Ghana, CDM 2010 Afrique du Sud : GHANA FOR EVER, GHANA O BOSSO !
Ghana, CDM 2010 Afrique du Sud : GHANA FOR EVER, GHANA O BOSSO !
Au début de cette coupe du monde peu d’observateurs avaient misé sur cette équipe ghanéenne orpheline de son meilleur élément Michael Essien blessé pour hisser si haut le drapeau de l’Afrique. Tout le monde n’avait d’yeux pour la Cote d’ivoire et sa multitude de star ou du Cameroun en vertu de son passé en coupe du monde,conduit par Samuel Eto’o récent vainqueur de la champion’s League Européenne pour la 2eme fois en 3 ans. Quelques passionnés pensaient que les fennecs d’Algérie ayant fait tomber l’ogre Egyptien pourraient également faire bonne figure dans une poule à leur portée.
Ni le Nigeria qui est devenu un géant au pied d’argile ni l’Afrique du Sud, bien que pays organisateur ne présentaient pas suffisamment d’argument pour rivaliser avec Les Lions Indomptables du Cameroun ou les Eléphants de Côte d’voire aux yeux des specialistes, encore moins le Ghana qu’on disait trop frêle vu la jeunesse de son noyau.
Après le 1er tour le Ghana a déjoué tous les pronostiques, non seulement c’est l’unique équipe africaine à se qualifier pour le 2eme tour, mais après sa victoire d’avant hier face aux Usa, devient la 3eme nation africaine à se qualifier pour les1 /4 de finales après le Cameroun en 1990 et le Sénégal en 2002.
Mais qu’est ce qui fait la force de cette équipe ?
A- L’environnement institutionnel.
La fédération Ghanéenne de football semble avoir les mains libres dans la gestion de son foot- ball, le gouvernement lui donne les moyens de sa politique et se met à distance. Cette fédération travail sur le long terme, il n’y a qu’à voir les résultats engrangés par les sélections de jeunes dans les compétitions de jeunes depuis 20 ans. Le sélectionneur est choisi sur base d’un cahier de charge préalablement établi et travaille en toute tranquillité sur une longue durée ce qui est exceptionnelle en Afrique.
B- L’entraîneur actuel.
Le serbe Milova Rajevac qui a pris la succession de Claude Le Roy démissionnaire après l’échec en demi finale (battu 1-0 par le Cameroun), à la can organisée en 2008 à domicile a eu 2 ans pour bâtir son équipe, il eu l’intelligence de s’entourer des entraîneurs locaux aujourd’hui, il en récolte aujourd’hui les fruits.
(Ce qui n’est pas le cas du Cameroun et de la Cote d’Ivoire voir du Nigeria qui se sont illustrés depuis lors par l’instabilité de leur staff technique)
Il a eu le temps de comprendre l’environnement africain, faire la transition entre l’ancienne génération conduite par la super star Appiah et la nouvelle championne du monde de U21 conduite par Ayew Pelé.
Son autorité il l’a acquise en prenant des décisions parfois difficiles a accepter par les anciens (reléguant Appiah au banc de touche) parce qu’estimant que les jeunes adhéraient sans doute mieux à sa philosophie de jeu.
Même le récent champion d’Europe Muntari qui a contesté ses choix a fait les frais de cette rigueur.
Une véritable leçon de professionnalisme à l’égard de certains entraîneurs qui ont dirigé certaines sélections africaines éliminées au 1er tour et qui ont voulu imposé des conceptions de jeu inadaptées au profil de leur joueurs (suivez mon regard).
C-La Philosophie de jeu
Fort de cette autorité et de cette maîtrise de son vestiaire, il a poursuivi dans la lancée du travail dont on pu percevoir les prémices à la can Angolaise en janvier de cette année ou il a été battu de justesse par l’Egypte en finale. On l’a vu encore hier contre les Usa, il n’a pas brimé les qualités individuelles de ses joueurs propres au football africain fait de technicité et d’improvisation, mais il a moulé son équipe dans un dispositif bien précis ou chaque composante connaissait son rôle.
Quel était ce dispositif ?
Son équipe était disposée en 1- 4-5-1 avec la composition suivante :
Au but : Kingston
En défense :Pantsil- John Mensah 1-Johonson Mensah 2 et Sarpei
Au milieu : Le métronome Annan en axial –Boateng-Asamoah-Inkom à droite et Ayew à gauche
En attaque : le remuant Gyan qui est en train d’exploser à la face du monde tant il est décisif
Quelle en était l’animation?
En football le plus important c’est l’animation du dispositif qui constitue le système et non les chiffres, que l’on joue au départ en 1-4-4-2 ou 1-4-3-3 en 1-5-4-1 ou même en 1-4-3-1-2,
L’essentiel c’est de voir quel est le comportement de l’équipe en perte de balle et en possession de balle.
Et surtout, quelle et la vitesse de conversion d’un état à un autre.
Hier, qu’avons-nous observé ?
En possession de balle
Avec Ayew à gauche Inkom à droite, d’abord milieu, se transformaient en véritables alliers de débordements, qui par leur percussion et débordements tentaient de servir Gyan, l’unique attaquant au départ.
Et les infiltrations de Asamoah et Boateng permettaient au Ghana de se retrouver en supériorité numérique dans certaines situations dans les 18m américains.
Le but de Boateng parti d’une récupération de Ayew en zone médian est consécutif à une accélération foudroyante de ce dernier qui a perforé toute la défense américaine pendant que Gyan fixait les 2 défenseurs et que les 2 létéraux américains étaient occupés à bloquer Ayew et Inkom sur leur ligne respective, en est un parfaite illustration, du grand art !
En perte de balle
Une fois le ballon récupéré par les américains, tout se monde se repliait en zone médiane, pour attendre les Bradley et autre Donovan et y exercer un pressing impitoyable soulageant ainsi leur défense.
La bataille du milieu de terrain ainsi gagnée, le Ghana pouvait dérouler son jeu tranquillement avec une sérénité incroyable (on croyait voir jouer le Cameroun de 1990 face à l’Angleterre).
A la 30 eme minute le coach américain, sentant l’impuissance de son équipe, face à cette organisation Ghanéenne fit entrer Edu sans hésiter.
Et en 2eme mi-temps, il réajusta son milieu en faisant deux autres changements pour tenter d’inverser la tendance, le résultat ne se fit pas attendre, le jeu s’équilibra et les américains égalisèrent logiquement.
Ce score de parité obligea les deux équipes à aller aux prolongations.
Et le Ghana sans perdre son organisation accentua d’entrée de jeu, le pressing dans le camp américain, et inscrivit logiquement un fantastique but par Gyan qui prit le dessus sur ses deux cerbères du jour une leçon de reconversion rapide d’un état de perte- possession comme en rêvent tous les entraîneurs qui ont enseignées leurs gammes leurs poulains.
Rien avoir avec l’impréparation du Cameroun ou d’après certaines sources (Idrissou Mohammadou) les joueurs étaient informés de la composition de l’équipe à quelques heures de la rencontre sans qu’il ‘aie eut le temps d’asseoir les automatismes aux entraînements, une véritable hérésie si cela s’avéra vraie.
Les américains poussèrent jusqu’à la fin, mais l’assise défensive des ghanéens et leur abnégation leur permis de résister aux assauts des yankees sans rompre.
A la fin du match, les deux entraîneurs s’embrassèrent car ce fut une rencontre hautement tactique ou chaque technicien usa de toute sa science pour influer sur la cour des événements.
Bravo à ces deux coaches qui ont tout donné!
Bravo aux joueurs ghanéens qui sont restés solidaires et ont su respecter les consignes tout en faisant montre d’une grande aisance technique.
Seul point faible, il faudra être plus efficace en en zone de finition face à L’Uruguay, et éliminer certains déchets et fébrilités constatées dans le chef de certains défenseurs
Au-delà du collectif, n’y a t- il pas des éléments à sortir du lot ?
Annan nous a étonné par son sens du placement et la justesse de ses passes un vrai ‘’maestro’’ c’est le véritable cerveau de l’équipe.
Assamoah a confirmé qu’il est un joueur au gros potentiel il nous rappelle Mféde par son touché de balle en plus puissant, Boateng nous a impressionné par sa puissance physique et son abattage au milieu, très proche du style de Makanaky.
Ayew a prouvé aux dirigeants de Marseille qu’il est mieux qu’un espoir tant ses incursions ont perturbé la défense américaine il est le digne fils de son père.
Son alter ego sur le flanc droit a fait un match parfait, Mensah John rassura sa défense par ses interventions justes. Kingson a été décisif sur plusieurs arrêts et montre qu’il vaut mieux que la place de 3eme gardien dans laquelle il est confiné à Wigan, et prouve qu’une grande équipe a besoin d’un gardien au top pour aller loin. L’autre Mensah doit encore être plus vif dans ses interventions (auteur du penalty)
Pantsil a été égal à lui-même et Sarpei le défenseur de Leverkusen a fait son job avant d’être remplacé par un excellent Addy le joueur local.
Appiah a fait parler son métier des qu’il est entré à a place de Boatang, blessé. Et Muntari qui est entré à 5 minutes de la fin n’a pas pu s’exprimer, mais à joué en soutien du latéral gauche au moment où les américains étaient à l’abordage.
La force de cette équipe se résume donc en 7 points :
1- Compétence et forte implication d’un entraîneur à la philosophie de jeu claire.
2-Solidarité du bloc équipe.
3-Abnegation dans l’effort.
4-Humilité des joueurs.
5-Maitrise technique de haut vol dans le chef de joueurs clés.
6-Rapidité dans la reconversion Perte- Possession et vice versa
7-Gardien décisif et avant -centre efficace
Voilà les ingrédients qui ont manqué à certaines nations africaines éliminées au 1er tour et qui peuvent servir de leçon pour la préparation de leurs futures échéances.
En football, le collectif passe avant tout, la valeur individuelle n’a de sens que si elle ne se fond pas dans un collectif bien huilé.
Et ce collectif, ne peut être mis sur pied que par l’entraîneur, le Ghana vient de prouver qu’il a en un bon, un serbe, faudrait il à défaut d’u national, se tourner vers les pays de l’est pour trouver le futur entraîneur du Cameroun ?
Ou en Amérique latine tant les techniciens de ce continent on prouvé leur science en qualifiant toutes leurs équipes au 2eme tour ?
Va-t-on encore se tourner vers l’école française qui a montré ses limites au cours de mondial?
Pourquoi ne pas faire une offre au sélectionneur Sud africain qui par ses 4 coupes du monde a toute l’étoffe pour diriger une sélection comme celle du Cameroun ?
Pour l’instant, sans renier note pays, nous nous sentons tous ghanéens et espérons qu’ils aillent le plus loin possible dans cette compétition afin de faire taire les donneurs de leçons Européens, prêts à railler l’Afrique à la moindre occasion, et surtout que leur succès inspire les prétendues‘’grandes’’ nation du continent.
Et d’ailleurs qui dit que le Ghana n’en est pas une ?n’a-t-elle pas 4 coupes d’Afrique à son actif ? Ce pays que j’ai eu l’occasion de visiter en 2008, est un véritable modèle de démocratie sur le continent (le seul qu’Obama a visité après son élection) a développement économique sans cesse croissant, ne saurait d’ailleurs être considéré comme un’’ petit ‘’pays ? N’est pas le pays de Nkuam et Krumah le père du panafricanisme ? N’a-t-elle organisé en moins de 10 ans 2 coupes d’Afrique (2000 et 2008). N’a –t –elle pas un championnat local de qualité ? Ne s’est elle pas dotée d’infrastructures sportives indispensables au développement du football local ? N’est ce pas le pays d’Ashanti Kotoko de Kumassi plusieurs champion d’Afrique ? N’est ce pas le pays d’Abedi Pelé triple ballon d’or ? Peut on encore parler de hasard dans leur performance ? Est-ce nous qui les avons surnommés les Brésiliens d’Afrique?
GHANA FOR EVER, GHANA O BOSSO !
© Camer-sport.be : François Ngoumou ( Coach et Consultant)