Les hommes en tenue se distinguent de plus en plus dans les buvettes au mépris des textes en vigueur en l’absence des sanctions de leur hiérarchie. C’est l’autorité de l’Etat qui en pâtit.
Nos hommes en tenue, comme on aime à les appeler trivialement se prennent de moins en moins comme tels au regard des comportements licencieux qu’ils affichent dans notre société. Il est devenu très courant et banal de les rencontrer assis dans des bars et buvettes de nos villes et villages, surtout en uniforme, en train d’ingurgiter des bières, des liqueurs fortes et quantité de choses semblables.
Au point qu’il ne serait pas excessif ni déplacé d’affirmer aujourd’hui que nos forces de l’ordre ont perdu la tenue. En tant qu’humain ayant des pulsions et des besoins divers, rien ne les empêche de les assouvir surtout si tout se passe selon les normes sociales et, dans leur cas, selon les dispositions réglementaires inhérentes à leur corps de métier. Que ce soit la police camerounaise, l’armée, les douanes, ces institutions de préservation de l’ordre public et de la sécurisation de l’intégrité territoriale du Cameroun ont adopté en interne, chacun en ce qui le concerne, des codes de bonne conduite et de déontologie.
C’est ainsi qu’au niveau des armées, le Règlement tout arme N°1 (RTA 1) du 06 novembre 1975 a été remplacé en Août 2007 par le Règlement de discipline générale. Il stipule qu’un militaire ou gendarme ne saurait se retrouver en tenue dans un bar qu’il soit en train de boire ou non. Qui plus est, en son article 1, le décret N°2001/190 du 25 juillet 2001, portant statut particulier des personnels militaires non officiers des forces de défense stipule que les fautes commises par les personnels non officiers les exposent à des sanctions administratives, disciplinaires ou statutaires. A la police, il est interdit aux éléments de boire ou de fumer dans les bars à l’exception des cantines appartenant à la Délégation générale à la sûreté nationale( DGSN).
Les contrevenants sont, en principe, exposés à un avertissement, un blâme, ou une suspension de trois mois. Mais hélas, les éléments des forces du maintien de l’ordre ne font plus cas de ces lois et multiplient des virées osées dans les bars. Certains n’hésitent pas à se trémousser au rythme des musiques enlevées sous le regard des curieux. Là où le bât blesse, c’est que ces nombreux manquements observés chez les hommes en tenue ne sont plus sanctionnés depuis belle lurette. Or ce qui donne force à toute loi ce sont les sanctions qui l’accompagnent.
Selon une source bien introduite à la DGSN, « Dans les années 2000 à 2004, la répression contre les policiers surpris en train de s’enivrer d’alcool dans les bars était active. Les contrôles étaient effectués par les éléments de la division du contrôle des services anciennement appelée Police des polices. Mais depuis il y a eu une sorte de relâchement et les autorités ont beaucoup plus axé leur attention sur la lutte contre la corruption. » Cet état de chose a favorisé la multiplication des bavures policières et d’exactions de toutes sortes perpétrées par les armées. La non application des codes déontologiques dans ces différents corps favorise l’effritement du capital d’estime dont doit jouir normalement n’importe quelle armée dans le monde.
On a remarqué amèrement que les contrôles de police et de gendarmerie se font très souvent aux abords des bars et que parfois les éléments des forces de l’ordre interpellent des véhicules au pas de course en sortant de ces lieux interdits. Certains chauffeurs donnent régulièrement des capsules gagnantes de bière aux policiers en contrôle quand ils n’ont pas les 1000FCFA requis pour corrompre. Il ne nous reste plus qu’à mettre un accent sur la question du civisme dans le cas de nos forces de sécurité. Pourquoi ne pas, comme au Gabon (15 juillet), instituer toute une journée nationale du civisme et une journée nationale du drapeau (09 août) vu l’état de déliquescence morale qui touche nos hommes en tenue en particulier.
Alain, le célèbre philosophe français du 20e siècle, a dit « Le civisme n’est jamais pour le voisin. C’est une affaire de tous dans l’intérêt de tous »