FRANCE - CAMEROUN : POUR VAINCRE LA MEFIANCE A L'EGARD DES CAMEROUNAIS DE L'ETRANGER
FRANCE - CAMEROUN : POUR VAINCRE LA MEFIANCE A L'EGARD DES CAMEROUNAIS DE L'ETRANGER
L'objet de cette contribution vise à aider les pouvoirs publics camerounais à affiner leur vision sur les enjeux de la communauté camerounaise résidant à l'étranger, à influencer le débat et à compléter la réflexion.Le forum organisé par le Ministère du commerce, sous le Haut patronage du Président de la République, S.E.M Paul BIYA et en présence du Premier Ministre, S.E.M Philèmon YANG ne doit pas être une occasion manquée compte tenu des enjeux de ce dossier que j'ai développés dans ma précédente contibution (1).
Un enjeu de taille, la communauté camerounaise résidant à l'étranger.
Le Cameroun a besoin de tous ses enfants du Cameroun, mais aussi de ceux qui résident à l'étranger, sans discrimination, sans préférence et de toutes leurs facultés créatives et contributives. Faisant partie intégrante du peuple camerounais et de la nation camerounaise quelque soit l'évolution du statut juridique de ses membres dans les pays d'immigration, la communauté constitue un gigantesque potentiel de ressources humaines, d'énergies, un formidable vivier de talents, de solides compétences opérationnelles. Elle a des droits et des devoirs lesquels sont des revendications citoyennes aussi respectables que celles des camerounais de l'intérieur.
En effet, la volonté louable des ministres qui ont organisé des forums, soit par calcul
politique, soit par conviction, doit conduire à dépasser nos égoïsmes
afin de mener une réflexion d'ensemble indispensable, en impliquant tous
les ministères concernés par ce dossier au regard des objectifs
poursuivis par le Président de la République, S.E.M Paul BIYA dans le
cadre de la politique des Grandes Ambitions et dans le prolongement de
la Déclaration de juillet 2009 de Paris mais également pour rafférmir
notre unité nationale.
L'organisation gouvernementale des conférences, forums, de rencontres et j'en passe, devrait traduire de manière claire, lisible et visible, la prise en compte des aspects qualitatifs multidimensionnels et par une implication de tous les ministères et toutes les administrations ou des instances concernées au Cameroun même en raison de l'enchevêtrement des questions auxquelles les Résidents camerounais à l'étranger doivent faire face ( Immigration, Justice, Logement, Éducation, Enseignement, Statut personnel Santé, Douane, Économie, Finances, Commerce, Projets d'investissement).
La question de la communauté camerounaise résidant à l'étranger ne peut être appréhendée uniquement dans le domaine économique.
L'approche du dossier de la communauté camerounaise résidant à l'étranger doit être horizontale compte tenu de son caractère multidimensionnel, transversal.
En mettant sur pied une mission présidentielle, en la dotant de moyens importants et en lui assignant des missions significatives pour rencontrer, s'entretenir, échanger avec tous les camerounaises et tous les camerounais de la colonie du Cameroun dans le monde, le Président de la République, S.E.M Paul BIYA a voulu certainement proscrire, l'improvisation, la navigation à vue pour une action réfléchie, coordonnée en liaison directe avec les intéressés eux-mêmes.
Après le temps de l'évaluation des besoins, des attentes, des problèmes des résidents camerounais à l'étranger, doit succéder celui de se doter des leviers d'action nécessaires au niveau gouvernemental, de la définition d'un cadre pour l'identification de la structure administrative la plus appropriée à leur prise en charge, de la définition des nouvelles bases de négociations avec les pays hôtes.
Le dossier de la communauté camerounaise résidant à
l'étranger interpelle aussi bien les pouvoirs publics camerounais, la
société civile camerounaise mais également
les partis politiques, toutes les forces vives de la diaspora camerounaise et du Cameroun.
Il est regrettable que les partis politiques dans leur ensemble ne se
focalisent que sur les questions du droit de représentation, du droit de
vote et de la double nationalité.
Après une dizaine d'années de réflexions
sur la question de l'immigration camerounaise et de sa colonie, les
priorités me semblent les suivantes:
Rompre avec la politique de méfiance passé en direction de l'immigration;
Pratiquer une politique d'ouverture, de renouveau concernant la communauté camerounaise résidant à l'étranger;
Se doter de levier d'actions nécessaires au niveau gouvernemental;
Reconnaître aux résidents camerounais à l'Étranger le droit a la représentation institutionnelle au Cameroun;
Reconnaître aux résidents camerounais à l'Étranger le droit de vote
Traiter économiquement les émigrés en citoyens camerounais à part entière.
De quelle manière intégrer la dimension des résidents camerounais à
l'étranger dans la contribution et la marche de la démocratie, la
participation à la politique des grandes ambitions?
Comment promouvoir une démarche novatrice susceptible de constituer le point de départ d'une nouvelle politique, d'un nouvel ère politique, qui instaure un climat de confiance réciproque, de sérénité chez les résidents camerounais à l'étranger, jette un pont entre les pouvoirs publics et eux?
Comment traduire dans les faits l'esprit de la politique des grandes ambitions,
les promesses du Président de la République, S.E.M Paul BIYA en termes
de reconnaissance, d'intégration institutionnelle, de large ouverture
politique dans le choix des acteurs et de l'orientation de l'action
politique à conduire ?
Comment faire passer les espoirs de changement de regard de la communauté camerounaise résidant à l'étranger en changement effectif?
Il s'agit en effet d'adopter une politique globale, cohérente et intégrée en direction de la communauté camerounaise résidant à l'étranger qui (ré) introduit à celle ci la confiance et lui fournit les réponses adéquates à ses demandes et attentes.
Cela implique une stratégie de convergence nationale et une mobilisation de toute les énergies, à l'intérieur et à l'extérieur du Cameroun.
C'est dans cet esprit qu'il faut lire et
interpréter la mission présidentielle qui a sillonné les quatre coins de
la planète pour recueillir les doléances des résidents
camerounais à l'étranger.
L'aspect consensuel de la démarche n'exclut pas que le gouvernement dispose de sa propre vision et des ses choix. Bien au contraire, c'est une nécessité.
Évoquer les besoins de la communauté camerounaise
résidant à l'étranger qui doivent être satisfait dans les pays
d'accueil, bien entendu, ce sont ceux qui relèvent du domaine
administratif au sens large notamment : passeports, cartes d'identités,
cartes consulaires, état civil et toutes les opérations subséquentes,
telles que la légalisation de signatures, mariages, contrats divers
etc....
Ils sont du ressort exclusif des consulats, les Relations Extérieures sont par nature incontournables.
La satisfaction de ces besoins nécessite des
moyens conséquents et un véritable plan de modernisation de nos
représentations diplomatiques et des consulats pour plus d'efficience
dans le règlement des problèmes de la communauté camerounaise résidant à
l'étranger. (A cet égard, les chefs des missions diplomatiques du
Cameroun notamment en France, à Zurich, en Belgique, en Allemagne, aux
États-Unis méritent nos plus vives félicitations).
Mais il n'y a pas que les aspects administratifs qui sont à prendre en compte.
Si la communauté camerounaise à l'étranger doit devenir un élément-clé de la politique des grandes ambitions et du futur gouvernement, ceci devrait se traduire par de grandes initiatives.
Un programme d'action gouvernementale qui prend en compte les multiples attentes de la communauté camerounaise résidant à l'étranger et qui également l'associerait étroitement par une mobilisation de ces diverses composantes, dans le cadre d'une vision globale.
Ce programme devrait la faire participer pleinement à la vie économique, sociale, politique, scientifique, culturelle du Cameroun en prenant également en considération d'autres facteurs majeurs qui constituent autant de défis à relever, et par conséquent autant d'espaces d'intervention avec des objectifs ciblés à atteindre.
Il s'agit de la dimension socio-politique, du volet socio-éducatif, du volet socio-culturel, de la dimension socio-économique, des volets sportifs, artistiques, de formation, des aspects de la communication et de religion.
Ceci suppose que les nombreux départements ministériels camerounais concernés planifient leurs actions, délimitant leur champ d'intervention et les relations entre eux pour éviter le double emploi et réaliser la synergie en matière de politique de la communauté.
Ils doivent faire le point de leur action à partir d'une évaluation critique objective, ajuster leurs programmes opérationnels à partir d'éléments concrets d'informations constamment actualisés, fiables, approfondis et crédibles, le tout devant être coordonné pour s'intégrer dans un plan global et dans une démarche prospective, concertée qui respecte les intérêts des résidents camerounais à l'étranger du Cameroun et du Cameroun.
L'actuel ou le prochain gouvernement par la voix du Premier ministre devrait accorder un intérêt particulier au dossier de la communauté camerounaise résidant à l'étranger par un engagement solennel devant l'Assemblée nationale camerounaise par le biais d' une déclaration forte à veiller au respect des droits des ressortissants camerounais à l'étranger et à la défense de leurs intérêts économiques, sociaux, culturels et politiques.
Dans cet esprit, il lui incombera de dire à la représentation nationale quelle sera la philosophie de la réforme administrative qu'il souhaiterait engager dans le dossier de la communauté camerounaise résidant à l'étranger, de fixer les pistes à suivre, le calendrier, avec une transparence dans la communication.
Il s'agit d'élaborer une vision stratégique d'ensemble qui soit claire, de se doter des outils institutionnels et des moyens pertinents d'intervention en procédant le cas échéant, à des arbitrages forts et de préparer sur une base consensuelle au Cameroun la plate forme de dialogue et de négociation avec les pays d'immigration.
Cette action doit être faite en concertation avec le tissu associatif, de tous les milieux concernés de la communauté camerounaise résidant à l'étranger afin de les associer et les co-responsabiliser dans la définition, la conception et l'application de la politique pour laquelle il doivent être associés.
Étant directement impliquée, la communauté camerounaise à l'étranger, en particulier sa composante intellectuelle et universitaire, les milieux d'affaires et les associations pourraient contribuer fortement, efficacement à valoriser et à «vendre» l'image du Cameroun à l'étranger sur le plan politique, touristique, culturel, économique en renforçant son attractivité auprès des investisseurs, être un V.R.P pour son rayonnement et pratiquer par exemple : le Temps du Cameroun, pays émergent », comme une manifestation permanente à l'étranger.
Par Me Martin LONGO
Président du C.A.A.C 33
Conseil des Associations et des Amis du Cameroun à Bordeaux.
Ancien Président de la Commission Relations Extérieures et co-développement
du C.R.E.A.E.M (Cercle des Ressources et d'Échanges Afro-Euro-Méditerranéen.
Ancien Président de l'Association Échanges Bordeaux-Cameroun).