GABEGIE: Quand la CRTV finance les activités politiques de Tchiroma

YAOUNDE - 02 JUILLET 2012
© RAOUL GUIVANDA | L'Oeil du Sahel

Le PCA de la CRTV touche allégrement des -frais de représentation- en toute illégalité.


Issa Tchiroma
Photo: © Paulin Mballa/CIN


GABEGIE: Quand la Crtv finance les shows politiques de Tchiroma

Le PCA de la CRTV touche allégrement des -frais de représentation- en toute illégalité.

La bonne gouvernance. Ce concept cher au chef de l'Etat semble avoir du mal à s'enraciner dans les entreprises publiques et parapubliques du Cameroun. En tout cas, à la CRTV, chacun y va de sa petite subtilité pour piocher dans les caisses. Pour ce qui est du président du conseil d'administration de cette entreprise publique et non moins ministre de la Communication, Issa Tchiroma, sa rubrique favorite pour arrondir ses fins de mois et financer ses activités politiques sur le terrain s'appelle pompeusement «frais de représentation». Entre 2009 et 2011, le président du Conseil d'administration s'est servi à profusion sur cette «ligne» même si en 2011, il a fait preuve d'une certaine modération.

Le 14 mars 2011, le président du conseil d'administration a perçu 1.000.000 FCFA pour la visite des trois stations régionales de la Crtv implantées dans les régions septentrionales du pays. Allez-savoir si c'est désormais lui le nouveau directeur général de la boîte. Le 11 août 2011, il perçoit de nouveau 1.000.000 FCFA pour une mission d'inspection sur les listes électorales. Au profit de son parti, le Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc)? Dans ce cas, la Crtv financerait-elle avec les redevances publiques l'inscription des militants d'un parti politique sur les listes électorales? Autrement, il ne reste plus à espérer que copie du rapport de mission a été déposée à la Crtv qui, outre sa mission d'information, appuie désormais Elecam dans les inscriptions sur les listes électorales. Rebelote, le 26 septembre 2011, le président du conseil d'administration touche de nouveau 1.000.000 FCFA pour le lancement de la campagne électorale de la présidentielle d'octobre 2011... Et patati patata. Petite remarque: dans la plupart des cas, le déblocage de ces «frais de représentation» coïncide curieusement avec les descentes politiques du président national du Fsnc sur le terrain.

En tout état de cause, le fait pour le président du conseil d'administration de percevoir tout autre avantage autre que l'allocation mensuelle qui lui est attribuée, est illégal. La loi n°99/016 du 22 décembre 1999 portant statut général des Etablissements publics administratifs et des entreprises publiques et parapubliques est précis à cet effet: allocation mensuelle éventuelle pour le Pca et indemnité de session pour les administrateurs. Toutes les autres facilités sont illégales et passibles de sanctions. La dernière jurisprudence en date touche le président du conseil d'administration de l'Agence de régulation des marchés publics (Armp), Hamadjoda Adjoudji. Son dossier a été transmis à la justice par le Contrôle supérieur de l'Etat. Motif: le conseil d'administration de l'Armp, sous sa présidence, a validé l'instauration des primes spéciales d'apurement et de recouvrement. Le Contrôle supérieur de l'Etat lui a opposé la loi n°99/016 du 22 décembre 1999 et c'est désormais à la justice de qualifier l'infraction.



03/07/2012
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