Gendarmerie de Nkolbisson: Un homme retrouvé mort dans sa cellule

Cameroun/Yaoundé:Gendarmerie de Nkolbisson: Un homme retrouvé mort dans sa celluleFrançois Belobo Etoundi âgé de 47 ans a été retrouvé mort dans la cellule de la brigade de Nkolbisson, au petit matin du samedi 19 janvier 2013, quelques heures seulement après son interpellation. La famille estime que la victime aurait été torturée. Mais la gendarmerie parle de vindicte populaire.
 
La dépouille de François Belobo Etoundi est toujours gardée à la morgue de l’hôpital de la de Yaoundé. L’enquête ouverte par la gendarmerie nationale à la suite de son décès survenu samedi 19 janvier dernier dans des circonstances troubles dans la cellule de la brigade de gendarmerie de Nkolbisson n’a encore rien révélé.

Selon des sources proches de la famille du disparu, l’affaire serait partie d’une altercation entre Adié Sidrick, fils d’un commandant de l’armée camerounaise à la retraite et la victime. «Le fils du commandant vendait les chaussures devant sa cour au marché de Nkolbisson. Il s’est opposé à cela et a menacé d’y mettre du feu. C’est ainsi que le fils a appelé son père commandant à la rescousse. Ce dernier a donc fait venir sur le terrain des gendarmes qui ont sérieusement tabassé la victime avant de la conduire à la brigade », relate un cousin du défunt qui requiert l’anonymat.
 
Il ajoute qu’à la brigade, la victime aurait encore subi des violences physiques insoutenables, passant même à la balançoire. « Après s’être rendu compte qu’il est mort, les gendarmes ont aussitôt conduit sa dépouille à la morgue de militaire de Yaoundé, sans même prendre la précaution d’informer sa famille. Ses codétenus indiquent qu’il a vomi le sang toute la nuit, et qu’après sa mort ils ont été chargés de nettoyer les traces de sang avant le petit matin », rapporte la même source qui soutient mordicus que l’initiative visait à effacer les preuves de torture avant la descente sur le terrain des hautes autorités de la gendarmerie nationale.

Pour ce proche de la victime, la vraie cause de la mort de son frère aurait été cachée au commandant du groupement territorial de la gendarmerie descendu sur les lieux. « Le commandant de compagnie aurait informé le conseiller technique numéro 1 de secrétaire d’Etat à la défense qu’il s’agissait d’un cas de vindicte populaire, alors que la vérité est toute autre. La preuve c’est qu’à l’heure qu’il est, le commandant à la retraite et tous ses enfants sont portés disparus», insiste notre source.
 
Contradictions

Mais à la brigade de gendarmerie de Nkolbisson, l’on parle plutôt d’une vindicte populaire. Selon un gendarme qui a requit l’anonymat, tout serait parti de la « volonté cruelle » du jeune François Belobo Etoundi à immoler par le feu son compatriote Adié Sidrick, vendeur de chaussures au marché Nkolbisson. « C’est un policier qui nous a informés de ce que la population menace de tuer un homme au marché de Nkolbisson. Lorsque nous nous sommes rendus sur les lieux, nous avons trouvé François Belobo en train d’être torturés par les individus en furie. Ils nous ont informés qu’il venait de verser le pétrole sur le nommé Adié Sidrick sur qui il voulait mettre du feu. C’est dans ce contexte que nous l’arrachons à ses bourreaux», relate un homme en tenue en service à la brigade de gendarmerie de Nkolbisson.

Selon cette source, la victime aurait été mise en cellule, où il a trouvé la mort, alors qu’il ne présentait aucun signe de lésions graves. « Notre action a été de le sauver de la vindicte populaire. Si nous avions constaté une anomalie grave, on l’aurait conduit à l’hôpital. Et s’il avait signalé des problèmes de santé dans la nuit, le collègue de garde l’aurait extrait. Notre responsabilité n’est donc pas engagée. Il s’agit de quelqu’un qui a tenté de tuer son semblable par immolation par le feu», indique le flic qui ajoute qu’une enquête a été ouverte par les collaborateurs du secrétaire d’Etat auprès du ministre de la défense chargé de la gendarmerie. Le commandant à la retraite que la famille présente comme étant celui qui a appelé la gendarmerie nie toute implication dans cette histoire.

Joint au téléphone, il a simplement conseillé au reporter du Messager de se référer au commandant de la brigade de gendarmerie de Nkolbisson ou au commandant du groupement territorial de la gendarmerie. « Je suis astreint au devoir de réserve. Par conséquent, je ne peux pas m’exprimer sur le sujet », conclut-il.

© Le Messager : Joseph Flavien KANKEU


24/01/2013
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