Franchissement sur le Wouri : 85 milliards de Fcfa pour un nouveau pont
C'est le résultat d'une étude de faisabilité commandée par le ministère des Travaux publics il y a peu. Mais d'ici à là, les populations auront vu de toutes les couleurs. Le spectacle est affligeant depuis lundi dernier. Les habitants de Bonaberi se marchent pratiquement dessus pour rallier leur domicile. A défaut d'emprunter des motos-taxis. Car, les véhicules ont de la peine à se frayer un passage sur l'unique voie encore praticable sur le vieil ouvrage. Cet incident, un de plus vient remettre sur la sellette, la sempiternelle problématique d'un deuxième pont sur le Wouri.
"Ce sont-là des signes que nos dirigeants doivent prendre avec beaucoup de sérieux. Car, l’interruption de la circulation, même pour une seule heure sur ce pont est hautement préjudiciable pour une bonne partie de l'économie nationale." Nous a laissé entendre un habitant de Mabanda. Pas besoin donc d'être sorcier pour comprendre qu’un ouvrage de cette nature, construit en 1955 dans un contexte colonial, avec des matériaux dont on peut imaginer la solidité, n'est plus suffisamment fiable. C'est vrai, le gouvernement va rebondir en arguant que la structure avait reçu une cure de jouvence entre 2002 et 2003. Mais ce que ceux qui nous gouvernement semblent oublier, c'est que ce pont est soumis au quotidien à un trafic pour lequel il n’avait pas été construit.
Selon des sources proches du ministère des Transports, il supporte en moyenne le passage de 32.000 véhicules, 9.000 deux-roues, 2.500 piétons, auquel il faut ajouter deux trains omnibus de voyageurs et de produits divers par jour. C'est toujours sur ce pont que de nombreuses tonnes de marchandises transitent pour approvisionner le Sud-ouest du pays. Bien plus, pour un ouvrage qui a déjà plus de 60 ans de vie, soumis à de telles exigences, c'est énorme.
Moquerie
Ailleurs, les pays qui se sont vus offrir un ouvrage semblable ne sont plus à ce niveau. Beaucoup d'entre-eux ont déjà réussi à se faire construire deux, voire trois autres ponts de la même envergure, sinon plus. Mais au Cameroun, pays de l'attentisme, on en est encore à spéculer sur les études de faisabilité d'un deuxième ouvrage. La chanson est devenue comme une ritournelle qu'elle n'enthousiasme plus personne. Dans la mesure où nombreux sont ceux qui se rappellent qu'à la faveur de l'opération de réhabilitation de l'actuel pont, après les études menées courant 2005, le ministère des Travaux publics et la Communauté urbaine de Douala avaient annoncé la construction d'un deuxième pont sur le Wouri.
Avant de se raviser sous le prétexte que le gouvernement ne disposait pas suffisamment de ressources financières pour mener de pareils travaux. Or, la société chinoise qui s'affairait à donner un sérieux coup de rajeunissement aux routes de Douala avait demandé pour ce faire, une bagatelle somme de 13 milliards de Fcfa. Malheureusement, cette demande n'avait pas prospéré auprès des différents responsables en charge du dossier. C'est ainsi qu'enveloppe de plus de 5 milliards de Fcfa auraient été débloqués, après les premiers 13 milliards de Fcfa supportée à hauteur de 7,87 milliards de Fcfa par l'Agence française de développement (Afd), le reste par l'initiative Ppte et l'Etat camerounais, pour la seule réhabilitation du vieux ouvrage. Pauvre de nous!
Maintenant que l'on peine à circuler sur le pont, certains membres du gouvernement en charge de ce type de dossier de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce). On se souvient que dans cette intention, le gouvernement annonce la construction d'un deuxième pont sur le Wouri avant 2015.
85 milliards de Fcfa
C'est le montant qu'il faudra selon la dernière étude de faisabilité commandée par le ministère des Travaux publics. Ce chiffre a été révélé en décembre de l'année dernière au cours de la cérémonie de restitution des études de faisabilité relatives à la réalisation d'une voie de contournement de la ville de Douala avec franchissement sur ledit fleuve. Une cérémonie qui était présidée par Bernard Messengue Avom et à laquelle prenait également part le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala, Fritz Ntonè Ntonè. Ces études faisaient suite à la signature le 2 mai 2007 d'un marché de gré à gré avec la société Egis Route. Elles avaient pour objet de définir les caractéristiques et les modalités de financement de cet ouvrage qui sera réalisé sur quatre ans.
Trois options de financement avaient ainsi été présentées par le consultant d'Egis Route, Thierry Lestoille au cours de son exposé. "Il y a l'option partenariat où l'ouvrage est entretenu pendant 30 ans par un partenaire privé, le Cameroun devant apporter une partie du financement dans l'immédiat ; la conception/réalisation où l'Etat doit apporter le total du financement dans l'immédiat, supporter tous les coûts d'exploitation et d'entretien chiffrés à environ 9 milliards ; la concession qui coûte moins cher à l'Etat, mais reviendrait encore plus cher avec le péage qui nécessite d'autres investissements", avait laissé entendre Lestoille. Réponse du berger à la bergère. "Nous allons, en concertation avec le ministère de l'Economie, décider de l'option à choisir". D'après Messengue Avom, même si l'Etat venait à opter pour la solution la plus avantageuse, encore faudra-t-il lever les fonds nécessaires pour la réalisation de ce projet.
Thierry Nyope