France - Cameroun : Le Mouvement Alternance 2011 au Cameroun vient de publier sa charte

France - Cameroun : Le Mouvement Alternance 2011 au Cameroun vient de publier sa charte

 

Ekwe Silo:Camer.beAujourd’hui, l’opposition républicaine, prise dans les manœuvres et les intérêts électoraux, s’est peu à peu transformée en un ventre mou s’oubliant puis se reniant elle-même. C’est pourquoi il y a utilité, pour les Progressistes Démocrates, à refonder la politique de l’opposition. Cette refondation passe par sa réinscription dans l’espace culturel et politique de notre pays. Cette Charte s’en veut une étape. Ce document est notre appel en faveur d’une meilleure protection des droits civils et politique de la part de l’Etat. Il exprime aussi notre conviction qu’en tant que citoyens, nous avons la responsabilité d’engager l’Etat afin de garantir par notre vigilance que nos droits les plus élémentaires soient protégés.

Cette charte n’est pas figée. Vivante, elle est vouée à évoluer et à être complétée au gré du développement de la réflexion des Progressistes Démocrates.
En publiant la Charte alternance 2011,  nous ne souhaitons pas créer un mouvement politique, mais plutôt « une communauté ouverte, informelle et libre regroupant des gens de différentes convictions, religions et professions unis par la volonté d’agir individuellement et collectivement pour faire respecter les Droits de l’Homme et les Droits Civiques, dans notre pays – et changer véritablement le système politique. »

Le peuple camerounais, qui endure un désastre en matière de droits de l'homme et a mené d'innombrables luttes au fil de ces années, voit clairement que la liberté, l'égalité, et les droits de l'homme, sont des valeurs universelles de l'humanité, et que la démocratie et l’Etat de droit constituent un cadre fondamental pour préserver ces valeurs.

En s'éloignant de ces valeurs, l'approche du gouvernement camerounais et de l’UNC-RDPC  vis-à-vis de la “modernisation” s'est révélée désastreuse. Elle a privé le peuple de ses droits, détruit sa dignité et corrompu le cours normal des relations humaines.
Alors nous posons la question : où va le Cameroun au XXIème siècle ? Poursuivra-t-il sa “modernisation” autoritaire, ou épousera-t-il les valeurs universelles, rejoindra-t-il le lot commun des nations civilisées et bâtira-t-il un système démocratique ? Il n'est pas possible d'éluder ces questions.
 Hélas, l’Etat camerounais a de nombreuses lois mais pas d'Etat de droit, il a une Constitution mais pas de gouvernement démocratique. Le Pouvoir continue de s'accrocher à son pouvoir autoritaire et à repousser toute évolution vers des changements politiques.
Le résultat est une corruption officielle endémique, une absence d’Etat de droit, l'effondrement de toute éthique publique,   des inégalités croissantes, le pillage des ressources naturelles, ainsi que de notre environnement historique et humain, et l'exacerbation d'une longue liste de conflits sociaux, y compris, dans la dernière période.

Alors que ces conflits et ces crises gagnent en intensité, alors que le Pouvoir continue à écraser et à bafouer en toute impunité les droits des citoyens à la liberté, à la propriété et à la quête du bonheur, nous assistons à une radicalisation de ceux qui n'ont pas de pouvoir au sein de la société :  les groupes vulnérables, les groupes qui ont été réprimés, qui ont cruellement souffert, y compris de la torture, et qui n'ont aucun espace pour protester, aucun tribunal pour entendre leur plainte.

Ces groupes sont de plus en plus actifs, et laissent entrevoir la possibilité d'un conflit violent pouvant prendre des proportions désastreuses. Le déclin du système UNC-RDPC a atteint un niveau auquel le changement d’un homme ne peut pas être une simple option.
L’année 2011 est un moment historique pour le Cameroun et les Camerounais, et notre avenir est en suspens. En revoyant le processus de modernisation politique depuis 1958, nous réaffirmons et acceptons les valeurs universelles de base qui suivent :
D’une part :

1 - La République a l'ambition de l'Universel

- D'abord, par la conception de l'Humanité comme constituée à la fois d'une somme et d'une essence, qui fait obligation de respecter l'intégralité de sa diversité comme de la compréhension et de l'échange.
- Ensuite, par une appréciation des rapports de l'Homme à la société comme une éthique indépendante du lieu de Civilisation et du moment de l'Histoire, qui constitue des droits imprescriptibles de l'individu et peut être adoptée par tous, personnes et peuples, s'ils le souhaitent.

2 - C'est l'exercice de la citoyenneté qui est le ciment de la nation républicaine. Il n'y en a pas d'autres, ni ethnique, ni territorial, ni religieux.

3 - Le principe républicain est celui d’un espace public de débat où chacun peut entendre et se faire entendre. Ce principe n’est réellement assuré que lorsque la reconnaissance de la diversité du suffrage universel est complètement établie.

4 - Le principe de souveraineté réside essentiellement dans la nation, nul corps même public, nul ordre de la société civile, nul individu, ne peut en exercer d’autorité qui n'en émane expressément. Il ne saurait y avoir d’autorité politique et administrative que légitime et transparente
5 - La République place le citoyen au centre du bien public et lui assure un recours contre toutes les formes de féodalité. Le centre de la République reste le premier espace de liberté et d'égalité. C’est pourquoi la République est indivisible.

6 - Des  institutions et une pratique politique républicaines
 La Liberté. La liberté est au centre des valeurs humaines universelles. La liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté de se réunir, la liberté d'association, la liberté du lieu de résidence, la liberté de faire grève, de manifester, de protester, font partie des formes que prend la liberté. 
 La Garantie des droits de l'homme Il doit y avoir des garanties strictes sur le respect des droits de l'homme et de la dignité humaine Personne ne doit être victime d'arrestations, de détentions, d'interrogatoires ou de punitions illégales.
L'égalité. L'intégrité, la dignité et la liberté de toute personne quelle que soit sa situation sociale, sa profession, son sexe, sa condition économique, son origine ethnique, la couleur de sa peau, sa religion ou ses convictions politiques doivent être les mêmes pour tous. Le principe d'égalité devant la loi, et l'égalité des droits sociaux, économiques, culturels, civiques et politiques, doit être respecté.

La Démocratie. Les principes fondamentaux essentiels de la démocratie sont que le peuple est souverain et qu'il choisit ses gouvernants. La Démocratie a les caractéristiques suivantes : 
a)  Le pouvoir politique est issu du peuple, et la légitimité d'un régime vient du peuple ;
b)  Le pouvoir politique est exercé à travers les choix faits par le peuple ;
  c)  Tout en respectant la volonté de la majorité, la dignité fondamentale, la liberté et les droits de l'homme des minorités sont protégés.
En d'autres termes, la démocratie est le moyen moderne de parvenir au « pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

D’autre part :
La dictature est en déclin dans le monde. Le pouvoir des dictateurs est en train de s'achever. Il est temps de faire qu’au Cameroun aussi, les citoyens soient les maîtres de leur Etat.
 
Pour le Cameroun, le chemin qui conduit vers la sortie de notre sort actuel est de nous libérer du concept autoritaire de l’UNC-RDPC et de son Gouvernement et de nous tourner vers un système de liberté, de démocratie, d'Etat de droit, et vers l'émergence d'une conscience de citoyens modernes pour qui les droits sont fondamentaux, et la participation un devoir.
Dès lors, dans cet esprit de devoir en tant que citoyens constructifs et responsables, nous faisons les recommandations suivantes sur la gouvernance nationale, les droits des citoyens, et le développement social :
1 - La séparation des pouvoirs Nous devons bâtir un système moderne de gouvernement dans lequel la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire soit garantie. 

2 - Une magistrature indépendante L'Etat de droit doit être au-dessus des intérêts d'un parti politique particulier, et les juges doivent être indépendants.

3 - Liberté d'association Le droit des citoyens à former des organisations doit être garanti. Le système actuel pour la reconnaissance des organisations qui exige qu'elles soient « approuvées », doit être remplacé par un simple système d'enregistrement.
La formation de partis politiques est régie par la Constitution et les lois, ce qui signifie qu'il faut mettre fin au privilège spécial accordé à un parti, en occurrence l’UNC-RDPC, qui a le droit de monopoliser le pouvoir  y compris la TV et la radio d’Etat, et nous devons garantir le principe d'une concurrence libre et égale entre tous les partis politiques.

4 - Liberté de réunion  La Constitution doit prévoir que les réunions, les manifestations, protestations, et la liberté d'expression sont des droits fondamentaux des citoyens. Le parti au pouvoir et le gouvernement ne peuvent pas être autorisés à soumettre ces droits à des obstacles illégaux et inconstitutionnels.

5 - Sécurité sociale Nous devrions introduire un système adapté et juste de sécurité sociale pour tous les citoyens, et assurer l'accès de tous à l'éducation, à la santé et au travail.

6 - Protection de l'environnement Les Progressistes Démocrates défendent une écologie humaniste, qui ne voit pas l’homme comme un ennemi de la nature, mais comme un jardinier devant l’aménager et la préserver dans son propre intérêt.
Les Progressistes Démocrates sont attachés aux formes de développement durables. Ils sont attachés au rôle des instances internationales dans la coordination mondiale des actions de protection de l’environnement
 Nous devons protéger notre environnement naturel, et promouvoir un développement qui soit durable et responsable vis-à-vis de nos descendants et du reste de l'humanité. Cela signifie que les responsables gouvernementaux, à tous les niveaux, non seulement s'engagent à faire tout ce qui est possible pour atteindre ces objectifs, mais acceptent la supervision et la participation des organisations non-gouvernementales.

7 - La vérité dans la réconciliation. Nous devrions rétablir la réputation des individus, y compris celle de leurs familles, qui ont souffert de persécutions politiques dans les campagnes politiques du passé, ou qui ont été traités de criminels en raison de leurs pensées, de leurs déclarations, ou de leur foi. 

8 - Une laïcité rigoureuse et vivante

La laïcité, qui est une ascèse du respect des consciences contre tout argument d'autorité. Parce qu'elle fonde les liens nécessaires à l'identité et à l'unité, la laïcité est le creuset de la recréation permanente de la nation.
Les Progressistes Démocrates rappellent leur attachement au principe de la laïcité et à son inscription dans la Constitution.
Pour eux, la laïcité n’est :
- ni la tolérance
- ni le relativisme
- ni la neutralité

Pour eux, la laïcité c’est :

- L’apport de référents communs pour fonder le contrat social et de moyens d’émancipation de l’individu.
- L’anti-dogmatisme, c'est-à-dire le refus de toute vérité révélée dans la sphère publique
- La garantie de la liberté individuelle, de conscience et d’expression.
- La garantie par les pouvoirs publics de l’espace laïc
- Le refus d’institutionnaliser un droit des communautés
- L’inégalité des  moyens mis en œuvre par la République doit aboutir à l’égalité et permettre de lui rendre son côté émancipateur.

9 - Une Ecole républicaine

L'Ecole, qui est l'outil de la construction spécifique et conjointe de la nation et de la République par une identité unitaire. Elle n'est pas le lieu du débat public mais celui où on y prépare.

Les Progressistes Démocrates sont profondément attachés à l’Ecole qui, par le savoir et l'exercice de la raison critique, procure à chacun l'acquisition de la somme d'une Culture commune. 

Au premier rang de cette culture commune figure l’appropriation d'une Langue, instrument de communication et matrice de l'intellect, mais aussi d'un patrimoine accumulé d'histoire, de pensée, d'art et de comportements, qui établi l'ensemble d'un code de reconnaissance.
Pour les Progressistes Démocrates, il est primordial de distinguer clairement les missions
- d’éducation
- d’instruction
- de formation

Les missions d'éducation et d’instruction de l’Ecole sont
- d'assurer la transmission d’une culture républicaine commune
- d'ouvrir les esprits à la rationalité et à sa dimension universelle
- de doter les individus d'une maîtrise globale des connaissances par delà leur surabondance.

Ces missions constituent des devoirs nationaux de nature prioritaire, tant ils ont de répercussions sur l'ensemble des fonctionnements de la société. La République ne peut donc les déléguer ni l'Etat en compter les moyens.
Il en va différemment de la responsabilité collective de formation, qui est d'offrir les meilleures chances de dignité matérielle, de mobilité sociale et d'épanouissement personnel. La formation dépend d'un seul critère, celui de l'efficacité. Cette responsabilité peut se contractualiser entre de nombreux partenaires publics et privés, pour peu que l'Etat garantisse l'égalité d'accès et l'homogénéité des niveaux et des contenus proposés

10 - L’unité et l’indivisibilité du territoire

La République est une et indivisible. L'unicité de la citoyenneté et l'unité du territoire sont liées. Au delà de la confiance qu'elle peut avoir dans l'autonomie des responsabilités et dans ses formes de proximité, la République doit veiller à la réalité, partout et au sein de tous les groupes, des garanties qui la fondent.
Les Progressistes Démocrates savent que décentralisation n’est pas automatiquement synonyme de démocratisation. Loin de rapprocher le citoyen du pouvoir, la décentralisation peut au contraire l’en éloigner.
Les Progressistes Démocrates savent aussi que sans un système efficace de péréquation, la décentralisation est une menace à l’égalité des territoires. Les conditions d’un débat démocratique éclairé doivent être créées au niveau local.
Les Progressistes Démocrates se reconnaissent dans le principe constitutionnel de la République « une et indivisible ». A la décentralisation, ils préfèrent la déconcentration qui rapproche le citoyen de l’administration sans remettre en cause le cadre de l’unicité de l’Etat.

11 - L’affirmation de la notion de service public

Les Progressistes Démocrates  sont très attachés à la préservation de la notion de service public, garantie de l’unité du territoire et partant de l’égalité des citoyens. Ils s’opposent donc à toute forme de marchandisation des services publics.
Les services publics ont été particulièrement mis à mal au cours des dernières années : coupes budgétaires, baisses inédites de salaires (enseignement,  santé, etc.), privatisations et liquidations judiciaires (CAMAIR, Régifercam, Bananeraie de Njombé-penja, etc.)  Partout la gabegie et l’irresponsabilité sont  imposées aux services publics comme modèle de fonctionnement et ce, à l’encontre des intérêts des usagers et travailleurs des services du secteur public Camerounais.

Il faut donc mettre un terme à cette logique destructive, arrêter les démantèlements, les privatisations, le bradage  de nos patrimoines nationaux, et sensibiliser la population sur le fait que la gestion publique des services vitaux (par les nationaux) actuellement  aux mains du privé ou sous la gestion irrémédiablement calamiteuse du Secteur Public (ex : électricité, téléphone etc.) permettrait d’assurer à tous un service de qualité bon marché.
Et demande la renationalisation de la SONEL, CAMRAIL, SNEC etc. Le retour de l’Etat comme acteur économique

12 - Une société solidaire

Profondément attaché à la pensée progressiste, les Progressistes Démocrates s’opposent fermement à toute politique de précarisation.
Pour autant, ils ne veulent pas une société d’assistés, mais une société d’hommes debout, capables de prendre en main leur destin.
En complément d’une politique de redistribution et de sécurisation sociale, ils se font les promoteurs d une politique d’accès des citoyens à une réelle autonomie :
culturelle par l'instruction,
économique par la formation professionnelle.

13 - Une mondialisation maîtrisée, au service de l’Universel

Les Progressistes Démocrates se réjouissent de l’ouverture des hommes les uns vers les autres rendue possible par les moyens modernes de communication et l’essor des échanges, qui sert l’universalisme. Mais la finalité de l’organisation planétaire n’est pas l’uniformisation du monde et sa transformation en marché libre échangiste au seul profit d’une oligarchie économique et au dépend des populations mises à l’écart aussi bien dans les pays riches que dans les pays pauvres. La mondialisation doit donc être maîtrisée, dans un double mouvement de protection et de préparation aux mutations. 
14 - Une Afrique Républicaine
Les Progressistes Démocrates ne sont pas hostiles par principe à l’idée d’une organisation du continent africain et à sa constitution en puissance politique, capable d’inventer son modèle. Mais les Progressistes Démocrates sont critiques envers l’Union Africaine telle qu’elle se construit, du fait :

- De ses formes anti-démocratiques
- De ses formes antirépublicaines
- Du risque de son intégration complète à la mondialisation libérale

En conclusion, une politique de l’alternance 2011 nécessite une mobilisation de tous les Démocrates Républicains pour conduire le changement. La sensibilisation (réunions,  plaquettes…), la formation, et plus largement, tout moyen susceptible de favoriser la prise de conscience et la mobilisation, sont des leviers indispensables.

Communiquer auprès de l'ensemble des Démocrates Républicains notre engagement en faveur de la démocratie, de l’état de droit, des élections libres et transparentes.

 

Instaurer un dialogue social

Le dialogue avec le peuple camerounais est un levier essentiel pour une meilleure prise en compte de l’alternance à tous les niveaux du Cameroun 
Adhérer au Mouvement Alternance 2011 au Cameroun est la première étape d'une démarche à mener sur le long terme. En s'engageant dans la promotion de la démocratie et des élections libres et transparentes, nous espérons que nos concitoyens ressentiront le même sentiment de crise, de responsabilité et de mission, qu'ils soient au service du gouvernement ou pas, et quel que soit leur statut social, qu'ils mettront de côté leurs petites différences, et accepteront les objectifs généraux de ce mouvement citoyen.
Ensemble, nous pouvons travailler en faveur de changements majeurs dans la société camerounaise, et pour l'établissement rapide d'un pays libre, démocratique.

Nous pouvons donner corps à ces idéaux et objectifs et ouvrir la voie à un nouveau chapitre  pour le Cameroun.
 
Patrice EKWE SILO EDIMO, Sociologue, Militant du Mouvement Progressiste camerounais (Antenne de France),Membre  fondateur du Conseil des Camerounais de la Diaspora (France). Mouvement Alternance 2011 Cameroun S/c MONI : 47, avenue du Président Franklin Roosevelt 94320 Thiais. Courriel: alternance.2011@yahoo.fr

© Correspondance : Patrice EKWE SILO EDIMO



12/04/2010
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