Général Pierre Semengue , allez-vous couper la tête à tous les Camerounais
Général Pierre Semengue , allez-vous couper la tête à tous les Camerounais
Écrit par Patrice Nganang | Baltimore Lundi, 14 Mars 2011 14:34
Eh oui, général, nous savons : vous affichez un crétin sourire toutes les fois qu’on vous questionne sur vos crimes. Général Pierre Semengue, entre nous, dites-moi donc : de quoi avez-vous tant peur ? Ainsi avez-vous, au bout de vos cinquante ans de service, fait de l’armée camerounaise une armée tribale.Ah, général, on voit qu’à votre St Syr-là, vous n’aviez pas appris les droits de l’homme ; que ceux-ci ne sont pas enseignés à l’Emiac non plus. . Alors, général, allez-vous donc leur couper la tête aussi ? Je vous sais court, mais on vous dit courageux. Ce texte-ci est un outrage selon l’article 154 du code pénal ; nous le savons, vous et moi. Si vous être un homme, déposez donc votre coupe-coupe, traduisez-moi au tribunal, et que le procès ait lieu en public. Nous verrons qui gagnera, bèbèla.
Eh oui, général, nous savons : vous affichez un crétin sourire toutes les fois qu’on vous questionne sur vos crimes. Ainsi, dans une interview accordée le 21 décembre 2007, assis dans le jardin confortable de l’impunité que vous a bâti les grandes ambitions, vous dites ceci, parlant de vos concitoyens camerounais : ‘on était obligé de couper la tête des rebelles, et de venir l’exposer dans les villages’. Et vous continuez, sourire aux lèvres : ‘je pense que c’était de l’information.’ Criminel moyen d’informer les populations bamiléké et bassa désarmées, qui avaient pourtant des postes de radio, ou d’autres méthodes pour savoir la vérité sur leurs frères ! Sanguinaire général qui aurait préféré que le peuple camerounais n’ait pas de tête, et donc n’use jamais de son jugement ! Or Ahidjo aux ordres de qui vous décapitiez vos concitoyens jadis a été lui aussi condamné à mort en 1984 pour rébellion ! Écervelé général, donc : si seulement vous usiez souvent de votre propre tête ! Si seulement, bèbèla !
Nous savons que le 15 mars 1966, Castor Osende Afana, 36 ans, ‘rebelle’, docteur en économie, a été tué dans le sud du Cameroun, que sa tête a été ‘sectionnée au ras du tronc’, et apportée à Ahidjo ; que par la suite, nombreux ils seront, les Camerounais qui dans l’Ouest du pays surtout seront décapités, et dont la tête ornera des carrefours et abords de marchés. Mais nous savons aussi que vous, général, n’avez que vos médailles grotesques mises sur votre poitrine par des tyrans et nos oppresseurs, alors que Ernest Ouandié et ces Camerounais que vous vouliez sans tête sur les épaules, ont été faits héros nationaux en 1990, par l’Assemblée nationale camerounaise. Pourquoi ? Parce que ce sont ces ‘rebelles’ qui en premier ont rêvé pour nous d’un pays où les droits de l’homme sont sacrés, où l’intégrité du corps – habeas corpus – est constitutionnellement ancré ; qui donc, ont imaginé une république où des Camerounais ne se comportent pas comme des abrutis, mais utilisent leur propre intelligence pour faire leur histoire.
En 1990, ces Camerounais ont pris la rue pour exiger le respect de leurs droits, et c’est vous général, encore vous qui avez, sourire aux lèvres, opposé à leur volonté la menace du coup d’Etat, comme si c’était le pire qui puisse arriver à notre pays déjà mis à genoux par vos salaires surélevés de soldats. En 2000, c’est encore sous votre bénédiction que des jeunes à Douala ont été assassinés par un soi-disant ‘Commandement opérationnel.’ En 2008 aussi, des centaines de Camerounais sont tombés sous les balles de vos soldats qui ici aussi auraient préféré qu’ils n’utilisent pas leur tête pour demander à Biya, 80 ans, 29 ans de pouvoir, de partir.
Ce 23 février 2011, vos généraux et colonels – René Claude Meka, le colonel Eyenga - ont envoyé les unités spéciales du Bataillon d’intervention rapide (Bir), le Bataillon des troupes aéroportées de Koutaba (Btap) armés jusqu’aux dents dans les rues de Bafoussam, Douala et Yaoundé, à cause de quelques chuchotements, tracts et graffitis ! Général Pierre Semengue, entre nous, dites-moi donc : de quoi avez-vous tant peur ? Ainsi avez-vous, au bout de vos cinquante ans de service, fait de l’armée camerounaise une armée tribale, et qui n’a toujours su utiliser ses armes que contre des Camerounais. Incompétent général dont les soldats depuis vingt ans n’ont même pas pu gagner la seule bataille que de toute votre carrière vous ayez menée contre une agression externe, la bataille pour la souveraineté camerounaise sur la péninsule de Bakassi !
Ah, général, on voit qu’à votre St Syr-là, vous n’aviez pas appris les droits de l’homme ; que ceux-ci ne sont pas enseignés à l’Emiac non plus. Eh bien, sachez que les droits de l’homme sont un socle aussi solide que le roc sur lequel rebondit toute balle de fusil, et sur lequel se fracasse tout Etat. Ne vous trompez pas, non : l’histoire du monde nous a fait vivre, nous, la mort d’Etats aussi puissants que l’Union soviétique ou le Soudan qui n’accordaient aucune valeur aux droits de l’homme. Elle nous a fait voir des généraux comme vous, et des présidents comme Biya, faire face au Tribunal pénal international, Tpi, et être condamnés pour atrocités et génocide. L’intégrité du Cameroun ne peut pas être imposée en coupant la tête à tous les Camerounais qui protestent, mais en respectant leurs rêves et leurs demandes minimales.
Le régime aujourd’hui grabataire que vous défendez depuis 1960 ne survivra pas cette évidence de l’histoire qui veut que notre futur commun ne soit possible que dans le respect effectif des droits de chacun. Nous Camerounais, rêvons d’un pays qui respecterait nos vies, et nous marcherons tant que ce rêve n’est pas réalisé. Serions nous épuisés que nos enfants, leurs enfants et petits-enfants marcheraient. Alors, général, allez-vous donc leur couper la tête aussi ? Je vous sais court, mais on vous dit courageux. Ce texte-ci est un outrage selon l’article 154 du code pénal ; nous le savons, vous et moi. Si vous être un homme, déposez donc votre coupe-coupe, traduisez-moi au tribunal, et que le procès ait lieu en public. Nous verrons qui gagnera, bèbèla.
Patrice Nganang
Écrivain