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Aminatou Ahidjo, la fille du Premier Chef de l'Etat camerounais, Ahmadou Ahidjo, a adhéré au comité de base de Garoua (Nord) du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Comme pour matérialiser cette adhésion, elle a été reçue vendredi en matinée à Yaoundé par le Secrétaire général du comité central du parti au pouvoir, Jean Nkuété, entouré d'autres hauts cadres. A la sortie de cette rencontre, Aminatou Ahidjo a qualifié le Rdpc de «parti de rassemblement et de cœur». Elle a aussi adressé sa «profonde gratitude» à Paul Biya, à qui elle a promis «un soutien fort à sa politique».

Cette sortie n'a pas manqué de faire le buzz dans la région du Nord, notamment dans la ville de Garoua dont elle est originaire. Entre ceux qui estiment que la fille du Premier Président camerounais a trahi la mémoire de son feu père et ceux qui pensent qu'elle a fait le bon choix en ralliant le Rdpc, les avis affluent. Ahmadou Abdoul Kadri, visiblement le plus virulent, responsable provincial de la communication du Social Democratic Front (Sdf) pour le Nord et natif de Garoua, ne comprend pas comment Aminatou Ahidjo «peut adhérer dans un parti qui avait poussé son père à l'exil, qui l'avait condamné à mort et, de surcroit, avait refusé que son corps soit rapatrié au Cameroun».

Pour lui, ce ralliement est «un pavé dans la mare» et ne changera rien au soir du 30 septembre 2013 et donc des élections législatives et municipales. Bien au contraire, estime-t-il, ce ralliement affaiblira plutôt le Rdpc car les populations du Nord sont mûres politiquement et comprennent ce que le pouvoir tente de faite en ce Moment. «Elle nous trouvera sur son chemin», lance-t-il, en indiquant que la région ne pardonnera jamais au pouvoir de M. Biya pour tout le mal qu'il lui a fait.

Hassana Tchiroma, de l'Add, estime pour sa part qu'Aminatou Ahidjo, pour faire foule, aurait dû créer sa propre formation politique surtout qu'elle a de solides arguments au regard de sa formation intellectuelle. Son ralliement au Rdpc compliquerait même la tâche ce parti, car les populations murmurent en silence qu'elle vient faire «une bataille» contre son grand-frère, Mohamadou Ahidjo. «Certes, elle est la fille d'Ahidjo mais la mayonnaise ne va pas prendre comme peut II penser le pouvoir de Yaoundé», affirme-t-il.

Adamou Maï Mota, du Fsnc d'Issa Tchiroma Bakary, croit fermement qu'Aminatou Ahidjo joue «sa carte personnelle». Mais, pour lui, ce choix va sans doute compliquer la posture de son aîné, Mohamadou Ahidjo, qui se trouve dans un parti agonisant. «Sur le plan purement intellectuel, elle est au-dessus de son frère. Sur le plan sociopolitique, elle peut drainer plus de masses que son grand-frère parce qu'elle n'est pas encore compromise», explique-t-il.

Dans les rangs du Rdpc, c'est plutôt l'allégresse même si on peut noter, chez certains, comme une certaine méfiance. Saliou Muller, Président de la section Bénoué-centre II et Mamouda Ali, Député sortant de la Bénoué-ouest, jugent que l'acte posé par Aminatou est mûri, réfléchi: «Elle est la bienvenue parmi nous, et elle ne sera pas dépaysée. Nous sommes fiers de l'accueillir non seulement dans le département de la Bénoué, mais dans la ville de Garoua». Le sénateur Youssoufa Daoua, quant à lui, réfute l'idée selon laquelle l'Undp serait le parti de cœur de la famille Ahidjo. «L'Undp est née quand le Président Bello était en exil au Nigeria, alors que le Rdpc est né des cendres de l'Unc», fait-il remarquer, avant d'ajouter que son parti vient d'enregistrer une militante de plus, et pas n'importe quelle militante: «C'est quand même la fille du Président Ahidjo, et c'est notre fille!».

Le Maire de Garoua 1er, Ishaga Malam Labarang, croit fermement que le ralliement de la fille d'Ahidjo assure davantage la victoire du Rdpc: Les populations de Garoua accueillent avec joie ce ralliement. Nous ne nous y attendions pas. Elle est venue, et on l'accepte avec amour et respect. Elle vient chez elle à Garoua. Avec elle, durant la campagne, c'est sûr que nous allons gagner et encore car une voix de gagnée est une victoire assurée».