier soit avant, soit après son départ dans une semaine pour l'étranger.

II n'est plus un secret pour personne qu'en cette période d'inauguration d'un nouveau mandat, et à l'heure des «grandes réalisations», le président Paul Biya se devrait logiquement, sinon de reconfigurer, du moins de reconstituer son équipe de travail. Et cela passe forcément par des départs, des mutations et des arrivées dont bien des noms sont déjà avancés avec insistance (La Météo s'abstient d'en citer). L'atmosphère s'est davantage alourdie depuis que, au début du mois en cours, une circulaire confidentielle du Premier ministre, Philémon Yang, a instruit les membres du gouvernement de ne point s'éloigner de Yaoundé jusqu'à nouvel avis. La primature répercutant ainsi raconte-on, une décision à elle transmise par le Palais de l'unité. Dans les couloirs de la présidence de la République, il se susurre que l'interdiction faite aux ministres et assimilés de traverser les frontières de la capitale pourrait être prolongée après la clôture de l'actuelle session budgétaire. Vendredi dernier, un haut cadre du premier ministère joint au téléphone par La Météo, a confié sous anonymat, que la mesure présidentielle prévoit «des dérogations, qu'il reviendra seul au Pm d'accorder». Il peut arriver qu'un membre du gouvernement soit appelé à voyager hors de Yaoundé pour des urgences professionnelles ou familiales exceptionnellement, a-t-il commenté.

Au sujet du remaniement, nos sources introduites croient savoir qu'il interviendra soit avant, soit après le futur séjour présidentiel dans une capitale occidentale. D'ores et déjà, la panique s'est emparée du sérail. Surtout chez ceux qui, ces jours derniers, ont à tort ou à raison été présentés par les médias comme des prédateurs de la fortune publique. Il n'en fallait pas plus pour réveiller les vieilles pratiques ésotériques censées procurer l'immunité et la longévité aux affaires.


Assainir.

Pourtant, le chef du gouvernement qui lui-même ne serait pas à l'abri de quelque désagréable surprise, dans son message, ne faisait que rappeler une impérieuse contrainte à ses collaborateurs: rester à la disposition des députés de la commission des finances et du budget, actuellement en session et qui, pour des raisons diverses, ont régulièrement recours aux chefs de département pour un éclairage ou une précision. Mais les polissons y ont vu une tentative de séquestration dans la perspective des probables arrestations. Ceux-là ont encore en mémoire cette déclaration du chef de l'Etat, lors de sa prestation de serment devant l'Assemblée nationale le 03 novembre dernier: «(...) les comportements individuels ne sont pas toujours en harmonie avec la solidarité qui devrait être la marque d'une société démocratique. Trop souvent, l'intérêt personnel prend le pas sur l'intérêt général. Cet état d'esprit est à l'origine de ces dérives sociales que sont la fraude, la corruption, voire la délinquance. Même si le chômage, la pauvreté et les inégalités peuvent expliquer en partie le déclin de la morale publique, nous devrons réagir avec encore plus de fermeté contre ces comportements délictueux (...).»

Paul Biya qui, au stade actuel de nos informations, se trouve à Mvomeka'a, son village natal, depuis le 05 novembre, pourrait revoir à la baisse, la taille de son gouvernement actuellement constitué près de 43 départements ministériels et plus de 60 ministres et assimilés. Beaucoup trop, de l'avis des bailleurs de fonds, des partenaires au développement et même de sa nouvelle approche de développement du Cameroun, placée sous le signe de la «dynamique» et donc d'un recentrage des tâches attribuées aux administrations de souveraineté. Ce à quoi il faudrait ajouter le souci d'ouverture, qui veut qu'il intègre à la prochaine équipe, des forces issues de la société civile et éventuellement des «alliés» politiques. La nomination du nouveau gouvernement, apprend-on, devrait être suivie de passations de service au pas de charge. Chaud devant!



28/11/2011
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