Françafrique: François Hollande ferme la cellule Afrique de l’Elysée
DOUALA - 10 JUILLET 2012
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager
Le septième président de la cinquième république française a choisi officiellement de supprimer le bureau Afrique de l’Elysée. Mais, de nombreux intellectuels y voient une simple recherche d’effet d’annonce.
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager
Le septième président de la cinquième république française a choisi officiellement de supprimer le bureau Afrique de l’Elysée. Mais, de nombreux intellectuels y voient une simple recherche d’effet d’annonce.
Aussitôt avait-il été investi aux
commandes de l’Hexagone depuis le 15 mai 2012 qu’il avait tout de suite
marqué la différence avec son prédécesseur, notamment en supprimant la
fameuse cellule africaine de l’Elysée au centre de tant d’intrigues.
Indiquant ainsi qu’officiellement, il n'existe plus de « cellule Afrique
» de l'Élysée sous son mandat. De fait, les deux préposés aux dossiers
subsahariens, Hélène Le Gal et son adjoint Thomas Melonio, travaillent
sous l’égide du conseiller Paul Jean-Ortiz, lequel dépend du secrétaire
général de l’Elysée, Pierre-René Lemas. C'est-à-dire que
fonctionnellement, ces commis à la tâche des affaires du continent noir
prennent leurs ordres chez le patron administratif de la présidence de
la République française, plutôt que chez le chef de l’Etat comme ce fut
le cas sous les six prédécesseurs d’Hollande au palais de l’Elysée. En
théorie, il n’y a plus de cellule autonome et puissante qui régente les
affaires franco-africaines que les milieux intellectuels désignent «
Françafrique ».
Seulement, malgré cette annonce de bonnes intentions, les contempteurs de la « real politik » estiment qu’on joue sur les mots. Et pour cause, comme l’indique Jeune Afrique, Hélène Le Gal occupe le grand bureau en rez-de-chaussée du 2, rue de l'Élysée, avec vue sur jardinet, qui fut celui de tous les « Messieurs Afrique » successifs depuis Guy Penne. Et son rayon d'action n'est en rien parasité par le jeu personnel du secrétaire général. Pierre-René Lemas n'étant pas Claude Guéant, lequel recevait « volontiers visiteurs du soir africains, porteurs de messages et autres intermédiaires ».
Réseaux
Pour l’hebdomadaire panafricain comme pour le journal français L’Express, la relative indifférence de Pierre-René Lemas des pratiques mafieuses de la Françafrique peut indiquer que les réseaux ou néo réseaux trouveront porte close au secrétariat général de l'Élysée mais prospéreront tout près, ailleurs. Et pour ce, Hélène Le Gal, diplomate de carrière, nommée pour sa connaissance des dossiers africains et Thomas Melonio, économiste proche de Pierre Moscovici, ancien de l'Agence française de développement, reçoivent beaucoup depuis le 1er juin. Une dizaine de rendez-vous par jour, conseillers de chefs d'État, émissaires, opposants, investisseurs, ambassadeurs : le tandem ne chôme pas. Tous deux assistent par ailleurs aux audiences et coups de fil « africains » de François Hollande, avec qui ils communiquent d'ordinaire par notes. Ils assistent mais, contrairement à certains de ses prédécesseurs qui le faisaient aisément, pas question pour Hélène Le Gal d'appeler ou de prendre elle-même au téléphone un chef d'État africain.
Ainsi selon la nouvelle consigne, « les présidents ne parlent qu'au président ». Tout au moins pour l'instant, car dans les allées des réseaux françafricains, on parie que le projet fera long feu au profit des exigences de la vieille nébuleuse des années Foccart. Le style a donc changé. Mais, il peine à convaincre sur la suppression effective du bureau Afrique de l’Elysée.
Foccart
En rappel, la cellule africaine de l'Elysée est un groupe de collaborateurs proches du président de la République en France chargés de veiller à la sauvegarde des intérêts de la France en Afrique. D’après l’encyclopédie Wikipédia, ce groupe a été créé en 1960, au moment des indépendances, en tant que secrétariat général à la présidence de la République pour les affaires africaines et malgaches et dirigé par Jacques Foccart qui coordonnait l'action d'un vaste réseau d'hommes politiques, de diplomates, d'hommes d'affaires français et africains. Alain Poher, président par intérim de la République en 1974, le supprime. Sous Valéry Giscard d’Estaing, le secrétariat général est remplacé par la cellule Afrique qui est d'abord dirigée par René Journiac, ancien magistrat dans les colonies puis, après sa mort dans un accident d'avion, par M. Kirch, magistrat à la Cour des comptes. Elle est nommée « cellule Afrique » jusqu'à la fin du second mandat de Jacques Chirac. À l'arrivée de Nicolas Sarkozy, il est décidé de ne plus avoir de conseiller Afrique mais un conseiller diplomatique adjoint chargé de l'Afrique, sous l'autorité du conseiller diplomatique, Jean David Levitte. Hollande en finira-t-il avec la cellule Afrique de l’Elysée ?
Seulement, malgré cette annonce de bonnes intentions, les contempteurs de la « real politik » estiment qu’on joue sur les mots. Et pour cause, comme l’indique Jeune Afrique, Hélène Le Gal occupe le grand bureau en rez-de-chaussée du 2, rue de l'Élysée, avec vue sur jardinet, qui fut celui de tous les « Messieurs Afrique » successifs depuis Guy Penne. Et son rayon d'action n'est en rien parasité par le jeu personnel du secrétaire général. Pierre-René Lemas n'étant pas Claude Guéant, lequel recevait « volontiers visiteurs du soir africains, porteurs de messages et autres intermédiaires ».
Réseaux
Pour l’hebdomadaire panafricain comme pour le journal français L’Express, la relative indifférence de Pierre-René Lemas des pratiques mafieuses de la Françafrique peut indiquer que les réseaux ou néo réseaux trouveront porte close au secrétariat général de l'Élysée mais prospéreront tout près, ailleurs. Et pour ce, Hélène Le Gal, diplomate de carrière, nommée pour sa connaissance des dossiers africains et Thomas Melonio, économiste proche de Pierre Moscovici, ancien de l'Agence française de développement, reçoivent beaucoup depuis le 1er juin. Une dizaine de rendez-vous par jour, conseillers de chefs d'État, émissaires, opposants, investisseurs, ambassadeurs : le tandem ne chôme pas. Tous deux assistent par ailleurs aux audiences et coups de fil « africains » de François Hollande, avec qui ils communiquent d'ordinaire par notes. Ils assistent mais, contrairement à certains de ses prédécesseurs qui le faisaient aisément, pas question pour Hélène Le Gal d'appeler ou de prendre elle-même au téléphone un chef d'État africain.
Ainsi selon la nouvelle consigne, « les présidents ne parlent qu'au président ». Tout au moins pour l'instant, car dans les allées des réseaux françafricains, on parie que le projet fera long feu au profit des exigences de la vieille nébuleuse des années Foccart. Le style a donc changé. Mais, il peine à convaincre sur la suppression effective du bureau Afrique de l’Elysée.
Foccart
En rappel, la cellule africaine de l'Elysée est un groupe de collaborateurs proches du président de la République en France chargés de veiller à la sauvegarde des intérêts de la France en Afrique. D’après l’encyclopédie Wikipédia, ce groupe a été créé en 1960, au moment des indépendances, en tant que secrétariat général à la présidence de la République pour les affaires africaines et malgaches et dirigé par Jacques Foccart qui coordonnait l'action d'un vaste réseau d'hommes politiques, de diplomates, d'hommes d'affaires français et africains. Alain Poher, président par intérim de la République en 1974, le supprime. Sous Valéry Giscard d’Estaing, le secrétariat général est remplacé par la cellule Afrique qui est d'abord dirigée par René Journiac, ancien magistrat dans les colonies puis, après sa mort dans un accident d'avion, par M. Kirch, magistrat à la Cour des comptes. Elle est nommée « cellule Afrique » jusqu'à la fin du second mandat de Jacques Chirac. À l'arrivée de Nicolas Sarkozy, il est décidé de ne plus avoir de conseiller Afrique mais un conseiller diplomatique adjoint chargé de l'Afrique, sous l'autorité du conseiller diplomatique, Jean David Levitte. Hollande en finira-t-il avec la cellule Afrique de l’Elysée ?