France - Cameroun : Laurent Fabius se prononce sur Affaire Thierry Atangana
Le
ministre français des Affaires étrangères vient d’indiquer dans une
correspondance aux sénateurs que le gouvernement Airault suit de près ce
dossier.
« Nos représentants au Cameroun suivent avec vigilance l’évolution de la
nouvelle procédure judiciaire engagée à l’encontre de M. Atangana. Un
représentant de l’Ambassade a assisté aux audiences du procès,
manifestant de la sorte l’intérêt porté par la France au sort de notre
compatriote et veillant au bon respect de ses droits ». C’est en ces
termes, sans équivoque sur l’option de soutien prise par la France
vis-à-vis de son compatriote, que Laurent Fabius, l’actuel ministre des
Affaires étrangères, a répondu, le 1er août dernier, à la demande
d’intervention à lui adressée par le Représentant des Français de
l’étranger.
Dans cette demande d’intervention datée du 11 juillet 2012 qu’il juge « indispensable pour sauver Monsieur Atangana d’une nouvelle condamnation annoncée et d’une vie passée en détention », le Sénateur Christophe-André Frassa explique que les membres du comité de soutien du ressortissant français au Cameroun et en France fondent de réels espoirs quant à la libération prochaine de Thierry Atangana. Même espoir de la part de son fils Eric, étudiant de nationalité française, aujourd’hui âgé de 20ans, qui n’a pas vu son père depuis l’âge de cinq ans.
Pour légitimer l’intervention de la France, le Sénateur Christophe-André Frassa fait valoir un argument massue : le Cameroun n’est pas un Etat de droit même s’il est un Etat souverain. Par conséquent, indique-t-il, la France ne saurait laisser les « droits fondamentaux et la liberté individuelle d’un de ses ressortissants violés de manière aussi flagrante à l’étranger dans un pays» où le droit n’a pas droit de citer. Par conséquent, ne pouvant espérer un procès équitable devant les juges indépendants et impartiaux, le Représentant des Français établis hors de France exprime au locataire du Quai D’Orsay ses craintes de voir Thierry Atangana de nouveau condamné à 15 autres années de prison, alors qu’il vient de purger sa première condamnation. Pour le Sénateur français rien, dans le dossier, ne justifie une nouvelle condamnation de son compatriote. Tout autant que ne se justifiait en 1997 une condamnation liée à la proximité de Atangana avec Monsieur Titus Edzoa, alors candidat à l’élection présidentielle contre Monsieur Paul Biya.
Protection consulaire
Dans sa réponse au Sénateur, Laurent Fabius réitère que « les
services du ministère des Affaires étrangères, tant à Yaoundé qu’à
Paris, sont pleinement mobilisés et suivent la situation de notre
compatriote avec la plus grande attention ». Tout en se gardant
d’intervenir dans la procédure initiée par la justice camerounaise -
conventions internationales obligent -, « les agents compétents du
ministère des Affaires étrangères, rassure Laurent Fabius, veillent à
exercer toutes leurs attributions », notamment « en matière de
protection consulaire à l’endroit de M. Atangana ». Une mobilisation
française qui a permis, selon M. Fabius, un assouplissement des
conditions de détention du prisonnier qui a pu ainsi bénéficier de
plusieurs visites de la part des agents de l’ambassade de France.
Concluant sa réponse au Sénateur français, Laurent Fabius assure que les services de son ministère « demeurent totalement investis et déterminés à suivre scrupuleusement l’évolution de la situation » de leur compatriote «dans la limite de leurs compétences et le respect de l’indépendance de la justice camerounaise ».
Une justice dont l’indépendance sera mise à rude
contribution le 21 septembre 2012. C’est ce jour là en effet que le Tgi
du Mfoundi videra enfin son délibéré sur ce dossier. Libéré ou
recondamné, ce sera l’occasion pour Thierry Atangana de prendre la
pleine mesure de l’interventionnisme et de l’activisme de la France en
sa faveur.
Poursuivi et condamné en 1997 à 15ans de prison pour tentative de
détournement en coaction de 350 millions Fcfa, Thierry Atangana est
passible de la même peine de prison le 21 septembre prochain, à moins
que le lobby français n’en décide autrement.