Gabon: Ali réforme son appareil sécuritaire
En nommant le général Léon Mistoul à la tête de la Police
nationale et le général Jean Ekouah patron de la gendarmerie, Ali Bongo
s’est garanti une paix durable.
Le président Ali Bongo n’a pas attendu la fin de la Coupe d’Afrique des nations
(CAN) pour procéder à plusieurs changements significatifs à la tête de
la police et de la gendarmerie. Deux institutions sécuritaires où il
vient de placer de nouveaux hommes de confiance. Boudé depuis quelques
mois par le chef de l'Etat, le commandant en chef de la police depuis
2010, le général Antoine Embinga, a été démis de son poste le 21
janvier, au profit de son directeur de cabinet, Léon Mistoul.
Il lui est notamment reproché la mauvaise gestion des fonds mis à sa disposition afin de "garantir la sécurité" des législatives de 2011. En outre, la franc-maçonnerie ne serait pas étrangère à son limogeage. "Frère de lumière", grand maître de la Grande Loge symbolique du Gabon
(GLSG, liée au Grand Orient de France), le général Antoine Embinga
paierait ses velléités d’autonomie à l’égard de la Grande Loge du Gabon
(GLG, l’obédience du grand maître Ali Bongo).
Plus accommodant
vis-à-vis du pouvoir, Léon Mistoul bénéficie de la protection d’Alioune
Ibaba, le tout-puissant conseiller spécial du chef de l’Etat, chargé de
la défense et de la sécurité, et d’ethnie myéné comme lui. En outre,
Léon Mistoul, surnommé élégamment "officier ballon" pour avoir
fait partie de l’équipe nationale de football, est un proche de
Jean-Boniface Assélé, oncle maternel d'Ali Bongo et actuel troisième
vice-président du Sénat. C’est d’ailleurs grâce à Assélé, qui fut par le
passé le commandant en chef de la police d’Omar Bongo, que Léon Mistoul
a pu entrer dans la police et y faire carrière.
Pour la
gendarmerie, Ali Bongo n’a pris aucun risque. Son nouveau patron, le
général Jean Ekouah, succède à un autre Téké, Abel Sougou. Jean Ekouah,
54 ans, a effectué toute sa carrière au sein de ce corps. Formé en
France à l'Ecole des officiers de la Gendarmerie nationale (EOGN) de Melun et à l'état-major de la gendarmerie de Maisons-Alfort, il a dirigé la Direction générale des recherches
(DGR, services secrets de la gendarmerie), puis l’état-major de la
gendarmerie départementale. Au début des années 90, il a occupé le poste
d’attaché de défense adjoint à l'ambassade du Gabon à Paris. Son
prédécesseur, Abel Sougou, devrait, pour sa part, prendre sa retraite
avant la fin de l’année. Aux côtés du commandant de l’armée de terre,
Paul Operha, Abel Sougou avait été chargé de sécuriser le déroulement de
la présidentielle de 2009.