Gouvernance : les mauvais choix de Paul Biya

 

 

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Entre la relance de la Camair-Co, l’organisation de la Can féminine, le plan d’urgence triennal…le chef de l’Etat s’en mêle les pinceaux et se perd dans l’ordre des priorités. Une navigation à vue qui s’accommode mal de la gouvernance.

 

 

L’information fait les choux gras de la presse depuis quelques heures. Paul Biya a adoubé le plan de relance de la compagnie nationale aérienne, Camair-co, concocté par l’avionneur à la réputation établie, Boeing consulting. La nouvelle qui tourne en boucle dans les médias électroniques est contenue dans un communiqué de presse rendu public mardi 26 juillet 2016, par le ministre des Transports, Edgar Alain Mebe Ngo’o, un tantinet triomphaliste.

 

Pour le géant américain de l’aviation, il est impérieux pour l’Etat du Cameroun de résorber la situation de la dette de Camair-Co, environ 35 milliards Fcfa qui asphyxie la compagnie. Une perfusion de 60 milliards sera en outre administrée dans l’optique de renflouer la flotte et construire des hangars.

 

Au total, pas moins de 95 milliards qui doivent être injectés pour faciliter les taux de remplissage convenables des avions qui doivent desservir 27 destinations parmi lesquelles, 9 domestiques, 13 régionales et 5 intercontinentales à savoir Paris, Bruxelles, Washington, Dubaï et Wongzhu.

 

A l’horizon 2020, Camair-Co devrait avoir une flotte riche de 14 avions avec de nouvelles acquisitions sur cinq ans. Si l’option de relancer la Camair-Co découle d’une volonté politique affichée, il est constant qu’il s’agit d’un secteur vital du tissu économique qui devrait à termes permettre à l’Etat du Cameroun d’engranger des dividendes, d’accroître ses recettes, nécessaires à l’accélération de la lutte contre la pauvreté. 95 milliards pour faire décoller Camair-Co sans oublier que depuis sa création en septembre 2006, l’Etat a injecté des milliards tous les ans afin de la sortir de la zone de turbulence. Sans succès. Pas moins de cinq managers généraux, expatriés et nationaux confondus, y sont passés avec à la clef des fortunes diverses. D’où viendra cet argent ? Question à un sou !

 

Une Can pour distraire

Au moment où la question du redressement de la Camair-co est amorcée, le Cameroun abrite en novembre 2016, la Coupe d’Afrique des nations féminine de football. Les villes de Yaoundé et de Limbe ont été retenues pour accueillir les rencontres et les officiels. Si le budget général de l’organisation de cette Can féminine reste un serpent de mer, il est constant qu’elle exige des investissements majeurs colossaux qui se chiffrent à plusieurs centaines de milliards en termes de mise en place ou réhabilitation, selon le cas, des aires de jeux, des infrastructures de transports, d’accueil et hébergement, de communications et télécommunications... Paul Biya s’est donc engagé à organiser le jeu et non bâtir les piliers de l’économie.

 

Le Cameroun est enclin à financer des projets ludiques car une Can, c’est une compétition. Davantage de la distraction, du tourisme et question de prestige pour le pays hôte, pour dire le moins. En tout cas, le football n’a développé aucun pays au monde. Même pas le Brésil, plusieurs fois champion du monde. Les milliards injectés dans l’organisation de la Can, seraient un précieux bol d’oxygène financier à la Camair-Co dont le décollage aura des effets d’entraînements sur les autres secteurs d’activités économiques comme le commerce extérieur. De ce point de vue, les choix stratégiques du régime de Yaoundé sont problématiques et relèvent d’un déficit de vision, qui éviterait la navigation à vue ou le pilotage automatique selon, qui semble être dans l’Adn du Renouveau.

 

 

Plan d’urgence comme panacée

Dans la même veine, Paul Biya qui pilote le Cameroun depuis 34 ans a fait du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), goupillé en 2010, son tableau de bord afin d’atteindre le cap de l’émergence en 2035. Au terme des quatre premières années de la mise en œuvre du Dsce, les performances de croissance économique enregistrées au Cameroun sont restées en deçà de la moyenne annuelle de 7% telle que prévue dans le Dsce.



02/08/2016
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