Gouvernement Biya: Quelle équipe pour les grandes réalisations ?
Un homme politique célèbre disait : "qu’un bon joueur ne manque pas d’équipe". Même si la suite des évènements lui a donné tort, puisqu’il n’évolue aujourd’hui dans aucune équipe. Néanmoins, quelqu’un d’autre pourrait ajouter qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Ce qui est du reste logique puisque tout entraîneur, dans ses souhaits les plus égoïstes voudrait que son équipe remporte tous les trophées. Et c’est ce à quoi pensent tous les plénipotentiaires du gouvernement (hormis Issa Tchiroma qui a lamentablement échoué aux élections) qui estiment qu’ils devraient être reconduits à leurs postes, étant donné que le Rdpc a gagné et que son allié qu’est l’Undp a même, amélioré ses performances lors du double scrutin du 30 septembre 2013. Soit !
Mais là où le bât blesse c’est que l’opinion publique doute ouvertement que la victoire du Rdpc soit un adoubement du gouvernement. En d’autres termes, il ne semble pas vrai que la confiance accordée par le peuple au parti au pouvoir est la résultante du bon travail réalisé par le gouvernement depuis sa mise en place en 2011. Les griefs contre l’équipe Yang sont en effet très nombreux, au point que d’aucuns estiment que la victoire acquise dans les urnes procède plutôt de la volonté du peuple à donner des coudées franches au Président Paul Biya, afin de lui permettre de conduire à terme, les grandes réalisations en cours. Le gouvernement actuel n’a pas beaucoup brillé. La preuve, le fossé béant qui existe entre les objectifs fixés par les feuilles de route et la triste réalité sur le terrain. Aux crédits du budget d’investissement public sous consommés s’ajoute le problème de la mauvaise exécution des projets
Conséquence, les populations exangues après plus de 20 ans de crise économique croupissent dans une misère noire, totalement exclues d’une croissance dont les fruits ne bénéficient qu’aux couches sociales favorisées. L’eau potable, l’énergie électrique, les routes, les infrastructures de base et sociales restent hors de portée. Des maladies jadis oubliées font un retour tonitruant et s’installent dans la durée, comme c’est le cas du choléra. Les enfants meurent toujours autant du paludisme. La lèpre progresse. Le sida tue tout le monde. Les hôpitaux sont des mouroirs. Les produits agricoles pourrissent dans les villages, faute de routes pour les évacuer vers les marchés. Les vergers de cacao et de café sont vieux et les agriculteurs ne peuvent pas les régénérer en l’absence de semences améliorées. La recherche agricole ignore superbement le monde paysan.
Ceux qui en bénéficient, ce sont les élites gouvernementales boulimiques qui s’accaparent de tout, même de toutes les terres de l’arrière-pays. Les universités forment des chômeurs. Des millions de jeunes végètent dans l’oisiveté. Impossible de trouver du travail quand on n’est pas pistonné. Il n’existe aucune politique de l’emploi. Les Lions indomptables, jadis fleuron du pays s’enfoncent dans la médiocrité. Il n’y a pas de conférence des ambassadeurs.
Les trafics dans les marchés publics ont la peau dure. Pas moyen d’ouvrir une entreprise sans se faire arnaquer. Conséquence le classement «doing bisness» cloue le Cameroun au pilori. Les enfants de la rue agressent toujours les gens en pleine capitale, importunent les touristes et fument la drogue sur l’avenue Kennedy. On parle de la construction de logements sociaux qu’on ne voit point etc. Sur un autre registre, la corruption bat toujours son plein. Les dirigeants d’entreprises publiques et les Ministres s’en mettent plein les poches.
Il se raconte que c’est leur manière de préparer la succession au trône d’Etoudi qui est devenu une véritable obsession. Ils investissent dans l’immobilier, la micro-finance, l’agriculture et l’élevage et envoient leurs enfants faire des études et se soignent euxmêmes à l’étranger. Ce qui explique l’indifférence générale qu’ils manifestent à l’égard de la pauvreté des infrastructures sanitaires ou scolaires.
Leur intérêt est ailleurs,
ils préparent l’avenir de leur progéniture et leur propre devenir
politique, quand ils seront dans l’opposition. Bref ce gouvernement-là
se soucie comme d’une guigne du projet politique du père du Renouveau.
Ses membres ne se réveillent qu’en de rares occasions. Lorsque leurs
strapontins, que dis-je leurs gagne-prébendes sont en jeu. Comme on
l’observe maintenant depuis la fin des élections et la montée
en puissance des rumeurs de remaniement ministériel. On les voit faire
feu de tout bois, en essayant de montrer qu’ils sont très appliqués
à leur travail. Inauguration des chantiers par ci, organisation des
séminaires et colloques par là, ils gesticulent à la télévision et ils
pérorent à longueur de journée à la radio. Ils occupent tout l’espace
pour entuber le peuple et tromper le Chef de l’Etat. Pourtant leur
bilan est nul ou presque. N’eûtété les grandes réalisations du
Président, qu’auraient-ils présenté aux camerounais le 30 septembre 2013
? Rien.
La honte même ne tue pas.
Ils
osent raconter que c’est grâce à eux que le Rdpc a gagné. Alors même
que si la population avait considéré leurs résultats, l’échec du
parti de S.E.M. Paul Biya aurait été cuisant, comme il l’a été partout
où les gens ont décidé de faire un vote sanction pour vomir les sangsues
qui pompent leur sang depuis des lustres comme on l’a vu à Yabassi, en
ce qui concerne la commune de cette localité. Le Rdpc ne leur doit
donc rien. Ainsi que S.E.M. Paul Biya. N’est-il donc pas temps qu’il
donne un coup de balai mémorable pour se débarrasser de toute cette
faune encombrante et incompétente ? D’autant que les camerounais
considèrent que le gouvernement actuel est pléthorique et devrait faire
l’objet d’un dégraissage.
Question de réaliser de substantielles économies sur son entretien, de ressouder la solidarité gouvernementale et de permettre au Premier Ministre de mieux en assurer la coordination. Et pourquoi ne pas revenir à de gros ministères dans le genre Travaux publics et transports, qui seront confiés à des technocrates aguerris, capables d’implémenter les orientations données par le Président de la République ? De toute façon, les camerounais attendent l’électrochoc qui réveillera la nation de la léthargie. Au Président de le provoquer en formant un gouvernement à la mesure des attentes du peuple.
Copyright © SparkCameroun, Yaoundé - Cameroun | 13-11-2013