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Au lieu dit «Douche municipale» à Douala le 22 juin 2012, l'agence Finex voyages grouille de monde. Les sacs de voyage occupent anarchiquement le terminal en matériaux provisoires tandis qu'un long rang de potentiels voyageurs se trouve devant l'unique guichet. Difficile de se frayer un chemin pour rejoindre le bureau du chef d'agence M. Christophe Tiko perché juste au-dessus du bureau à billets de voyages. Le chef d'agence est surpris de la visite du reporter et ignore à son niveau l'existence d'un texte du ministre des transports (Mintrans) à son endroit. Il passe rapidement un coup de fil au directeur général de l'entreprise. A Yaoundé où il se trouve, le responsable principal de Finex voyages dit ne pas au courant du texte ministériel.

Et pourtant, la veille, c'est-à-dire le 21 juin, au cours du journal parlé de treize heures du poste national, un communiqué du Mintrans à l'endroit de Finex, Central voyages et Garanti express invite les trois agences de transport en commun à mettre hors de leur parc tous les bus ayant plus de vingt ans de circulation. Il leur est en outre demandé d'aménager les toilettes dans leurs structures et d'affilier leurs personnels à la Caisse nationale des prévoyances sociales (Cnps).

Le chef d'agence de Finex sort une liasse de cartes grises des bus de leur flotte. A y regarder de près, aucun bus n'a plus de 20 ans de circulation. Son étonnement va grandissant: «Je vous ai dit au départ que nous n'avons directement reçu aucune mise en demeure du ministre. Le communiqué que vous évoquez, nous ne le connaissons pas, il ne nous a pas encore été servi. Je crois que cela aurait dû se faire concomitamment, c'est-à-dire, au moment où on l'envoyait au poste national, on aurait dû également nous le servir», déclare M. Christophe Tiko. Ce journaliste affirme que tous les personnels de leur entreprise sont affiliés à la Cnps. Certes, au loin, l'on aperçoit une petite case qui indique les toilettes payantes. Un tour dans cet espace laisse tout de même voir que l'hygiène n'y est pas appliquée.


Protestation

A Quelques encablures de là, Garanti express connaît une effervescence qui laisse comprendre que c'est la période des grandes vacances. Un garçon de ménage, raclette et serviette en main, passe un coup sur les carreaux à la salle d'attente et fait également un tour aux toilettes pour y passer aussi un coup de serviette. La climatisation est un peu forte mais visiblement personne ne semble s'en émouvoir. M. Gelain Siemendjé, le directeur des opérations et directeur commercial de l'entreprise nous accueille. «J’ai suivi à travers les ondes cette information», déclare-t-il, avant de poursuivre posément: «Nous n'avons jamais été notifié et n'avons reçu aucune visite d'inspection du Mintrans. Je dis, jamais. Que ce soit à Douala ou à Yaoundé. Nous ne savons sur quelle base ils ont rédigé ce communiqué. Ils gagneraient à aller sur le terrain vérifier d'abord le fonctionnement de chaque entreprise avant de nous faire des leçons. Nous ne disposons pas de bus, de plus de vingt ans. Que l'administration sache que nous sommes en pleine restructuration. Nous sommes soucieux de notre image, et en outre, nous avons deux types de personnels, les permanents et le personnel naviguant. Tous les permanents, environ 70 % de nos effectifs, sont affiliés à la Cnps et nous contrôlons l'authenticité des permis de conduire de tous nos chauffeurs avant leur intégration», déclare M. Siemendjé.

Sa colère est à peine voilée car c'est la période de pointe eu égard aux vacances. Mais l'interlocuteur rejette l'hypothèse d'un chantage. «Je ne parlerai pas de choix ciblé dans cette affaire. Mais ce que je déplore dans ce genre de démarche, c'est que nous ne connaissons pas les critères du ministère», fulmine le directeur des opérations de Garanti voyages. Il indique qu'il serait de bon ton que le Mintrans sectionne les reproches et spécifie ce qu'il attend précisément de chaque agence de transport: «ce n'est pas juste de nous mélanger ainsi globalement. Nous à Garanti avons de très bons terminaux, à Yaoundé comme à Douala. Nos bus sont en bon état. Le bus ce n'est pas sa coque, mais c'est son moteur. Notre structure actuellement est irréprochable. Les bus sont permanemment contrôlés avant leur départ du parc à embarquement. C'est vrai qu'il y a des agences telles Alliance ou Finex voyages qui fonctionnent comme des gares routières, c'est-à-dire sans terminaux véritables. Mais ce n'est pas le cas à Garanti», déclare cet ancien responsable de la société Le bus basé à Yaoundé. Les responsables de Central voyages, eux, n'ont pas souhaité s'exprimer sur le sujet.