Franck Biya est accusé d'avoir détourné 100 milliards de FCFA. Des «activistes» camerounais pensent que le fils de Paul Biya a bénéficié de l'appui d'un grand nombre de membres de la famille présidentielle.
Sortie subitement de nulle part, l'Alliance pour la défense du bien public a pris sur elle de remuer les cendres du dossier dit des litres de créances de la Cameroon Télécommunications (Camtel). Ce groupe pense aujourd'hui pouvoir rétablir la «vérité» sur une affaire qui remonte à 1997, lorsque l'Etat camerounais décida de «titriser» sa dette intérieure. Dans la pratique, cette initiative a surtout permis aux pouvoirs publics de transformer sa dette intérieure en titres financiers proposés à des investisseurs privés. Voilà comment et pourquoi seront émis des bons du Trésor, baptisés «Obligations du Trésor à coupon zéro», ou «OTZ», en faveur de plusieurs structures étatiques parmi lesquelles la Camtel et la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS).
Les activistes de l'Alliance pour la défense du bien public, qui ne parlent qu'au conditionnel parce que n'étant visiblement pas surs de leurs déclarations, ne cachent pas leur acharnement particulier contre le fils du président de la République, et donc du chef de l'Etat lui-même, en tentant de démontrer, à travers certains médias triés sur le volet, que l'appareil de l'Etat, depuis le sommet, a été complice de prétendus vols commis par Frank Biya. Pour ces dénonciateurs du dimanche, c'est cet appareil qui protège le fils Jeanne Biya aujourd'hui, pour qu'il ne réponde pas du prétendu pillage du Trésor public devant la justice. Et, pour que la mayonnaise prenne, l'Alliance prend pour référence la valeur nominale du coupon.
Manipulateurs.
S'il faut également considérer que ces intérêts étaient capitalisés avant d'être versés en une seule fois, en même temps que le capital, ceci à une date de maturité du bon allant de 10 à 15 ans, la mise rapportait évidemment gros. Ces agitateurs tapis derrière le pamphlet de l'Alliance pour la défense du bien public, soutiennent que Franck Biya, qui avait pris conscience de ce que s'il parvenait à acheter des OTZ en dessous de leur valeur de marché, puis à se les faire racheter, il se ferait plus de beurre.
Ce que ces manipulateurs de consciences ne disent pas aux Camerounais, c'est que, avant que Franck Biya ne soit impliqué dans l'opération, Yves Michel Fotso fut le premier à s'intéresser au dossier des titres de créances au lendemain de la signature, en 2004, de la convention commuant la totalité de la dette de l'Etat vis-à-vis de la Camtel. La société de télécommunications camerounaise s'en étant sortie avec la bagatelle de quelques 52 milliards FCFA de titres, domiciliés à la Caisse autonome d'amortissement (Caa). Comme, une viande faisandée, le pactole ne pouvait qu'aiguiser les appétits des prédateurs de tous ordres.
Yves Michel Fotso, qui est à la tête d'un grand établissement bancaire, a sa petite idée sur la question. Il veut rafler toute la mise ; surtout que ces titres, dont la valeur en 2007 est de 20% par rapport à leur propre valeur, sont payables entre 2011 et 2017.
Mystères.
Seulement, après avoir hypothéqué ses titres à la Société financière africaine (SFA), l'une des banques du groupe Fotso entre juillet et août 2006, la Camtel va lui adresser une correspondance pour indiquer le remboursement par anticipation des 4,7 milliards FCFA. Rappelons que la Camtel lui avait donné 94.00 OTZ en garantie, ayant servi au déblocage des 4,7 milliards de francs.
Quand on parle aujourd'hui d'opérations frauduleuses de Franck Biya, qui lui auraient permis de délester au Trésor public de plus de 100 milliards de FCFA, soit plus de 200 millions de dollars, pourquoi omet-on de présenter, également, les correspondances par lesquelles la Caa a sorti les fonds? Autre question, et non des moindres : si la Caa avait effectivement sorti de l'argent de ses caisses, à combien se sont chiffrées ces sommes? Mystère et boule de gomme.
Autre préoccupation pertinente : l'initiative prise par le groupe Ingénierie forestière (IngF), dont Franck Biya n'était que le gestionnaire, tutelle en marge de la loi? La réponse est non! De même, peut-on s'interroger, le fils du chef de l'Etat était-il, à l'époque des faits, le seul investisseur privé à avoir souscrit à cette opération financière ? La réponse est une fois de plus, non I Et c'est là tout le nœud de l'énigme.
Rétractation.
Plus grave, certains médias, qui se sont empressés de relayer ces informations, par ailleurs incomplètes et tronquées, se sont bien gardés allez savoir pourquoi!-d'indiquer que les titres achetés par le groupe d'actionnaires de la société IngF n'étaient pas arrivés à terme, puisque la société dont le fils du chef de l'Etat était le gestionnaire s'était rétractée en exigeant le remboursement pur et simple de sa mise. De quel préjudice parle-t-on aujourd'hui, si ce n'est une grossière manipulation ourdie contre le chef de l'Etat, à travers son fils, quand on sait que ce dernier est en fait la principale cible visée.
A l'observation, le ramdam médiatique autour de cette autre «affaire», sortie d'esprits tourmentés et vicieux du «G11», vise simplement à affaiblir le chef de l'Etat au moment où il entend monter d'un cran dans la lutte conte les criminels de la fortune publique. Il s'agit, ni plus ni moins, de détourner l'attention de l'opinion publique autour de certains anciens gestionnaires aujourd'hui en proie aux affres de l'«Opération épervier».
Nausée.
D'ailleurs, nos sources indiquent que les commanditaires de cette campagne de pollution à grande échelle sont prêts à toutes les initiatives perverses pour «éclabousser» Paul Biya. L'honneur de l'épouse du chef de l'Etat, apprend-on, devrait bientôt, et à son tour, être étalé sur la place publique pour un prétendu «recel», à l'initiative d'individus dont certains sont déjà condamnés pour d'importants détournements de fonds publics. Ils comptent, apprend-on, présenter Chantal Biya comme étant l'une des principales bénéficiaires de leurs rapines.
C'est la stratégie dite de l'encerclement, du tir nourri. Quand ce n'est pas son épouse, c'est Paul Biya en personne qui serait davantage dans le viseur des francs-tireurs pour des prétendus détournements d'argent des déposants et du dépôt des réserves du Trésor public à la Société camerounaise de banque (SCB) ayant entraîné la fermeture de cette institution, Pour eux, cet argent aurait permis l'achat d'un immeuble à l'Avenue Foch à Paris, mais aussi pour la construction d'une résidence à Mvomeka'a avec terrain de golf et héliport. Ces biens, espèrent ces comploteurs tapis dans l'ombre, devront être saisis et le produit de leur vente reversé au Trésor public.
L'origine de la tonne de littérature nauséeuse, qui se tisse autour de la personne de Franck Emmanuel Biya, n'est donc pas à chercher bien loin. Pour nos activistes; le fils du chef de l'Etat camerounais devra aussi répondre d'un soi-disant préjudice au détriment du Trésor camerounais, estimé à 100 milliards de FCFA. Plutôt que de déposer des plaintes à Paris ou de mettre en place une commission d'enquête parlementaire sur cette affaire des OTZ, qui risque de s'avérer comme un autre pétard mouillé, ce que le peuple camerounais réclame, aujourd'hui, ce sont les preuves palpables qui attestent des sorties d'argent à la Caa pour confondre Franck Biya, et non des supputations oiseuses.
Et, en l'absence de toutes ces preuves, l'on peut conclure qu'il s'agit d'un vrai-faux scandale qui n'a en réalité pour but que d'embarrasser M. Biya en créant l'amalgame ou, pis, en mêlant à dessein sa famille et ses proches dans les serres de l'opération d'assainissement des mœurs publiques actuellement en cours. C'est dire la détermination des contempteurs du régime, qui ne comptent pas s'arrêter au seul cas Franck Biya pour fragiliser les fidèles du président de la République en particulier, et du régime de Yaoundé en général. Ils visent, désormais, le dernier carré du chef de l'Etat avec en première ligne le directeur du cabinet civil, Martin Belinga Eboutou. C'est bien connu : lorsqu'on veut atteindre le malte, l'on s'attaque à son chien.