Fourvoiement du régime : Pourquoi les militants condamnés ne sont pas exclus ou ne démissionnent-ils pas ?


Cameroun,Cameroon - Fourvoiement du régime : Pourquoi les militants condamnés ne sont pas exclus ou ne démissionnent-ils pas ?Les dernières sanctions prises par le président national du Rassemble démocratique du peuple Camerounais contre 165 de ses militants coupables de non respect de la discipline du parti laissent évocateur sur la gravité de leur délit devant ceux des supers militants condamnés pour prévarication des deniers publics par la justice et qui y sont toujours maintenus.

I- Incongruités des sanctions

LES SANCTIONS disciplinaires prises par le président national du Rassemble démocratique du peuple camerounais (Rdpc) le 11 septembre 2014 frappant 165 militants ou supposés de ce parti, vont des lettres d’observations assortie de rappel à l’ordre qui concerne 12 militant à l’exclusion définitive contre 8 militants, en passant par l’avertissement dont sont concernés 38 militants, le blâme adressé à 35 militants, l’exclusion temporaire de 6 mois pour un militant, 12 mois pour un autre militant et 18 mois écopé par 42 militants, l’acquittement dont ont bénéficié 8 militants et la mise hors de cause de 19 militants.

A cette liste s’ajoute une lettre d’encouragement reçue par un militant en raison de son comportement discipliné et exemplaire pendant l’élection des exécutifs municipaux. L’éditorialiste et Directeur de publication du journal du parti au pouvoir, «L’Action», Christophe Mien Zock voit dans ces sanctions infligées à la suite du rapport final de la Commission de discipline Ad hoc mise en place le 5 décembre 2013, et présidée par Peter Mafany Musonge, pour connaitre des faits commis lors du processus électoral du double scrutin législatif et municipal du 30 septembre 2013 à l’issue duquel le Rdpc était sorti viscéralement en éclats, une «nouvelle dynamique» qui est en marche.

Ceci en vue de la célébration le 24 mars 2015 du 30è anniversaire du Rdpc. Une échéance à laquelle le parti doit aller «avec du sang et des habits neufs. En d’autres termes, le 30è anniversaire devrait être organisé avec des nouveaux responsables élus au sein des organes de base.» Et Mien Zock d’ajouter : «En toute logique, ceux des militants dont le casier politique vient ainsi d’être entaché par les sanctions disciplinaires devraient être écartés de cette compétition». Avant de conclure dans son éditorial de l’édition spécial N° 972 du 17 septembre 2014 qu’«en définitive les décisions du Président national montre que le Rdpc est bel et bien un parti dans la bonne mouvance et en mouvement ; un parti qui change, se modernise et met de l’ordre dans ses rangs pour conserver son leadership sur la scène politique camerounaise». De vains mots ou des mots concrets ? difficile de donner du crédit à cette belle apologie laudatrice pour cacher les limites du fonctionnement d’un parti qui semble plus pris en otage par les militants élitistes, financiers et révélés par le décret. Car tout montre que ces sanctions, comme l’éditorial du journal du parti au pouvoir l’indique entre les lignes, sont à la tête du client et visent plus à protéger des filleuls contre des hommes forts du terrain qui ont un véritable contrôle sur la base. Ce qui justifie la mise hors course d’ici les élections de renouvellement des organes de base de 82 militants.

Surtout que ces décisions, comme la plupart de celles prises par le Président national du Rdpc, Paul Biya, sont entachées des faits insolites qui déteignent sur le sérieux et la rigueur de ses actes. Notamment avec la sanction des morts, comme c’est encore le cas avec celui du Maire de Limbé IIIe, Sara Isaac Inongo Dalle et des non membres comme celui de Bamen Djehli Calixte dans la circonscription de Wouri V, qui clame n’être pas militant du Rdpc, parti dont il a démissionné depuis 2002 (Voir sa déclaration ci-contre page 7). Tout comme l’autoexclusion dont vient de signifier le militant Paul Eric Kingue, condamné à 10 ans d’emprisonnement ferme pour complicité de pillage en bande, destruction, incendie volontaire lors des émeutes de la faim de fin février 2008 alors qu’il était Maire de la commune de Njombé-Penja.

Son argumentaire, d’une logique implacable, vient mettre en mal le Rdpc, qui désormais passe pour être un parti qui est un refuge de délinquants cautionnés par la hiérarchie du parti. Car il relève l’incongruité avec laquelle les militants, qui sont supposés n’avoir pas respecté les instructions du président national du Rdpc avant, pendant et après le double scrutin,  sont sanctionnés et certains du châtiment extrême, qui n’est autre que l’exclusion ; pourtant des militants reconnus par la justice comme des délinquants sociaux (dangereux) comme lui et délinquants financiers (intrépides) comme tous ceux qui sont condamnés dans le cadre de l’Opération Epervier, qui se veut d’assainissement des prévaricateurs des deniers publics, continuent à garder leur qualité de membre de ce parti. Or certains sont même frappés de déchéance de leurs droits sociaux et même de la gestion de certaines responsabilités.  

II- La forfaiture de Marafa, Abah Abah, Siyam Siwe, Nguini Effa,…

DE CE FAIT, les dernières sanctions du Président national du Rdpc, parce que parcellaire sonnent comme une dichotomie avec l’objectif énoncé : «la modernisation de la gestion du Rdpc, en vue d’un fonctionnement basé sur le militantisme de proximité, la cohésion, la symbiose entre les bases et le sommet, et le nécessaire respect de la discipline». Sauf si dans les cinq décisions signées, notamment celle portant création de nouvelles sections a vu ou omis la création des sections Rdpc dans les prisons camerounaises. Parce que comme le souligne Paul Eric Kingue dans sa décision «courageuse», tire son fondement dans sa volonté de rester logique et tirer avec les dernières sanctions de la haute hiérarchie de son ex-parti., «Monsieur le Président National (du Rdpc),… la combinaison des actes supposés ou réels, pesant sur moi, impose impérativement ma sortie de vos listes (du parti Ndlr)».

On ne comprend pas pourquoi, les autres militants Rdpc de haut rang, condamnés à des peines d’emprisonnement ferme pour des délits graves ne démissionnent-ils toujours pas. Surtout que la majorité clame leur innocence, ou y voit un règlement de compte politique. Ce serait alors comme le soutient Paul Eric Kingué, un acte majeur qui leur permettrait d’être en phase avec leur conscience et leur combat, pour l’instauration, depuis leur incarcération, d’un Etat de droit et de l’indépendance de la justice. «Me semble-t-il, parce que gravissimes (les faits qui me sont reprochés Ndlr), exigeaient raisonnablement que je sois radié de votre parti, tout au moins, pour des raisons évidentes d’image et d’exemplarité. »

Ainsi, pour des raisons de probité et d’intégrité morale, si la hiérarchie du parti au pouvoir, dans lequel la majorité a adhéré à la faveur d’un décret qui l’a portée à de hautes responsabilités ou alors par opportunisme, se refuse de prendre l’initiative, elle se doit de marquer cet acte fort. Et dire comme Paul Eric Kingue, Président en exercice de la section Rdpc de Njombe-Penja : «Excluez-moi, Monsieur le Président National, sinon considérez dès à présent que je me suis définitivement exclu de ce cercle vicieux, incapable de se remettre en cause.» C’est le cas de :

  1. - Siyam Siwe,
  2. - Atangana Mebara,
  3. - Otélé Essomba,
  4. - Mendouna Gérôme,
  5. - Géneviève Sandjon,
  6. - Julienne Kounda Olenguena,
  7. - Marafa Hamidou Yaya,
  8. - Yves Michel Fotso,
  9. - Jean-Marie Assene Nkou,
  10. - Titus Edzoa,
  11. - Jean Baptiste Nguini Effa,
  12. - Jean Onana Adzi,
  13. - Jean Beautemps Mackongo Guéyé,
  14. - Marc Etoundi,
  15. - Ngamo Hamani,
  16. - Charles Metouck,
  17. - Abah Abah Polycarpe,
  18. - Zacchaeus Forjindam,
  19. - Urbain Olanguena Awono,
  20. - Pierre Désiré Engo,
  21. - Jean Louis Edou,
  22. - Gilles Roger Bélinga,
  23. - Gérard Emmanuel Ondo Ndong,
  24. - lbrahim Toukour Ismaël,…

la liste est loin d’être exhaustive. Auquel cas, ils confirmeront qu’ils sont militants du Rdpc par opportunisme. Et continuent d’espérer que sous les oripeaux de ce parti au pouvoir, ils peuvent se tirer d’affaire ou éviter des conditions et traitement exécrables. L’ex- Président de la section et ancien Maire Rdpc de Njombé – Penja vient de leur en donner la belle leçon de courage. Lui pourtant qui est à moins de 4 ans de l’expiration de sa peine. Or plusieurs militants et hauts cadres suscités de ce parti sont encore au début de leur peine. Et certains sont loin d’être sortis du tourbillon judiciaire. Plusieurs autres trainent encore derrière des procédures judiciaires supplémentaires qui ont été enclenchées contre eux.

Lorsque même les procédures d’appel qui sont allées jusqu’à la Cour suprême ont confirmé leur culpabilité et se sont soldées par des condamnations confirmées ou des peines réduites. Même ceux qui ont été soit acquittés, soit libérés parce qu’arrivés au bout de leur peine, ou bénéficiant d’une grâce présidentielle, mieux ayant rembourse les montants détournés qui leur étaient reprochés, à l’instar de : - Edouard Nathanaël Etondè Ekoto, - Lamine Mbassa, - Mme Haman Adama, Pierre Désiré Engo, Titus Edzoa,…On ne comprend pas pourquoi, ils refusent de vomir ce système qui les aura broyés toute ou une partie de leur vie. Comme l’affirme désormais Paul Eric Kingué après plusieurs années de combat infructueux. «Je pense humblement m’être trompé, de croire que je pouvais de l’intérieur, contribuer au changement tant attendu de votre parti, source aujourd’hui de malheurs des millions de Camerounais.» lui qui croyait que ses malheurs proviendraient de Marafa Hamidou Yaya doit s’être avisé qu’il s’était trompé de bourreau.

Car il a compris que la pourriture est profonde dans le régime Biya. En avouant au président national qu’il avait «cru percevoir en votre décision enfin, la détermination à mettre un terme à l’imbroglio permanent caractéristique de votre parti, mais aussi et surtout à l’indiscipline endémique y ayant fait siège, entretenue dans la plupart du temps, par une classe ‘‘politique’’ mal lotie, illégitime et fondamentalement déphasée, quant aux défis et comportements quotidiens qu’attendent d’elle les Camerounais, dans leur grande majorité.» Peut-être pour des intérêts inavoués, ils comptent encore se vêtir de la tunique du Rdpc pour aller briguer ou battre campagne comme l’a fait Lamine Mbassa aux investitures de la commune de Douala Ier ou Mme Haman Adama dans la campagne du Rdpc dans le Nord. Toute honte bue !

© Aurore Plus : Mathieu Nathanaël Njog


24/09/2014
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