Garde rapprochée du Chef de l'Etat: Au cœur des trivialités des années 80
Yaoundé, 14 Août 2013
© Igor Bilep | L'Indépendant
La stabilité et la confiance autour de la garde rapprochée du Chef de l'Etat depuis des lustres sont aujourd'hui remises en question.
Si depuis les tristes évènements du 06 avril 1984, l'on a assisté à plusieurs changements au commandement de la garde présidentielle, le statut quo reste de mise à la tête de la Direction de la sécurité présidentielle (Dsp) où, même du temps de Pierre Minlo Medjo, tout indiquait que c'est le Général Ivo alors son adjoint, qui était le véritable homme fort. Ce caractère envahissant de l'impénétrable général attisait des tensions à tel point Paul Biya avait préféré l'éloigner du palais avant de le ramener après le départ du Commissaire divisionnaire Minlo Medjo.
Outres ses relations houleuses avec celui qui était théoriquement son patron, Ivo Dessancio avait maillé à partir avec certains éléments pour des motifs plus ou moins troublants, allant de rivalités autour des belles femmes du corps, à la distribution sélective des prébendes. Vers la fin des années 80, l'on assista à l'arrestation et à la révocation à la gendarmerie nationale du chef du parc présiden¬tiel, un certain Dikongue Ekoulé, pour un prétendu vol de véhicule, alors que plusieurs témoins affirmaient que le seul crime de cet homme aurait été de vouloir épouser une femme que convoiterait son patron Ivo.
Jardin inviolable
Le Général Ivo a fait de la sécurité présidentielle son affaire personnelle, en laissant croire par des gesticulations et de permanentes provocations à l'endroit d'autres services de sécurité, qu'il était le seul rempart de la sécurité de Paul Biya. Il y a quelques années, ses mauvaises relations avec Titus Ebogo puis Mengo et Mendoua avaient divisé le périmètre du palais de l'Unité en zones infranchissables pour des services rivaux. La création du Bataillon d'intervention rapide (Bir) et le détachement des éléments de cette unité spéciale pour renforcer la sécurité du Chef de l'Etat aurait été considérée par le Général comme une atteinte à son pouvoir hégémonique. Les bousculades entre éléments du Bir et ceux de la Dsp plus fidèles à Ivo qu'à Paul Biya ont créé la panique lors de différentes sorties du Chef de l'Etat. Le Général et ses éléments zélés se sont même à plusieurs reprises attaqués aux éléments d'autres services de sécurité et de renseignement au cours de la couverture de différentes cérémonies nationales ou sommets internationaux, en donnant l'impression que même ces services dont l'efficacité est établie, représentaient un danger pour l'Etat. Ce comportement pour le moins ubuesque a plusieurs fois suscité des pernicieux commentaires, interprétant cette attitude du général comme son unique obsession à protéger Paul Biya. Les missions longues à l'étranger seraient à tête chercheuse et strictement réservées aux mêmes qui vouent un culte au général. La gestion tribalo-régionaliste de la Dsp avec ce que cela implique comme reversements arbitraires massifs des éléments originaires des régions du Centre, du Littoral et de L'Est, ou là marginalisation d'une poignée qu'on maintient, masquent mal les pratiques qui sont en rupture avec les aspirations du Chef de l'Etat.
Pourtant, comme aiment le rappeler de nombreux historiens, Paul Biya a dès son avènement au pouvoir en 1982, fait de sa sécurité l'affaire de tous les Camerounais, rompant ainsi avec les méthodes des malabars de l'ancien régime dont les limites ont été constatées lors de la mutinerie du 06 avril 1984. L'obsession du Général Ivo à confisquer cette sécurité devient d'autant plus suspecte qu'elle ressemble à sa volonté d'encerclement du sommet de l'Etat.
© Igor Bilep | L'Indépendant
La stabilité et la confiance autour de la garde rapprochée du Chef de l'Etat depuis des lustres sont aujourd'hui remises en question.
Si depuis les tristes évènements du 06 avril 1984, l'on a assisté à plusieurs changements au commandement de la garde présidentielle, le statut quo reste de mise à la tête de la Direction de la sécurité présidentielle (Dsp) où, même du temps de Pierre Minlo Medjo, tout indiquait que c'est le Général Ivo alors son adjoint, qui était le véritable homme fort. Ce caractère envahissant de l'impénétrable général attisait des tensions à tel point Paul Biya avait préféré l'éloigner du palais avant de le ramener après le départ du Commissaire divisionnaire Minlo Medjo.
Outres ses relations houleuses avec celui qui était théoriquement son patron, Ivo Dessancio avait maillé à partir avec certains éléments pour des motifs plus ou moins troublants, allant de rivalités autour des belles femmes du corps, à la distribution sélective des prébendes. Vers la fin des années 80, l'on assista à l'arrestation et à la révocation à la gendarmerie nationale du chef du parc présiden¬tiel, un certain Dikongue Ekoulé, pour un prétendu vol de véhicule, alors que plusieurs témoins affirmaient que le seul crime de cet homme aurait été de vouloir épouser une femme que convoiterait son patron Ivo.
Jardin inviolable
Le Général Ivo a fait de la sécurité présidentielle son affaire personnelle, en laissant croire par des gesticulations et de permanentes provocations à l'endroit d'autres services de sécurité, qu'il était le seul rempart de la sécurité de Paul Biya. Il y a quelques années, ses mauvaises relations avec Titus Ebogo puis Mengo et Mendoua avaient divisé le périmètre du palais de l'Unité en zones infranchissables pour des services rivaux. La création du Bataillon d'intervention rapide (Bir) et le détachement des éléments de cette unité spéciale pour renforcer la sécurité du Chef de l'Etat aurait été considérée par le Général comme une atteinte à son pouvoir hégémonique. Les bousculades entre éléments du Bir et ceux de la Dsp plus fidèles à Ivo qu'à Paul Biya ont créé la panique lors de différentes sorties du Chef de l'Etat. Le Général et ses éléments zélés se sont même à plusieurs reprises attaqués aux éléments d'autres services de sécurité et de renseignement au cours de la couverture de différentes cérémonies nationales ou sommets internationaux, en donnant l'impression que même ces services dont l'efficacité est établie, représentaient un danger pour l'Etat. Ce comportement pour le moins ubuesque a plusieurs fois suscité des pernicieux commentaires, interprétant cette attitude du général comme son unique obsession à protéger Paul Biya. Les missions longues à l'étranger seraient à tête chercheuse et strictement réservées aux mêmes qui vouent un culte au général. La gestion tribalo-régionaliste de la Dsp avec ce que cela implique comme reversements arbitraires massifs des éléments originaires des régions du Centre, du Littoral et de L'Est, ou là marginalisation d'une poignée qu'on maintient, masquent mal les pratiques qui sont en rupture avec les aspirations du Chef de l'Etat.
Pourtant, comme aiment le rappeler de nombreux historiens, Paul Biya a dès son avènement au pouvoir en 1982, fait de sa sécurité l'affaire de tous les Camerounais, rompant ainsi avec les méthodes des malabars de l'ancien régime dont les limites ont été constatées lors de la mutinerie du 06 avril 1984. L'obsession du Général Ivo à confisquer cette sécurité devient d'autant plus suspecte qu'elle ressemble à sa volonté d'encerclement du sommet de l'Etat.