A l’occasion de sa première visite en Afrique, François Hollande promet de «tout dire» à ses homologues africains.
Le suspense est rompu depuis le 27 août dernier. Le président de la
République française, François Hollande, se rendra bel et bien à
Kinshasa du 12 au 14 octobre prochain, à l’occasion du Sommet de la
francophonie qu’accueille la République démocratique du Congo (Rdc).
Jusqu’à cette date, le locataire de l’Elysée semblait indécis, car
plusieurs associations l’avaient appelé à «ne pas se rendre à Kinshasa
», pour ne pas conforter le régime de Joseph Kabila, qui dirige le pays
depuis 2001.
L’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps), le principal parti d'opposition en Rdc, présidé par Etienne Tshisekedi, avait même réclamé la délocalisation du Sommet de la francophonie, tandis qu'une association de Français d'origine congolaise avait saisi la justice française pour empêcher la tenue de la réunion.
Toutefois, dans sa démarche, François Hollande a tenu, devant la conférence des ambassadeurs réunie à l’Elysée, à situer les enjeux de sa visite à Kinshasa, la première en Afrique depuis son élection le 6 mai dernier. «Je me rendrai dans quelques semaines au Sommet de la francophonie à Kinshasa. J'y réaffirmerai que la Francophonie, ce n'est pas simplement une langue en partage, mais aussi une communauté de principes et d'idéaux dont le rappel à chaque occasion est nécessaire, et notamment en Rdc, mais pas seulement là », a déclaré le chef de l’Etat français. Avant d’ajouter : «J'y rencontrerai l'opposition politique, les militants associatifs, la société civile. C'est le sens de la nouvelle politique africaine de la France : tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait ».
A l’analyse, il semble évident, qu’à Kinshasa, François Hollande ne s’adressera pas uniquement à la classe politique congolaise, mais à tous les dirigeants africains, dont Paul Biya, question de réaffirmer sa détermination à répudier la Françafrique, et partant à repenser le rôle d'accompagnement de la France sur le continent, en matière de démocratie et de promotion des droits de l’Homme.
Allusion à peine voilée à la discorde entre le pouvoir et l’opposition au sujet du code électoral promulgué le 17 avril dernier par le président de la République, Paul Biya. Le chef de l’Etat camerounais, qui n’a pas eu jusqu’à ce jour le privilège d’être reçu par M. Hollande à l’Elysée affichera-t-il, à Kinshasa, le masque d’un mauvais élève de la démocratie devant son maître ? Ou alors fera-t-il prévaloir, comme à son habitude, l’exception camerounaise dans un monde qui bouge ? Rien n’est moins sûr. Mais, autant l’écrire : le premier tête-à-tête entre Biya (79 ans, bientôt 30 ans au pouvoir) et Hollande (58 ans, cinq mois au pouvoir) s’annonce houleux.