Germaine Ahidjo, « Je n’ai pas envoyé ma fille à Yaoundé » :: CAMEROON

Cameroun : Germaine Ahidjo, « Je n’ai pas envoyé ma fille à Yaoundé »Pour la première fois depuis 23 ans, Germaine Habiba Ahidjo n’ira pas se recueillir sur la tombe de son époux au cimetière de Yoff, décédé le 30 novembre 1989. Elle n’assistera pas non plus aux Dou’a (invocations islamiques. Ndlr), souvent organisées et jamais manquées à l’occasion de l’anniversaire du décès de son Ahmadou Ahidjo, le premier président de la République du Cameroun.

C’est la mine serrée qu’elle regrette de ne pouvoir honorer le rendez-vous devenu traditionnel, une cérémonie sobre et symbolique, mais d’une importance incomparable, comme elle le souligne. En effet, depuis quelques mois, une sciatique limite les déplacements de Germaine Habiba Ahidjo. A ses côtés se trouve Babette Ahidjo, sa première fille qui veille au grain. Au sujet du retour de la dépouille de son mari, Mme Ahidjo persiste et signe : « Je n’ai pas envoyé ma fille à Yaoundé », dit-elle.

L’ex-première est d’autant plus déçue qu’embarrassée par la nouvelle annonçant la présence de sa benjamine à Yaoundé et qui aurait rencontré un proche du chef de Paul Biya. A ce sujet, Mme Ahidjo reste ferme : « J’attends le décret présidentiel. Ahidjo n’appartient plus à sa famille. C’était un chef d’Etat », poursuit-elle. « Vous croyez vraiment que je vais envoyer ma dernière fille aller négocier avec M. Biya? C’est impossible. Ça fait au moins 3 ans que nous n’avons pas de nouvelles d’Aminatou », précise- t-elle. Mme Ahidjo n’a donc jamais envoyé sa fille à Yaoundé. Pour l’ex-première dame, la visite de sa benjamine est un acte indépendant et isolé : « Ma dernière fille ne parle pas au nom de la famille ».

Tout au long de la conversation, elle paraît davantage déçue par les tractations qui tournent autour du retour des restes de son mari dans la dignité et avec tous les honneurs comme le clame depuis des années. Germaine Habiba Ahidjo dénonce le manque de volonté politique précisément celle de Paul Biya qui « joue » avec son ultime revendication. « Il y a longtemps que Ahidjo serait enterré au Cameroun. Biya n’a jamais tenu sa parole ». Et ce n’est pas faute d’avoir fait le pas en vue de voir aboutir la demande de la famille.

Négociations

En 2008, l’ancien président béninois Emile Derlin Zinsou, s’est rendu à Yaoundé pour rencontrer le président Paul Biya au sujet du retour de la dépouille de son prédécesseur. Depuis lors, plus rien. L’actuel président camerounais entretien tout un mystère sur sa franche et finale décision. Un an avant cette démarche, Paul Biya affirmait sur la chaîne de télévision France 24 que la décision revenait à la famille. « Faux » rétorque Germaine Ahidjo qui soutien dur comme fer que c’est une affaire de l’Etat camerounais. Sa position ne changera pas : « J’ai dit à mes enfants que même après ma mort, qu’ils veillent à ce que la mémoire de leur père soit honorée », maintient-elle. Dans la modeste villa située aux Almadies, Route du Méridien Président, c’est un calme reposant qui accueille les visiteurs.

C’est ici que le « père de la nation » camerounaise s’est éteint, anéanti par une crise cardiaque. Sur les murs, des photos de l’ex-couple présidentiel, mais aussi celles de ses enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants, car depuis 4 mois, Germaine Habiba Ahidjo est devenue arrière-grandmère, fille de Babette, sa fille ainée. C’est dans cette maison qui a enregistré les derniers jours de l’ex-président que Mme Ahidjo espère toujours qu’un jour les restes de son mari retourneront au pays. Selon Aboubakar Ousmane Mey, Ahmadou Ahidjo aurait souhaité reposer à Nassarao dans le caveau familial inhumé où ont été inhumés sa mère, sa première épouse, sa tante et l’un de ses oncles. Du haut de ses 82 ans, Germaine Habiba Ahidjo est loin d’avoir perdu son charisme.

C’est avec un grand sourire et les bras ouverts qu’elle nous accueille dans ses appartements privés où elle reçoit des soins depuis son retour de Paris. Pendant plus d’une heure, elle a l’amabilité de nous parler de sa vie d’avant et d’après le pouvoir. Mais rien de ce qui s’est… n’a rien de nouveau. Germaine Habiba Ahidjo avoue avoir tout dit aux médias. Au crépuscule de sa vie, il ne lui reste plus qu’une seule chose à accomplir : accompagner les restes de son époux dans sa dernière demeure, dans ce pays, le Cameroun, auquel selon elle, Ahmadou Ahidjo aura tout donné, y compris sa vie.

© LESEPTENTRiON.NET via Dikalo : AgnèS Taile




10/09/2013
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