Frayeur - Prison centrale de Douala: Incendie criminel ou accidentel?
DOUALA - 04 Septembre 2012
© Mathieu Nathanaël Njog | Aurore Plus
La maison d’arrêt de la ville de Douala a été partiellement rasée par les flammes dans la nuit de dimanche 2 au lundi 3 septembre 2012. Le bilan n’est pas des moindres, mais fort heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée. Mais le pire a été frôlé.
© Mathieu Nathanaël Njog | Aurore Plus
La maison d’arrêt de la ville de Douala a été partiellement rasée par les flammes dans la nuit de dimanche 2 au lundi 3 septembre 2012. Le bilan n’est pas des moindres, mais fort heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée. Mais le pire a été frôlé.
I- Peur, terreur et psychose
La prison centrale de Douala est encore sous le contrôle d’un important dispositif sécuritaire. Composé d’une patrouille mixte (de police et de gendarmerie) aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Jusqu’à 18 heures, hier, il n’était admis à aucun usager d’emprunter l’axe allant du marché central à Shell New-Bell qui traverse la devanture de ce pénitencier. Les forces de maintien de l’Ordre y ont installé un cordon de sécurité. Pendant ce temps, les autorités administratives et sécuritaires mobilisées depuis le déclenchement des flammes qu’on dit survenues aux environs de 03 heures de la nuit, défilaient à l’intérieur de la prison où la tension retombait allégrement. Après que les différentes unités des pompiers de l’Aéroport du Port autonome de Douala, venues prêter main forte à la Compagnie des sapeurs-pompiers de Douala sous le commandement du Colonel Minka Ela soient venues à bout des flammes. Elles étaient là pour s’enquérir de la situation et surtout veiller à ce que toutes les dispositions soient prises pour établir le bilan des pertes. Surtout que le Secrétaire d’Etat au Ministère de la justice chargé de l’Administration pénitentiaire était annoncé à Douala en fin de journée pour avoir une idée de la situation.
Pendant cette attente, une interminable réunion de crise se tenait dans les services du gouverneur. Surtout qu’il fallait ressouder l’épineuse question du recasement des détenus Vip de la cellule spéciale 18. Désormais sans lieu de gîte de détention. Les autorités administratives, sécuritaires et pénitentiaires, craignaient une grogne de ces détenus au regard de l’alerte donnée par Etondè Ekoto au cas où, ils étaient recasés dans les quartiers où leur sécurité ne serait pas garantie. A l’intérieur de la prison, c’est un remue ménage des prisonniers qui bat son plein dans la grande cour et dans les cellules. Pour maîtriser la situation, une patrouille de gendarmerie a été réquisitionnée aussitôt que l’incendie ait été déclenché. Elle est allée renforcer le personnel en tenue de l’administration pénitentiaire. On pouvait les voir quadrillant la prison de part et d’autres. Pendant ce temps, la partie nord de la prison centrale de Douala, présentait au loin le visage d’une zone fraîchement rasée dans sa totalité. A partir des décombres, où montaient encore des lames de fumées, on pouvait sans avoir besoin d’explications supplémentaires se faire une idée de l’ampleur des dégâts. Avec des climatiseurs (splits), micro-ondes, téléviseurs, appareils de musique, … calcinés, traduisant un cadre de vie pas toujours semblable avec celui des autres prisonniers.
C’est sur ses débris que les autres prisonniers se remuaient à rechercher un éventuel trésor. Des pièces d’argent, des bijoux et autres bibelots qui auront plus ou moins résisté à la furie de cet incendie. Et pour cause, deux des quatre quartiers ainsi réduites en cendres étaient des cellules dites Vip. Les cellules de la spéciale 18 et de la spéciale 20. Occupées pour la première par des prisonniers qui étaient avant leur incarcération accusés des délits divers : des personnalités économiques, politiques, administratives de la high society. Et pour la deuxième, celle des hommes en tenue incarcérés à la suite des infractions et démêlées judiciaires de tout ordre. On comprend pourquoi, ces détenus spéciaux étaient regroupés et placés sous une extrême surveillance au niveau des bureaux de l’intendance. Pas question pour eux de communiquer, ni de recevoir une visite, sauf celle de leurs avocats venus aux nouvelles. «Il s’agissait d’assurer leur sécurité. Car plusieurs ont connu un moment de grande frayeur», nous confie une des autorités descendues sur les lieux.
Frayeur - Prison centrale de Douala - Etondè Ekoto menace de s’immoler
II- Etondè Ekoto menace de s’immoler
Plusieurs d’entre-eux, ont eu peur pour leur vie. Car lorsque l’incendie est parti à la suite d’une détonation violente, certains ont cru à une tentative d’évasion savamment orchestrée par des détenus armés. Ce qui a causé une grosse trouille au sein des pensionnaires de la spéciale 18. Où l’on recense les anciens gestionnaires de la fortune publique, tombés dans les serres du rapace chargé de l’assainissement des mœurs dans la gestion des finances de l’Etat, dénommé, «Opération Epervier». C’est pourquoi lorsque les flammes, suppose-t-on, parties de la mosquée située à l’arrière du quartier des Vip et se sont propagées à une vitesse vertigineuse, l’évacuation de ces détenus Vip n’était pas du tout aisé. Ne comprenant pas ce qui se passait, malgré la panique générale qui s’était emparée de toute la prison centrale de Douala, c’est tétanisé qu’ils ont été arrachés de leur lit où tous étaient déjà éveillés et sur le qui-vive. Quelle n’a pas été la frayeur qui les a traversé au moment de leur évacuation, parce que redoutant à tout moment une agression ou alors de tomber sur une balle perdue. Surtout que, c’est dans une furie indescriptible que les détenus des cellules de la plèbe ont couru vers le quartier spécial 18 sous le prétexte de les secourir, mais en vérité pour se livrer à un pillage systématique et incontrôlé. S’emparant des téléviseurs, des vêtements, des bijoux, de l’argent et des appareils divers retrouvés pendant ce sauvetage tout particulier avant que les flammes ne les consument.
Dans cette échauffourée, le Colonel Edouard Nathanaël Etondè Ekoto barricadé dans son cagibi a refusé d’en sortir. Préférant même s’immoler pour dénoncer les conditions de détention inhumaines dans cette prison (voir article ci-dessus) et l’iniquité des procès de l’Opération Epervier. Il a fallu une négociation serrée et une supplication de certains de ses co-détenus pour qu’il accepte de suivre les hommes en tenue affrétés pour leur évacuation et leur sécurité. Il reste que les raisons de cet incendie restent sibyllines. Même si au moment où nous allions sous presse, on évoquait comme cause officielle de cet incendie, un court-circuit dont les étincelles ont pris un drap accroché avant de bénéficier de la très forte incandescence d’un matelas pour se répandre comme une trainée de poudre. Pour certains détenus de cette prison, c’est une thèse qui est loin de les convaincre. Certains soutiennent qu’il ne serait pas incongru d’explorer la piste d’une main criminelle. Car les détenus de la plèbe que regorge majoritairement cette prison fourmillent d’imagination pour créer des occasions idoines pour leur évasion. Et plusieurs tentatives d’évasions ont été très vite découragées cette nuit là, apprend-on. Heureusement on n’a pas connu la même tragédie que celle du mois d’août 2008 lorsqu’un incendie de ce pénitencier s’est soldé par 10 morts sur le carreau. Et lorsque deux mois plus tôt, en mi juin 2008, 17 prisonniers avaient été abattus à la suite d’une tentative d’évasion manquée.
La prison centrale de Douala est encore sous le contrôle d’un important dispositif sécuritaire. Composé d’une patrouille mixte (de police et de gendarmerie) aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Jusqu’à 18 heures, hier, il n’était admis à aucun usager d’emprunter l’axe allant du marché central à Shell New-Bell qui traverse la devanture de ce pénitencier. Les forces de maintien de l’Ordre y ont installé un cordon de sécurité. Pendant ce temps, les autorités administratives et sécuritaires mobilisées depuis le déclenchement des flammes qu’on dit survenues aux environs de 03 heures de la nuit, défilaient à l’intérieur de la prison où la tension retombait allégrement. Après que les différentes unités des pompiers de l’Aéroport du Port autonome de Douala, venues prêter main forte à la Compagnie des sapeurs-pompiers de Douala sous le commandement du Colonel Minka Ela soient venues à bout des flammes. Elles étaient là pour s’enquérir de la situation et surtout veiller à ce que toutes les dispositions soient prises pour établir le bilan des pertes. Surtout que le Secrétaire d’Etat au Ministère de la justice chargé de l’Administration pénitentiaire était annoncé à Douala en fin de journée pour avoir une idée de la situation.
Pendant cette attente, une interminable réunion de crise se tenait dans les services du gouverneur. Surtout qu’il fallait ressouder l’épineuse question du recasement des détenus Vip de la cellule spéciale 18. Désormais sans lieu de gîte de détention. Les autorités administratives, sécuritaires et pénitentiaires, craignaient une grogne de ces détenus au regard de l’alerte donnée par Etondè Ekoto au cas où, ils étaient recasés dans les quartiers où leur sécurité ne serait pas garantie. A l’intérieur de la prison, c’est un remue ménage des prisonniers qui bat son plein dans la grande cour et dans les cellules. Pour maîtriser la situation, une patrouille de gendarmerie a été réquisitionnée aussitôt que l’incendie ait été déclenché. Elle est allée renforcer le personnel en tenue de l’administration pénitentiaire. On pouvait les voir quadrillant la prison de part et d’autres. Pendant ce temps, la partie nord de la prison centrale de Douala, présentait au loin le visage d’une zone fraîchement rasée dans sa totalité. A partir des décombres, où montaient encore des lames de fumées, on pouvait sans avoir besoin d’explications supplémentaires se faire une idée de l’ampleur des dégâts. Avec des climatiseurs (splits), micro-ondes, téléviseurs, appareils de musique, … calcinés, traduisant un cadre de vie pas toujours semblable avec celui des autres prisonniers.
C’est sur ses débris que les autres prisonniers se remuaient à rechercher un éventuel trésor. Des pièces d’argent, des bijoux et autres bibelots qui auront plus ou moins résisté à la furie de cet incendie. Et pour cause, deux des quatre quartiers ainsi réduites en cendres étaient des cellules dites Vip. Les cellules de la spéciale 18 et de la spéciale 20. Occupées pour la première par des prisonniers qui étaient avant leur incarcération accusés des délits divers : des personnalités économiques, politiques, administratives de la high society. Et pour la deuxième, celle des hommes en tenue incarcérés à la suite des infractions et démêlées judiciaires de tout ordre. On comprend pourquoi, ces détenus spéciaux étaient regroupés et placés sous une extrême surveillance au niveau des bureaux de l’intendance. Pas question pour eux de communiquer, ni de recevoir une visite, sauf celle de leurs avocats venus aux nouvelles. «Il s’agissait d’assurer leur sécurité. Car plusieurs ont connu un moment de grande frayeur», nous confie une des autorités descendues sur les lieux.
Frayeur - Prison centrale de Douala - Etondè Ekoto menace de s’immoler
II- Etondè Ekoto menace de s’immoler
Plusieurs d’entre-eux, ont eu peur pour leur vie. Car lorsque l’incendie est parti à la suite d’une détonation violente, certains ont cru à une tentative d’évasion savamment orchestrée par des détenus armés. Ce qui a causé une grosse trouille au sein des pensionnaires de la spéciale 18. Où l’on recense les anciens gestionnaires de la fortune publique, tombés dans les serres du rapace chargé de l’assainissement des mœurs dans la gestion des finances de l’Etat, dénommé, «Opération Epervier». C’est pourquoi lorsque les flammes, suppose-t-on, parties de la mosquée située à l’arrière du quartier des Vip et se sont propagées à une vitesse vertigineuse, l’évacuation de ces détenus Vip n’était pas du tout aisé. Ne comprenant pas ce qui se passait, malgré la panique générale qui s’était emparée de toute la prison centrale de Douala, c’est tétanisé qu’ils ont été arrachés de leur lit où tous étaient déjà éveillés et sur le qui-vive. Quelle n’a pas été la frayeur qui les a traversé au moment de leur évacuation, parce que redoutant à tout moment une agression ou alors de tomber sur une balle perdue. Surtout que, c’est dans une furie indescriptible que les détenus des cellules de la plèbe ont couru vers le quartier spécial 18 sous le prétexte de les secourir, mais en vérité pour se livrer à un pillage systématique et incontrôlé. S’emparant des téléviseurs, des vêtements, des bijoux, de l’argent et des appareils divers retrouvés pendant ce sauvetage tout particulier avant que les flammes ne les consument.
Dans cette échauffourée, le Colonel Edouard Nathanaël Etondè Ekoto barricadé dans son cagibi a refusé d’en sortir. Préférant même s’immoler pour dénoncer les conditions de détention inhumaines dans cette prison (voir article ci-dessus) et l’iniquité des procès de l’Opération Epervier. Il a fallu une négociation serrée et une supplication de certains de ses co-détenus pour qu’il accepte de suivre les hommes en tenue affrétés pour leur évacuation et leur sécurité. Il reste que les raisons de cet incendie restent sibyllines. Même si au moment où nous allions sous presse, on évoquait comme cause officielle de cet incendie, un court-circuit dont les étincelles ont pris un drap accroché avant de bénéficier de la très forte incandescence d’un matelas pour se répandre comme une trainée de poudre. Pour certains détenus de cette prison, c’est une thèse qui est loin de les convaincre. Certains soutiennent qu’il ne serait pas incongru d’explorer la piste d’une main criminelle. Car les détenus de la plèbe que regorge majoritairement cette prison fourmillent d’imagination pour créer des occasions idoines pour leur évasion. Et plusieurs tentatives d’évasions ont été très vite découragées cette nuit là, apprend-on. Heureusement on n’a pas connu la même tragédie que celle du mois d’août 2008 lorsqu’un incendie de ce pénitencier s’est soldé par 10 morts sur le carreau. Et lorsque deux mois plus tôt, en mi juin 2008, 17 prisonniers avaient été abattus à la suite d’une tentative d’évasion manquée.