Forces armées: Paul Biya frappe dans le Septentrion

DOUALA - 30 JUIL. 2014
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager

Le président de la République a relevé de leurs fonctions, hier 29 juillet 2014, le commandant de la légion de gendarmerie du Nord et le commandement du 34e bataillon d’infanterie motorisé (Bim) de Kousseri, dans l’Extrême nord.

Ces sanctions sont prises au lendemain de trois attaques de la secte islamiste Boko Haram durant le weekend du 25 au 27 juillet 2014 dans les localités de Bangarou et Hine Alissa dans le département du Logone et Chari dans la région de l’Extrême nord où Boko Haram a fait une hécatombe dans la nuit de jeudi à vendredi et celle plus retentissant (en raison de la notoriété des victimes) de Kolofata, dans le Mayo Sava toujours dans la même région. De nombreux observateurs y voient en tout cas, un lien avec le limogeage du lieutenant-colonel Justin Ngonga, commandant du 34e Bim survenu hier. Cette unité des forces armées ayant un rôle majeur à jouer dans la lutte contre Boko Haram qui a trouvé au département du Logone et Chari, un terrain de prédilection pour ses nombreuses exactions. Sa prétendue indolence dans les attaques de Bangarou est indexée dans les milieux militaires. L’opinion se souvient du reste, encore de l’enlèvement à Waza, dans le même département, d’une dizaine de ressortissants chinois en mai dernier ou plus tôt encore, de la main basse faite sur la brigade de gendarmerie de Kousseri. Le lieutenant-colonel Ngonga paie-t-il la note de ces assauts de Boko Haram dans la région de Kousseri ?

Toujours est-il que dans les rangs, des hommes indiquent que ce serait une sanction de plus contre cet officier supérieur remis « à la disposition du chef d’état-major de l’armée de terre ». Car le fait qu’il ait été reversé par le Bir à l’armée de terre après avoir été pendant longtemps commandant de la base logistique de cette unité de l’armée à Limbé avait été perçu comme une douce sanction ou simplement un désaveu prononcé par les patrons opérationnels de la brigade d’intervention rapide de l’armée camerounaise. Si bien que son rebondissement à Kousseri à la tête du 34e Bim était interprété comme un affront à ce commandement qui devait mener des opérations de terrain avec un de ses anciens officiers supérieurs affecté dans une autre unité au plus fort de la menace terroriste Boko Haram ou des braconniers. Le lieutenant-colonel Justin Ngonga a été remplacé par Martin Bayemi.


Faute lourde

Quant à Gédéon Yossa, très connu des milieux de la presse pour avoir plusieurs fois tenu le fouet de la répression militaire contre des journalistes. Le cas de la convocation, un mois avant, de l’ex patron du journal Mutations au sujet des enquêtes de ce journal sur l’affaire des 21 militaires tués à Bakassi, il a été relevé de ses fonctions de commandant de la légion de gendarmerie du Nord à Garoua. L’ex chef de la division Semil (sécurité militaire) à Yaoundé, écope d’une sanction pour faute lourde. Il est « relevé de ses fonctions et mis à la disposition du contrôleur général des armées », ce qui peut laisser croire qu’il s’agit d’un garage. Il est remplacé par le colonel Pontwoko Peterson. Sa compétence territoriale ne s’étendant pas à la région du Nord objet de toutes sortes de menaces terroristes, de hauts gradés recommandent qu’il faille rechercher les raisons de son éviction dans les dossiers concernant strictement la gendarmerie. D’ailleurs, les décrets du président promeuvent le colonel Meka Meka comme directeur adjoint de la coordination de la gendarmerie nationale.

Signe que les mouvements ne répondent pas tous des attaques de Boko Haram. Dans ce sens d’ailleurs, Luc Embodé, chercheur en science politique indique que le colonel Yossa traînait déjà peut-être des casseroles depuis longtemps et que le commandement a voulu simplement boucler son dossier dans la foulée des autres pour amplifier l’effet d’annonce autour des mesures prises contre Boko Haram.
Pour le reste, les attaques du Week-end dont le bilan précis est difficile à établir pour la presse ont provoqué un retour dare-dare au Cameroun, du ministre de la Défense qui séjournait aux Etats-Unis. Edgard-Alain Mebe Ngo’o a été reçu en audience hier matin par le président de la République, chef des armées, dans la foulée de ce retour précipité. Les limogeages survenus dans l’après-midi et la réunion d’état-major de l’armée pendant la même après-midi peuvent être les premiers effets de cette séance de travail entre Paul Biya et le Mindef.

Rodrigue N. TONGUE


30/07/2014
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