France-Cameroun : Paul Biya dans les bonnes grâces de Sarkozy
Plus on s’avance de l’échéance de 2011, plus la relation entre les deux hommes d’Etat est bonne. Les images du défilé français du 14 juillet dernier auquel Paul Biya a pris aux côtés de 12 autres pays africains, pour célébrer le cinquantenaire de l’indépendance de ces anciennes colonies de la France, en a servi la preuve.
Comme à Nice, il y a quelques mois au sommet France-Afrique, le président camerounais a encore ravi la vedette à ses homologues. En sa qualité de doyen, c’est lui qui a prononcé le discours lors du déjeuner de travail qui a précédé le défilé. Comme un privilégié, il a eu droit à une attention particulière du président français à toutes les étapes de cette célébration. Contrairement aux autres, Paul Biya a eu un traitement princier manifesté par des accolades, des causeries interminables, un sourire complice, des sollicitations fréquentes etc. Connaissant le poids de l’ancien colonisateur dans l’enjeu électoral des colonies, il y a lieu de dire que Nicolas Sarkozy a donné son onction à Paul Biya pour continuer à présider aux destinées du Cameroun.
Appels à candidature
Pourtant, une certaine opinion a fondé beaucoup d’espoir sur le discours du président français à son arrivée à l’Elysée ; discours sur la longétivité au pouvoir de certains chefs d’Etats africains. Ses cibles, disaient-on, étaient l’ancien président du Gabon Omar Bongo, le père de l’autre, de regretté mémoire, et le président Paul Biya qui totalisaient chacun plus d’un quart de siècle au pouvoir. Pour Sarkozy, le temps était arrivé pour eux de passer le témoin. Si pour le premier, la disparition a tranché le débat, qu’en est-il pour le second ? Tout laisse à croire, au regard de la détente de plus en plus vivante entre Sarkozy et Biya, que ce dernier avec la caution de l’autre, n’entend pas céder son siège. Aujourd’hui, l’usure du temps aidant, certains enjeux et intérêts ont eu raison du discours hâtif de « Sarko ».
Autre chose ! Paul Biya n’entend pas laisser tomber tous ces attributs, ces honneurs, ce luxe pour l’incertain. Rien ne garantit à l’homme du 6 novembre une retraite paisible dans son pays comme dans d’autres comme le Sénégal, le Bénin, le Nigéria. A ce titre, sur le plan local, le verrou constitutionnel est tombé pour la poursuite du destin présidentiel. Les appels à candidature à travers le triangle national des militants de son parti le Rdpc sont là pour confirmer cet état de choses même comme beaucoup d’observateurs, à tort ou à raison, ne les trouvent pas sincères.. La mobilisation et les manœuvres de la diaspora camerounaise contre la candidature de Paul Biya pourront-elles freiner l’élan, l’enthousiasme et la détermination de l’homme lion dopé par la caution du maître de l’Elysée ?
Guy Pancrace Ndzié