La prise de la ville nigériane de Gambaru, mitoyenne de Fotokol côté Cameroun par Boko Haram le 25 août 2014, a eu des conséquences fâcheuses sur la situation humanitaire. Les habitants des zones de combats ont été sommés de quitter leurs maisons. Des familles nigérianes et camerounaises, se sont réfugiées par petits groupes à Fotokol, tandis que d’autres s’orientent d’instinct vers Kousseri, où ils espèrent trouver non seulement le gîte et le couvert, mais aussi et surtout la sécurité. Les plus fortunés ont rejoint par voiture, les localités de Makary, Blangoua, Woulky, Bodo, Afadé et Maltam.
«C’est la deuxième fois que ces gens s’en prennent à Gambaru, qui représente la principale porte d’entrée et de sortie entre le Nigeria et le Cameroun dans le département du Logone et Chari», explique une autorité administrative, inquiète de la situation.
Sur les routes reliant Fotokol aux autres villes situées plus à l’intérieur, des femmes et des enfants sont obligés de marcher à la merci des intempéries. «Nous sommes quatre à avoir quitté Fotokol et nous marchons depuis deux jours. Nous quémandons à manger ici et là», raconte Alpha, garçon d’une quinzaine d’années à peine, à côté de ses camarades. Sur les routes, des dizaines d’autres groupes comme font le trajet à pied, bagages sur la tête. Ce, à cause des prix de transport par car qui quasiment quintuplé. Il faut aujourd’hui 25.000 Fcfa contre 5.000 en temps normal, pour rallier Fotokol et Kousseri. «Nous prenons de gros risques à venir à Fotokol, c’est vrai que nos militaires tiennent bon contre Boko Haram. Mais depuis qu’on a appris que ces gens-là ont eu des renforts à Gambaru, nous sommes tous inquiets», raconte un chauffeur.
Les nombreuses familles restées à Fotokol ont toute la peine du monde à trouver de quoi manger.
Depuis quelques jours, le marché local connaît une flambée inquiétante. Un paquet de 250 g de pâtes alimentaires coûte aujourd’hui 1000 Fcfa contre 350 il y a un peu plus d’une semaine.
Le «koro» de riz (l’équivalent local d’un kilo et demi) est monté à 5.500 Fcfa contre 1000 francs environ en temps normal. «Nous devons même lutter pour avoir ces vivres, parce qu’il n’y a plus de ravitaillement du côté nigérian. Les stock s’épuisent dans les magasins et nous payons le prix fort de cette guerre», explique Shariff, un tailleur de Fotokol.
Officiellement, la frontière avec le Nigeria est fermée en raison de l’épidémie d’Ebola. Mais face à la situation, les autorités ne peuvent plus contenir le flux, et surtout s’assurer de ce que chaque réfugié est en bonne santé. Les blessés et les femmes enceintes se réfugient dans les centres de santé.