Gouvernement - Epuration Politique: A qui le tour ? - Paul Biya, le pêcheur de dauphins

Yaoundé, 26 Novembre 2013
© GEORGES ALAIN BOYOMO | Mutations

Le prochain gouvernement échappera-t-il à la logique de broyage des successeurs supposés ou réels?

Le rapprochement est à peine exagéré. Au japon, la pêche des dauphins relève d'une «tradition barbare»: Tous les mois de septembre, ces mammifères marins sont massacrés ou pris dans les filets, par milliers, au bénéfice des supermarchés et restaurants haut de gamme ou des delphinariums (aquarium pour dauphins).

Au Cameroun, chaque formation du gouvernement est désormais l'occasion pour le Président de la République de se livrer à la pêche aux dauphins sur fond de cynisme propre aux pêcheurs nippons. On connaît la déchéance de Titus Edzoa, parti du secrétariat général de la présidence de la République, pour le ministère de la Santé publique, avant d'échouer au Sed, désormais prison secondaire de Yaoundé.

On a encore frais à l'esprit, la chute de Joseph Owona, qui a dégringolé du même secrétariat général pour le même ministère de la santé. Après un bail au ministère des Sports, «Massayo» va «se retrouver au quartier» suite à un remaniement ministériel. Plus proche de nous, la disgrâce de Jean-Marie Atangana Mebara. Du secrétariat général de la présidence, le «vice-Dieu» est fait Minrex. Limogé, il est happé par l’épervier le 9 décembre 2011. Le cas de Marafa Hamidou Yaya, L'ancien Sg/Pr perd son maroquin de Minatd et est jeté en prison, quatre mois plus tard.

Dénominateur commun de ces personnalités? Leur déclin du gouvernement a été, à chaque fois, précédé des clameurs au sein de l'opinion publique, les présentant, à tort ou à raison, comme des dauphins putatifs du Chef de l'Etat, Paul Biya. Avec un timing digne de Kang Full (auteur des bandes dessinées et scénariste sud-coréen qui a théorisé le fantasme de certains hommes qui consiste à contrôler le temps pour vaincre la mort), le Chef de l'Etat s'est appliqué à sortir, un à un, ces «mohicans» des écrans-radars de la succession.


Quinte

A qui le tour ? La question tombe comme carême en mars, en cette veille de remaniement ministériel. Si l'on s'en tient aux câbles successifs de Wikileaks sur la question de la succession au Cameroun, la liste des Aspirants (déclarés ou susurrés), encore en poste au sein du gouvernement, s'est réduite comme peau de chagrin au fil des remaniements et arrestations. Tout compte fait, elle tient à une demi-dizaine de personnalités se recrutant (suivant la classification des diplomates américains) parmi «les aînés», «les jeunes loups», «les .fidèles» ou «les non-alignés»: Amadou Ali, Laurent Esso, Edgard Alain Mebe Ngo'o, René Emmanuel Sadi et Philémon Yang.

Amadou Ali (70 ans) est entré au gouvernement en 1982 comme délégué général à la gendarmerie nationale. Il a occupé toutes LES fonctions au sein cru gouvernement. Notamment Sg/Pr. Mindef et vice-Pm/ Minjustice, et depuis 2011, vice-Pm/ministre délégué chargé des Relations avec les Assemblées.

Laurent Esso (71 ans) a également déjà «bourlingué» au sein de l'appareil gouvernemental. Directeur du cabinet civil, Sg/ Pr, Minrex et deux fois Minjustice.

L'actuel Minatd, René Emmanuel Sadi (65 ans) a, quant à lui, passé près de 30 ans à la présidence de la République (comme conseiller technique, conseiller diplomatique et directeur adjoint du cabinet civil) et a été le patron administratif du parti au pouvoir, le Rdpc.

Edgard Alain Mebe Ngo'o (56 ans) est, pour sa part, à créditer d'une carrière fulgurante au sein de l'équipe aux affaires. Préfet du Mfoundi 1996 -1997), directeur du cabinet civil (1997-2004), délégué général à la Sûreté nationale (2004-2009) et ministre de la Défense depuis le 30 juin 2009.

Enfin, Philémon Yang (66 ans). Premier ministre depuis quatre ans, il a été précédemment directeur adjoint du cabinet civil (2004-2009), vice-ministre de l'Administration territoriale (1975-1979), ministre des Mines et de l'Energie (1979-1984) et ambassadeur du Cameroun au Canada (1984-2004). Sur le maintien ou non de cette quinte (en désordre) au sein du gouvernement, le dernier mot appartient à Paul Biya.


26/11/2013
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