France - Afrique : 14 juillet, des chefs d’Etat africains se prosternent
France - Afrique : 14 juillet, des chefs d’Etat africains se prosternent
Le 14 juillet prochain, les chefs d’Etat des pays africains anciennement colonisés par la France seront présents aux festivités marquant la 130ème fête nationale française. Invités du président français, Nicolas Sarkozy, ces Africains seront aux premières loges des manifestations avec leurs armées en tête du défilé. Tout un symbole.
À l’occasion du cinquantenaire des indépendances africaines, le Président Sarkozy a invité 14 chefs d’Etat africains aux festivités marquant la célébration de la Fête nationale française. En faisant un petit point d’histoire, il apparait que la fête du 14 juillet 1789, date de la prise de la Bastille, marque la fin de l’ancien Régime et le début de la Révolution française ; mais ce n’est pas cette date qui est commémorée ici, car elle représente pour les Français une triste effusion de sang. C’est plutôt la Fête de la Fédération, organisée à la même date l’année suivante et consacrée le 21 mai 1880, sur proposition de loi du député Benjamin Raspail, comme Fête nationale française du Quatorze Juillet ; et non l’épisode sanglant de la prise de la Bastille.
Le 14 Juillet représente donc une date importante de l’Histoire de la France. Tout Africain, pendant que son président sera présent sur les Champs Elysées, se demandera encore ce que représente, la date de la fête nationale de son propre pays. Toutes ces journées éparses de 1960, décrétées à l’époque par le Général De Gaulle, pour soulager les souffrances d’une France vaincue en Indochine et en proie aux coups de boutoir de l’Algérie et aux assauts des nationalistes Camerounais, ne sont marquantes que de la politique conservation de l’hégémonie de la France sur un Empire colonial en révolte.
Et les Forces Armées africaines, héritières des tirailleurs sénégalais devenus des anciens combattants rémunérés au rabais par rapport, même à des anciens collaborateurs du régime de Vichy, ralliés à la dernière heure, défileront en tête de la grande manifestation le 14 Juillet. Elles en ont l’habitude. C’est bien ces combattants africains qui reconstituèrent les Forces de la France Libre en Afrique où le colonel Leclerc s’était vu obligé de combattre d’abord les vichystes en place avant de voler au secours du général De Gaulle. C’est bien grâce à ces vaillants africains que De Gaulle a pu obtenir un peu de la considération des Alliés. En fournissant les soldats et l’argent nécessaires à la libération de la France, par l’exploitation sauvage de ces colonies.
Mais une fois le but atteint, la victoire remportée, la France en regardant le ciel sans pâlir et la terre sans rougir, comme aimait tant à le dire le Général de Gaulle, oublia de payer sa dette de reconnaissance et entreprit plutôt de soumettre ces Afrique Occidentale et Equatoriale françaises, après des indépendances octroyées à des fantoches, ennemis de leur propres patries, et dont les excroissances iront, le 14 juillet, faire acte d’allégeance au président Sarkozy. Ils y salueront, avec le respect qu’inspire la peur, le passage de leurs propres Forces Armées souvent si promptes soit à évincer par des coups d’Etat répétitifs, soit maintenir ad vitam aeternam au pouvoir en Afrique, des dictateurs, des héritiers du sang, des pantins au service des intérêts autres que les leurs.
Qu’à cela ne tienne, «la France est notre mère, c’est elle qui nous nourrit ; avec des pommes de terres et des fayots pourris», comme rimaillaient en chanson, les courageux tirailleurs du Rassemblement des Tirailleurs Sénégalais du Tchad, s’en allant libérer « la mère patrie ». Pour en récolter un morcellement infini de l’Afrique Occidentale Française (AOF) et de l’Afrique Equatoriale Française (AEF), en cette myriade de petits royaumes économiquement peu viables, politiquement faibles et culturellement démantelés. Pourtant l’AOF et L’AEF étaient gérées en ensembles uniques par la France avant ses indépendances octroyées. Par la volonté du général De Gaulle de conserver dans le giron de la France, dans son pré carré, comme disent ses successeurs, ces riches régions africaines.
La méthode de conservation reste simple depuis Jules César : diviser pour mieux régner. Et l’on vous divise les monnaies, les Banques Centrales mais tout ceci restant contrôlé et assujetti dans un «Compte Opérations» tenu par la France à travers le franc des comptoirs français d’Afrique devenu le franc de la communauté financière africaine, mais toujours ce franc CFA, un sous multiple d’une monnaie qui n’a plus cours : le Franc français. Véritable escroquerie et frein incontestable au développement. La colonisation ou pire, l’asservissement par la monnaie.
Que peut changer la présence africaine à la parade du Paris-Village de ce 14 juillet ? Donner une nouvelle orientation aux relations établies entre la France et ses anciennes colonies et territoires assimilés, au travers d’une coopération qui se sent menacée par la pénétration en force de la Chine sur le continent Noir et la cour assidue et pressante de l’Amérique. Washington, par celui qui incarne le trait d’union entre l’Afrique et sa jeune sœur l’Amérique, invitera bientôt les mêmes présidents africains pour des festivités marquant le même cinquantenaire de leurs mêmes indépendances.
À l’Afrique de savoir dans cette jungle choisir le mieux disant pour le bonheur de ses populations. Les dragons de l’Asie du Sud- Est n’ont jamais fait autre chose. La défection retentissante de la Côte d’Ivoire est peut-être le premier pas vers cette libération de «l’Afrique sans les Africains» de ces «Messieurs Afrique» Chères à Stephen Smith et Antoine Glaser. Les promesses sarkozyennes de la prime des anciens combattants ne doit pas la distraire de ses préoccupations existentialistes.